Le roman d'Émile Zola
Publié le 15/03/2015
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La dramaturgie de la folie
La fêlure d'Adélaïde, principe de dégénérescence de la famille, ne donne pas lieu au tableau clinique de l'hystérie. Une dramaturgie shakespearienne anime la grande crise où l'ancêtre, au premier volume du cycle, dit la vérité du monde dans son délire. Sorcière et voyante, elle ouvre des yeux hallucinés sur les crimes des Rougon et sur le Second Empire, « une meute d'appétits lâchés et assouvis, dans un flamboiement d'or et de sang «. Abîmée dans la folie, elle sortira de son néant au dernier volume, assistant « comme un spectre de l'épouvante et de la douleur à l'agonie de son arrière-petit-fils, hémophile, vidé de son sang.
Le carnaval darwinien
Prophète des « appétits lâchés «, Tante Dide annonce la lutte darwinienne pour l'existence qui fait rage sous le Second Empire. Mais le modèle darwinien prend des allures de fantasmagorie grotesque sous la plume de Zola : la bataille des gras et des maigres, qui sous-tend le drame du Ventre de Paris, est aussi la bataille bruegelienne de Carnaval, incarné par le pansu Quenu armé de sa broche à rôtir, contre Carême, incarné par le blême Florent au milieu de la fête des cochonnailles.

«
E X P 0 S É S F C H E S
nesque: le cycle s'achève dans Le Docteur Pascal sur la totalisation que tente le
double du romancier, qui voit se tarir un à un les rameaux de l'arbre généalogique
patiemment dressé.
Mais l'arbre est aussi la matrice génétique de toutes les féeries
végétales qui envahissent l'espace des
Rougon-Macquart: végétations maléfiques
du cimetière dans La Fortune, arborescences fantastiques de la serre dans La Curée, luxuriances du Paradou dans La Faute de l'abbé Mouret.
La dramaturgie de la folie
La fêlure d'Adélaïde, principe de dégénérescence de la famille, ne donne pas
lieu au tableau clinique de l'hystérie.
Une dramaturgie shakespearienne anime la
grande crise où !'ancêtre, au premier volume du cycle, dit la vérité du monde dans
son délire.
Sorcière et voyante, elle ouvre des yeux hallucinés sur les crimes des
Rougon et sur le Second
Empire,« une meute d'appétits lâchés et assouvis, dans
un flamboiement
d'or et de sang».
Abîmée dans la folie, elle sortira de son néant
au dernier volume, assistant« comme un spectre de l'épouvante et de la douleur»
à l'agonie de son arrière-petit-fils, hémophile, vidé de son sang.
Le carnaval darwinien
Prophète des « appétits lâchés », Tante Dide annonce la lutte darwinienne pour
l'existence qui fait rage sous le Second Empire.
Mais le modèle darwinien
prend
des allures de fantasmagorie grotesque sous la plume de Zola : la bataille des
gras et des maigres, qui sous-tend le drame du
Ventre de Paris, est aussi la bataille
bruegelienne de Carnaval, incarné par le pansu Quenu armé de sa broche à rôtir,
contre Carême, incarné par le blême Florent
au milieu de la fête des cochonnailles.
Thermodynamique et poétique de la machine
Comme ceux de la biologie, les modèles zoliens de la thermodynamique plon gent leurs racines aux sources du mythe.
La machine à vapeur qui défie l'espace
et Je temps dans La Bête humaine, qui rythme l'extraction du charbon dans Germi
nal, réactive les fantasmes terrifiants de l'enfance et des forces occultes de la na
ture : dans son agonie,
la machine de Germinal, disloquée sur son massif, se met à marcher, détendant sa bielle comme un genou de géante avant d'expirer, engloutie
par le gouffre.
Celle de La Bête humaine entraîne les hommes à la guerre, qui
habille des oripeaux de l'histoire les lois naturelles de la lutte darwinienne.
Une optique impressionniste
Ces images, conformément à l'optique naturaliste, correspondent au regard des
personnages, qui voient le monde
à travers leur tempérament et leur culture, sa
vante ou populaire.
Mais Zola est personnellement fasciné par l'optique qui inspire
ses amis peintres.
La gamme de ses couleurs, la dissolution des formes, ses mises
en page acrobatiques donnent
à ses descriptions la modernité de l'impression
nisme.
Conclusion.
Comme le pensait Mallarmé, seul Zola a su proposer une vé
ritable poétique de
la science qui donne au naturalisme la force et la vita-
lité dionysiaques des grands mythes.
·.
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