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Le rôle du remords dans la vie morale ?

Publié le 22/03/2004

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morale
Le sentiment de l'infériorité morale va quelquefois jusqu'à engendrer chez le malade des idées de culpabilité : il est un grand coupable, la honte de l'humanité ; par ses fautes et ses crimes, il n'a que trop mérité l'inévitable châtiment qui le menace et les tortures intolérables que lui cause sa conscience. III. - Valeur morale du remords. L'analyse psychologique du remords nous a permis de constater que ce sentiment est essentiellement variable ; il semble en résulter qu'il n'a aucune valeur morale. Ce serait trop vite conclure; et pour déterminer sa vraie valeur, il faut encore examiner les différentes façons dont on peut le concevoir. 1° La morale traditionnelle voit dans le remords la plus complète des sanctions terrestres, en ce sens qu'il atteint les actions les plus secrètes, et même les désirs et les simples pensées mauvaises. On semble poser en principe que le remords est la voix: de la nature, de l'instinct, l'expression môme d'une volonté divine. - Cette conception est insuffisante, puisque l'examen, que nous avons fait plus haut nous a montré la relativité et le manque de proportionnalité du remords, ce qui empêche ce sentiment d'avoir la valeur d'une sanction parfaitement adéquate. 2° Les évolutionnistes et les sociologues font du remords la conséquence d'un manque d'adaptation au milieu physique ou social ; c'est la suite nécessaire de la non-observation des impératifs moraux issus de la conscience collective (Durkheim), il a pour but d'empêcher l'égoïste intelligent de séparer sa destinée de celle de ses semblables dont il est solidaire. - On peut sans doute admettre que, parmi les facteurs constitutifs du remords, se trouve un élément social, et que la peur d'une réprobation de nos semblables ajoute encore à l'acuité de ce sentiment ; mais peut-on accepter sans restriction cette thèse sociologique d'une société créatrice des notions morales ?
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« « On croit généralement que toute faute, de sa nature, entraîne dèsici-bas sa propre punition.

Mais cette croyance contient une méprisemanifeste.

L'homme vertueux prête ici au méchant son proprecaractère; il lui suppose cette extrême délicatesse de conscience quichâtie la moindre étourderie, la moindre contravention aux loismorales avec d'autant plus de sévérité que l'on est plus vertueux.Seulement, si cette supposition est fausse, si la conscience manque,les crimes commis n'ont plus ni juge, ni bourreau; et pourvu qu'iléchappe aux répressions extérieures de ses méfaits, le coupable se ritde la crainte des reproches intérieurs qui font le tourment deshonnêtes gens.

Si pourtant il arrive parfois au méchant de s'adresserquelques légères remontrances, la conscience n'y a aucune part, ouc'est qu'il lui reste encore un peu de conscience.

Mais, dans ce derniercas, les remords sont largement compensés par le plaisir que luiprocurent les sens et qui est le seul à avoir pour lui quelque saveur.

» KANT Dans les Fondements de la métaphysique des moeurs, Kant examine leproblème de l'action morale.

Agir moralement, c'est obéir à la loi morale parpur respect de cette loi, sans aucun désir subjectif extérieur à elle.

Mais quepenser de celui qui enfreint ces valeurs morales, qui n'y obéit pas ? Le concept de faute peut-il être pensé par tous, par toutes les consciences, comme nécessairement etessentiellement relié à la notion de punition intérieure, de remords? C'est le problème que pose Kant dans cetextrait.

Le texte est construit d'une façon rigoureuse (« seulement », « Si pourtant ») qui permet de suivre leraisonnement.Kant émet une proposition : « On croit généralement que toute faute, de sa nature, entraîne dès ici-bas sa proprepunition » – qu'il critiquera et dont il montrera les conséquences, à supposer qu'elle soit fausse.Dès la première phrase, Kant exclut la dimension métaphysique du problème de la faute,, exclut tout ce qui estcroyance religieuse (grâce divine, enfer qui représente la punition par excellence).

En effet il dit, et c'est importantpour comprendre la suite du texte : « toute faute, de sa nature, entraîne dès ici-bas sa propre punition ».

Kantpose donc l'homme face à lui-même, face à sa conscience, face à sa liberté.La notion de faute n'est-elle pas, en fait, uniquement pensée par « l'homme vertueux »? Quelles sont les conditionsqui permettent que « toute faute entraîne, par sa nature, sa propre punition »? Celui qui a commis une faute, pouren être puni, doit en fait passer par trois stades : d'abord avoir conscience de sa faute, puis reconnaître sa fauteen tant que telle et enfin en accepter les conséquences, et en particulier la punition.

C'est tout cela que Kantappelle « la délicatesse de conscience ».

Or, comment le « méchant » pourrait-il posséder cette qualité puisque, leplus souvent, comme le dit Kant, la conscience morale lui manque ?Donc, puisque le « méchant » ne peut connaître de reproches intérieurs, puisqu'il ne peut pas reconnaître sesfautes, et que, pourtant, cette idée de faute qui contient sa propre punition existe, c'est que c'est de l'hommevertueux que vient cette proposition et que, par suite, elle est appliquée à l'homme qui a commis une faute.Que devient alors la justice, si la justice morale disparaît ? En effet, s'il existe des hommes qui n'ont pas deconscience morale, qui acceptent que toute faute n'entraîne pas nécessairement sa propre punition, c'est-à-dire quine se font pas de reproches intérieurs, alors leurs actes ne peuvent plus être jugés moralement et l'unique souci deces hommes est d'échapper aux « répressions extérieures de leurs méfaits », c'est-à-dire, d'échapper à la justicerépressive.En effet, quels autres moyens les hommes ont-ils pour juger des crimes commis quand l'homme ne sait plus se jugerlui-même ? Car lorsque Kant dit « si la conscience manque, les crimes commis n'ont plus ni juges, ni bourreaux »,c'est à la justice exercée sur soi-même qu'il pense.

En effet, l'homme peut savoir quand il agit moralement et quandil ne le fait pas, et donc il est capable de juger de ses actes.Kant, pour cela, fait intervenir deux notions, celle de maxime et celle de loi.

La maxime est le principe subjectif duvouloir, tandis que la loi morale est le principe objectif du vouloir.

C'est-à-dire que pour qu'une action soit morale, ilfaut que l'on puisse ériger la maxime en loi : une maxime morale est une loi.

Donc, dire que la conscience manque,c'est dire que l'homme ne cherche pas à juger de ses actes, à se demander sans cesse si telle ou telle action estbien conforme à la loi morale.

Ainsi l'homme se laisse entraîner par tous ses désirs subjectifs, ne cherche pas, par laraison, à dominer toutes ses pulsions et ne peut pas comprendre, par conséquent, « les reproches intérieurs qui fontle tourment des honnêtes gens ».Pour Kant, le principe essentiel de l'action morale est l'autonomie de la raison pratique.

C'est-à-dire qu'est libre celuiqui obéit aux lois morales qu'il a acceptées.

Kant disait : « Je suis obligé, donc je suis libre ».

C'est pourquoi les «honnêtes gens » essayent de garder leur liberté en ne se laissant pas aller à une vie soumise aux sentiments etc'est pourquoi, pour eux, les reproches intérieurs sont des tourments.Kant, cependant, en partant de l'expérience comme il le fait toujours pour bâtir ses raisonnements, pour mieuxcomprendre, a remarqué que même les méchants parfois s'adressent « quelques légères remontrances ».

Alors,comment interpréter cette réaction ? Est-elle pure mauvaise foi ou le « méchant » a-t-il encore suffisamment deconscience, d'esprit critique sur lui-même, de lucidité, pour apprécier, juger, dans une certaine mesure, de sesactes ? Pour Kant, cette attitude paraît plutôt être considérée dans une attitude générale de l'homme qui faute.

Eneffet, comment pourrait-il être à la fois « honnête » et « méchant »? ou même « méchant » puis « honnête »? Cesremontrances paraissent être plutôt l'alibi d'un homme de mauvaise foi.En effet, dans les dernières lignes du texte, Kant cherche à nous faire sentir que les remords d'un « méchant » ne. »

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