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Le rôle de l'historien est-il de juger ? (Bac philo - TES)

Publié le 19/06/2010

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· Eléments de définition ® Jugement = du latin judicare « dire le droit, porter un jugement «. Pouvoir ou faculté de juger, « d'affirmer ou de nier «, « distinguer le vrai d'avec le faux « - Syn. de « raison « ou de « bon sens « (chez  Descartes) -, d'évaluer ou de porter des appréciations en divers domaines. Chez  Kant, il s'agit de la faculté intermédiaire entre l'entendement et la raison, en laquelle consiste l'opération de même de penser : « subsumer « le particulier sous le général, le sujet sous le prédicat, ramener le divers à l'unité. C'est, en une sens plus général, l'opération cognitive qui consiste à mettre en rapport deux concepts, à affirmer ou nier le rapport d'un prédicat à un sujet. Juger est donc un acte de la raison qui prend position sur la réalité en mettant en rapport deux concepts au moins, ou un individu et un concept. On distingue entre un jugement de fait ou de réalité, qui vise à décrire ce qui est, et jugement de valeur, qui porte une appréciation sur ce qui est. ® Histoire = étymologiquement « enquête, recherche «, chercher à savoir, rapporter ce qu'on sait. Transformation dans le temps des sociétés humaines ; succession des états par lesquels passe une réalité. Mais aussi, discipline scientifique qui est l'étude de l'histoire en ce premier sens et qui a pour objet sa reconstitution et son explication. ® Rôle = ensemble plus ou moins rigide des gestes et attitudes requis pour l'exécution d'une fonction ou la conformité à un statut. Le rôle correspond ici à une attente sociale. Replacer de notre perspective c'est la fonction réelle de l'historien par rapport à sa discipline (et a fortiori par rapport aux autres domaines )qui est mise à la question.

« Plan I- L'historien ou le juge du passé · L'historien doit mettre en jeu sa subjectivité.

Mais il ne s'agit pas de n'importe quelle subjectivité, mais de celle de l'oubli volontaire de soi et d'ouverture à l'autre : la sympathie,cette « affinité prévenante pour l'autre » (Max Scheler, Nature et forme de la sympathie ) · Le rôle de l'historien est donc bien comparable à celui du juge.

La recherche sur la passé l'oblige à faire des choix en ce qui concerne un certain nombre de valeur.

En ce sens,l'histoire est toujours un certain point de vue sur la réalité.

L'historien juge de la valeur de telou tel événement. · Prenons l'exemple du coup d'Etat du 2 décembre 1854.

Les archives montrent que l'événement n'a pas eu, à l'époque, un impact fondamental.

Pourtant, les historiens traite cefait précisément comme un événement, il estime que c'est à partir de là notamment que lasociété a pris une nouvelle forme, et que cela a été, avec le recul, déterminant.

Le rôle del'historien est donc bien de juger de la valeur de tel ou tel événement et de les fairecorrespondre entre eux selon une échelle de plus ou moins grande importance. · De la même manière, le rôle de l'historien est aussi d'être juge mais dans un tout autre sens : prenons l'exemple de l'holocauste.

L'historien est là pour reconstituer les faits passéset de nous donner les éléments pour condamner ce qui s'est passé.

Le rôle de jugequ'endosse l'historien est une des garanties qui fait qu'on peut apprendre quelque chose dupassé : il est alors le garant d'une certaine moralité du passé, ou au contraire d'uneimmoralité du passé qui tend à le faire condamner (et donc, a fortiori, à le prévenir dans lefutur) II- L'impératif d'objectivité et de distanciation · Cependant, dans cette perspective, si c'est l'historien qui est proprement le juge du passé alors il n'y a certainement aucune objectivité possible.

Et qui dit manque d'objectivité,dit manque d'impartialité.

Or le propre même du juge est de rester impartial, de pas trancheravant d'avoir tous les éléments, ne pas constituer un dossier à charge.

Le rôle de l'historienest bien plutôt celui de l'enquêteur, bien moins que celui du juge (celui qui reçoit le rapportde l'historien exerce, en droit, la véritable fonction de juge).

On retrouve ici l'étymologie :synonyme d'information, d'enquête. · On peut ainsi prendre l'exemple de Thucydide, avec L'histoire de la guerre du Péloponnèse, qui réalise un véritable effort pour dégager un principe d'intelligibilité de part son souci d'exactitude et de documentation approfondie.

Il vise une « histoire authentique »,observe une approche critique envers les apparences en vue d'être le plus objectif qu'onpuisse l'être dans le domaine des sciences humaines. · Le rôle de l'historien est donc bien moins de se faire juge que de présenter un dossier détailler afin que l'on puisse, à partir de là, juger de la valeur de tel ou tel fait historique parnous-même. · Le rôle de l'historien se précise par rapport au statut de la discipline elle-même. L'historien ne connaît le passé que par des traces ; il lit les textes écrits à l'époque qu'ilétudie, il répertorie et analyse ce qu'il reste du passé, monuments, oeuvres d'art ou objetsd'usage courant.

L'historien reconstruit le passé pour le rendre intelligible, mais il ne le faitpas à sa fantaisie : il réalise une adéquation entre ses documents et ses hypothèses.

Lavérité historique résidera donc surtout dans la cohérence et dans la force explicative del'interprétation.

Il est l'interprète du passé, il nous offre les clés nécessaires à ce qu'on. »

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