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Le savoir exclut-il toutes formes de croyances?

Publié le 16/07/2005

Extrait du document

Voyons. Puisqu'il faut choisir, voyons ce qui vous intéresse le moins. (...) .Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter.

 

  • "SAVOIR": désigne ce qui est objectif et rationnel. Il y a le savoir mathématique, le savoir dans le domaine dessciences du réel, le savoir mathématique.

 

  • "CROYANCE": peut s'entendre en deux sens. Une opinion: je crois qu'il fera beau demain. La foi: je crois que Dieu existe.

 

« La raison peut nous incliner à choisir raisonnablement de vivre avec Dieu, même si on ne peut rationnellementprouver Son existence.

« Si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.

» Parier pourDieu, c'est se soumettre à l'Église, renoncer aux plaisirs vains et gagner le paradis.

La mise (les plaisirs vains) estdérisoire, comparée au gain possible.

Cependant, s'il est sûr que l'on mise, il est incertain que l'on gagne.

Pascalrépond que le pari s'impose.

Nous ne pouvons le refuser : dans tous les cas, je risque soit mes plaisirs terrestres,soit le salut ; je parie le fini contre l'infini. Il y a des questions auxquelles la raison ne peut apporter aucune réponse, en particulier, la question de l'existencede Dieu.

Même le savant le plus éminent, qui aurait parcouru toute l'étendu du savoir, ne peut y répondre.

Ildemeure cependant une solution raisonnable : celle du pari.

Nous avons en effet toutes les raisons de préférercroire en Dieu plutôt que de nier son existence selon Pascal. La croyance intervient ici là où la raison (du savant) rencontre un obstacle : la position de Pascal délimite deuxchamps qui n'interfèrent pas.

L'interpénétration de la croyance et du savoir reste impossible : il y a bien exclusion mutuelle des champs sur lesquels croyance et savoir ont droit d'affirmer des vérités.

Cependant il y a coexistence possible : « Votre raison n'est pas plus blessée » écrit Pascal.

Savoir et raison s'excluent donc bien mais sur le modede la complémentarité . II – Le savoir a-t-il besoin de croyance ? Cette complémentarité de deux sphères qui resteraient imperméables l'une à l'autre est-elle possible ? Dans le cadre du débat opposant l'explication par la cause finale (les choses sont faites pour telle ou telle fin, dansune perspective téléologique) et l'explication par la cause efficiente (perspective mécaniste), Kant, dans la Critique de la faculté de juger montre que, pour apporter une explication mécaniste, par exemple pour expliquer scientifiquement le fonctionnement de l'oeil oud'une aile d'oiseau, nous sommes d'abord obligés de « faire comme si » (selonles termes de Kant) l'explication était téléologique, c'est-à-dire, de fairecomme si l'oeil était fait pour voir, et l'aile pour voler. Plus généralement, toute explication scientifique par la cause efficiente (àtelle cause, il succédera tel effet) a besoin, pour ne pas avancer en aveugle,d'une explication par les causes finales (ceci est tel qu'il est, en vue de fairecela).

Nous sommes donc obligés de faire comme si la nature était finalisée(c'est-à-dire, fonctionnait en vertu d'un but, d'une fin).

Or être finalisé, c'ests'être vu assigné un but par quelqu'un, c'est donc être le produit d'uneintention .

Autrement dit, toute explication scientifique, rigoureuse, suppose pour pouvoir être élaboré que nous fassions comme si il existait un Dieu, unordre du monde, des âmes. Ce geste du « faire comme si » décrit par Kant est une forme de croyance :pour pratiquer les sciences et élaborer des savoirs, nous sommes obligés decroire en un ordre du monde.

Par conséquent, le savoir n'exclut pas lacroyance.

Au contraire, il fonde la possibilité de son élaboration sur unecroyance sans que sa propre objectivité soit mise en cause.

En effet faire« comme si », c'est justement ne pas se prononcer sur la vérité ou fausseté de ce qu'on affirme.

Le savoir n'exclut dans cette perspective la croyance que quant à l'objectivité qu'elle pourraitprétendre avoir.

(Kant en effet, a bien montré dans la Critique de la raison pure , qu'il était impossible d'élaborer des savoirs au-delà de l'expérience.

En particulier, ce qui relève de la croyance, par exemple en l'existence de Dieu, depeut jamais être objectif) Citation : « Je dus donc abolir/mettre de côté le savoir afin d'obtenir une place pour la croyance » / « Ich musste das Wissen aufheben, um zum Glauben Platz zu bekommen » Cette citation est extraite de la préface à la seconde édition de la Critique de la Raison Pure de Kant – en AK III, 19.Le fait que Kant souligne dans le texte les deux notions « savoir » et « croyance » nous invite à nousinterroger sur la nature du rapport entre ces deux notions : radicale opposition, complémentarité, exclusion.

Lesavoir exclut-il la croyance ? La croyance exclut-elle le savoir ?La traduction de aufhebe n par abolir peut naïvement laisser entendre que Kant accorde un primat à la croyance au point d'abolir, de mettre fin aux prétentions du savoir.

Cependant la pensée kantienne est pluscomplexe.

Qu'entend Kant par mettre de côté le savoir ? Il faut y voir une entreprise de limitation desprétentions du savoir.

Le savoir est limité à la sphère phénoménale, autrement dit à ce qui nous apparaît.

Kanten distinguant le phénomène de la chose en soi limite strictement le savoir aux phénomènes qui sont soumis audéterminisme, à une stricte causalité.

Cette limitation qui est le but de la Critique de la Raison pure laisse donc une place pour la croyance.

Relève de la croyance tout ce qui n'est pas à la portée de la science, en d'autrestermes tout ce qui n'est pas de l'ordre de la pensée scientifique qui n'atteint que des objets construits par lesujet lui-même.

On ne peut à proprement parler de ce qui est de l'ordre de la croyance que négativement.Séparer savoir et croyance s'explique dans la philosophie kantienne par le dualisme entre intelligible /phénoménal.

L'homme ne peut connaître que le phénoménal ; mais il peut croire en l'intelligible.

Il n'y a pas de. »

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