Le Sens D'une Oeuvre D'art Peut-Il Échapper À Son Créateur ?
Publié le 05/12/2010
Extrait du document
Introduction Nous sommes habitués à penser que le sens d’une oeuvre d’art est soumis à la diversité et à la relativité des jugements de goût. Cette thèse peut se réclamer d’un constat historique. L’âge classique méprisait les cathédrales gothiques dont le romantisme fit l’éloge. Pour autant, les romantiques ne se sentirent pas tenus d’obéir aux dogmes de l’Église catholique. N’est-ce pas la preuve que la signification est indépendante de la destination initiale de l’oeuvre ? Le créateur a beau être animé par certaines intentions, le fruit de son travail lui échappe puisqu’il entre dans le jeu sans fin des interprétations. Cette thèse est-elle cependant si évidente ? Une intention créatrice peut-elle disparaître alors qu’elle s’est matérialisée dans une oeuvre qui nous touche ? Pouvons-nous être émus sans avoir de points communs avec ce qui nous émeut ? L’éclaircissement de cette difficulté demande un examen du concept d’interprétation.
«
ses intentions.
Il s’adresse à nous par la médiation de son oeuvre, et celle-ci
s’anime au contact de son public.
« Le sens de ce que va dire l’artiste n’est
nulle part, ni dans les choses qui ne font pas encore sens, ni en lui-même,
dans sa vie informulée », écrit Merleau-Ponty dans Le Doute de Cézanne.
Le
sens n’est pas une chose fixe, mais la concrétisation d’un processus issu
d’une rencontre entre une oeuvre et un auditoire dont la nature change selon
les époques.
Cela permet de comprendre l’existence d’une diversité de significations
possibles pour une même oeuvre.
Approfondissons ce point afin d’apporter
une première réponse.
2.
La vie du sens
A.
La métamorphose
Les réflexions d’André Malraux sont centrées autour du concept de métamorphose
dans lequel il voit la vérité de l’oeuvre d’art.
Il s’étonne de la
résistance que certaines réalisations opposent au passage du temps.
Nous
savons bien que les civilisations sont mortelles.
Même les empires les plus
puissants se sont désagrégés.
Cela ne signifie pas que le passé n’a plus de
sens pour nous.
La science historienne se charge de dater, d’ordonner ces
témoignages selon la chronologie.
Nous pouvons connaître des faits, les
ordonner de manière intelligible, mais la connaissance ne les ressuscite pas.
L’époque étudiée est bel et bien révolue.
C’est pourquoi Malraux estime
qu’une oeuvre d’art est ce qui conserve une présence par-delà le passage
des siècles.
Monna Lisa est morte mais La Joconde continue de fasciner.
Elle ne sollicite pas seulement notre intelligence, mais possède une vie énigmatique.
Puisqu’un chef-d’oeuvre est ce à quoi on ne peut s’empêcher de
revenir, il est plausible de parler de métamorphose pour caractériser la
raison de sa vie intemporelle.
L’oeuvre est donc ce qui peut susciter un
nombre illimité d’interprétations, et être une source d’inspiration même si
elle traverse des périodes d’oubli.
Son pouvoir est fragile, mais invincible.
B.
« Le dialogue des résurrections »
Il ressort de cela que la variété des significations est inhérente à l’oeuvre
d’art quand un objet technique reste rivé à un usage défini.
Nous sommes
donc amenés à dire que le sens ne peut qu’échapper à son créateur.
Le
sens est même inséparable de ce mouvement par lequel une réalisation.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Sens de l'oeuvre d'art
- Si l'art ne sert pas à améliorer le sort de l'homme, quelle est sa néces¬sité ? A-t-on besoin de l'art pour vivre ? Son inutilité apparente n'est-elle pas en fait le signe même de ce qui fait l'homme, capable de se dépasser dans cet acte créateur désintéressé qu'est une oeuvre d'art ?
- CHASTEL, André (1912-1990) Docteur en philosophie, professeur d'histoire de l'art, il pratique une iconologie qui vise à découvrir le sens intérieur d'une oeuvre, en laquelle gît, selon lui, une véritable intuition métaphysique.
- Nature et sens de l'oeuvre d'art
- Le sujet représenté donne-t-il son sens à l'oeuvre d'art ?