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Le savoir constitue-t-il la fin de la pensée ?

Publié le 05/11/2005

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Pour Bachelard, le problème de la connaissance scientifique se pose en terme « d'obstacles épistémologiques ». On connaît contre une connaissance antérieure, en détruisant les connaissances mal faites. L'histoire du développement de la science est donc celle de refontes successives du savoir, de réfutations des thèses courantes au profit de nouvelles incompatibles les précédentes. Le progrès ne saurait être cumulatif pour cet épistémologue, car les connaissances anciennes doivent être considérées comme obsolètes pour laisser place aux nouvelles, pour laisser émerger de nouvelles pensées, et faire progresser la connaissance.  Le savoir figé dans un dogmatisme est un frein à la pensée, il nous enferme dans une vision unilatérale. - C'est donc la transmission dogmatique du savoir qui constitue la fin de la pensée. Le savoir, parce qu'il est imposé, fait autorité et ne supporte pas la critique. Il devient le seul référent, et formate la pensée, la modélise, l'uniformise. Si le savoir nous est enseigné sans que nous ayons pris la peine de le rechercher par notre propre pensée, alors il n'est plus la peine de penser, mais il suffirait de se contenter d'apprendre, d'ingérer les connaissances, en s'en remettant à la seule parole dogmatique de celui qui le professe (l'expert, le chercheur, l'enseignant). - Transmettre un savoir, ce n'est pas apprendre à penser.

Le savoir, c’est la connaissance des choses du monde qui nous entoure, de théories, d’idées, de pensées. Si le savoir réside d’abord dans ce qui est donné et observable, on a coutume de considérer que le savoir s’obtient aussi par l’exercice de la pensée et de la réflexion, au sein des diverses disciplines théoriques telles que les sciences, l’histoire, la sociologie, la philosophie, etc. Il apparaît alors paradoxal de suggérer que le savoir pourrait constituer la fin de la pensée, quand cette dernière semble en être le fondement ! Et pourtant, justement si la pensée permet d’obtenir le savoir, on peut comprendre qu’une fois ce dernier obtenu, la pensée s’arrête. Si le savoir constitue la fin de la pensée, cela signifie-t-il que la pensée n’est utile qu’au savoir ? La pensée n’a-t-elle d’autre fin que le savoir ?

« certaines choses ayant été posées, quelque chose d'autre qu'elles résulte nécessairement de leur vérité, sans qu'ilsoit besoin d'aucun terme en dehors » ( Premiers analytiques , 24 b 18-22 ; Topiques , 100 a 25-27).

Pour Aristote, les principes dont découlent les syllogismes démonstratifs sont des définitions, des principes ou des axiomes, c'est-à-dire des universels, des pré-savoirs d'où découle tout type de savoir.

Il entend ainsi que la science procèdetoujours d'un pré-savoir.

Pour Aristote la pensée scientifique résulte d'un système déductif fondé sur des prémissespremières non démontrées et constitué d'un nombre fini de déductions de forme syllogistique.

Le savoir est donc auprincipe même de la pensée.- On retrouve cette idée chez Kant dès l'introduction de la Critique de la raison pure , dans laquelle il explique que « toute connaissance commence avec l'expérience ».

Il faut donc un fait empirique au départ pour permettre à lapensée de se développer, un savoir préexistant pour venir nourrir la réflexion conceptuelle.

En effet, selon ladoctrine kantienne, la sensibilité reçoit les objets donnés par l'expérience pour en fournir l'intuition, au service de lapensée.

3ème partie : Le savoir met en branle la pensée : plus l'on acquiert de savoir, plus on désire en posséder davantage.

- « Je ne sais qu'une seule chose, c'est que je ne sais rien », disait Socrate.

Ce « non-savoir », le constat de sonignorance, constitue pour Socrate le point de départ de la spéculation philosophique.

L'homme doit être conscientde son savoir actuel (quand bien même il serait nul) pour mettre en œuvre sa recherche vers un plus ample savoir,pour activer sa pensée.

Cette phrase est attribuée à Socrate par son disciple Platon .

On en trouve la source dans l' « Apologie de Socrate » qui narre le procès intenté à Socrate par la ville d'Athènes alors que notre homme était âgé de 70 ans. Dans ce beau texte, Platon fait le récit de la vocation philosophique de son maître et des raisons véritables de son procès.

On y voit Socrate enquêtant auprès de ses concitoyens pour savoir pourquoi l'oracle de Delphes l'avait déclaré le plus sage des hommes.

Il s'attire ainsi des inimitiés qui amènent sacondamnation à mort.

Socrate est en quelque sorte le patron des philosophes, au point que l'on appelle « présocratiques » les penseurs antérieurs, comme si Socrate était l'origine de notre calendrier philosophique, à la façon dont Jésus-Christ l'est de notre ère.

Or, Socrate , que l'on considère encore aujourd'hui comme « le plus pur penseur de l'Occident » ( Heidegger ), est un personnage qui n'a rien écrit, dot toute l'activité s'est concentrée sur le dialogue avec sesconcitoyens.

Les renseignements que nous avons concernant sa vie et sapensée proviennent donc essentiellement de ses deux principaux disciples,Xénophon et surtout Platon . La déclaration de Socrate : « Je sais que je ne sais rien » est une pièce centrale de son procès.Ce procès, qui allait voir la condamnation à mort de l'homme « le plus sage et le plus juste », n'est pas seulement resté comme un exemple du courage de l'homme face à la mort, comme un exemple du juste injustement persécuté.

Il n'a pas seulement alimenté lesparallèles avec la fin de Jésus ; il a signé le divorce entre la philosophie et la politique.

Qu'une cité comme Athènes,démocratique et respectueuse des lois, ait pu commettre un pareil crime, une telle injustice, cela allait détournerPlaton de la politique, et plus fondamentalement entraîner la conviction que : - les affaires humaines et notamment la politique sont indignes et de peu de prix. - Puisqu'antagonisme il y a entre le philosophe et la cité, et que la dernière persécute le premier, il n'y aurait de cité bien organisée et de philosophie possible dans la paix « que quand les philosophes seront rois et les rois philosophes ». On trouve la phrase étudiée dans le contexte suivant : Socrate explique que l'un de ses amis était allé à Delphes demander à l'oracle s'il y avait un homme plus sage que Socrate , et la réponse fut non. Socrate se trouve alors confronté au sens des paroles du dieu, car, s'il ne se croit pas lui-même sage, il ne peut remettre en cause les paroles d' Apollon .

Il décide alors de se livrer à une enquête auprès de tous les hommes sages ou prétendument tels de sa ville : les hommes d'Etat, puis les poètes, puis les artisans.

Dans tous les cas, laconclusion de Socrate peut se résumer ainsi : « Je suis plus sage que cet homme-là.

Il se peut qu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon ; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plussavoir.

Il me semble donc que je suis un peu plus sage que lui par le fait même que, ce que je ne sais pas, je nepense pas non plus le savoir. » Il faut prendre au sérieux cette définition d'une sagesse « toute humaine », et la relier à son art du dialogue et à sa conception de la philosophie.

Socrate , interrogateur infatigable et grand « bousilleur » d'idées reçues, tente toujours de dénoncer les idées toutes faites, les clichés, bref l'illusion de savoir.Socrate , dialoguant avec ses concitoyens, ne cherche pas à leur délivrer une vérité préfabriquée qu'il ne possède d'ailleurs pas.

Il cherche à mettre en évidence l'insuffisance de réponses traditionnelles, et à retrouver avec son. »

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