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« Le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès » Henri Bergson, Le Rire, essai sur la signification du comique ?

Publié le 27/02/2008

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bergson

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Cette citation de Bergson est extraite du dernier chapitre du Rire. Dans ce texte, Bergson a cherché à déterminer les procédés de fabrication du risible et l’intention de la société quand elle rit. Or il s’agit pour nous ici de comprendre le sens même de ce rapport entre le rire et la maladie, ce rapport entre le social et le naturel mais aussi entre ce châtiment et la manifestation de joie qui accompagne le rire. Dès lors c’est aussi chercher à comprendre le rire dans son fonctionnement, son intention et ses mécanismes mais surtout le lien qu’il entretient avec la nature. Il s’agit donc pour nous de préciser le sens même du vocabulaire bergsonien mais pas seulement. L’entreprise n’est pas seulement définitionnelle mais aussi interprétative. L’objet même de cette citation implique nécessairement à mise à jour des thèses sous-jacentes à la formulation même de cette citation. C’est donc bien d’une œuvre de commentateur qu’il faut réaliser.

            Si donc le rire se comprend comme un châtiment comme la maladie (1ère partie), faut-il aussi comprendre sa vertu curative et sociale (2nd partie), ainsi que les limites et les implications du rapport rire – nature (3ème partie).

 

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« b) En effet si le rire peut être comparer par analogie à la maladie c'est bien que l'objet du rire, le défaut, c'est qu'ilest une maladie social dont il faut trouver le remède avant que le ver ne contamine la totalité du fruit.

Et c'est bience que Bergson a noté dès le début de l'ouvrage puisque que dans le I du chapitre I, portant sur le comique engénéral, Bergson nous dit : « Pour comprendre le rire, il faut le replacer dans son milieu naturel, qui est la société ; il faut surtout en déterminer la fonction utile, qui est une fonction sociale.

Telle sera, disons-le dès maintenant,l'idée directrice de toutes nos recherches.

Le rire doit répondre à certaines exigence de la vie en commun.

Le riredoit avoir une signification sociale.

» ( Le Rire ).

En effet, et cela est perceptible notamment dans les Deux sources de la morale et de la religion .

L'ordre social passage notamment par le langage, mais aussi toutes les formes d'association dont le rire.

C'est sous cette forme que se développe principalement l'ordre social.

En effet, « Lecomique naîtra […] quand les hommes réunis en groupe dirigeront tous leur attention sur un d'entre eux, faisanttaire leur sensibilité et exerçant leur seule intelligence » ( Le Rire ).

Or l'intelligence est d'ordre pratique et sociale. c) Mais bien plus si le rire peut se considérer comme une maladie c'est que lui-même est naturel.

Plus exactement,comme le montre Bergson dans le Rire , « le rire est simplement l'effet d'un mécanisme monté en nous par la nature, ou, ce qui revient à peu près au même, par une très longue habitude de la vie sociale ».

C'est sur ce rapportde la naturalité et de la sociabilité que peut se fonder l'analogie entre le rire et la maladie.

Autrement dit, pour nousl'habitude fonde une seconde nature.

Il faut dès lors voir que le rire est un moyen de la nature dont elle se sertalors afin de garantir un ordre pérenne.

En ce sens, parler du rire comme d'un châtiment et d'une maladie c'est poserune thèse ontologique.

Transition : Ainsi le rire qui est un poison pour celui qui le subi ; il est aussi pour lui un remède à un défaut, un excès.

Le rire adonc une vertu curative non seulement extérieurement en vue du lien social ce qui fait de lui un gardien de l'ordresocial, mais aussi intérieurement, c'est-à-dire en vue de notre propre amélioration en fonction d'attente normativesociale.

Pourtant, parler du rire comme d'une maladie c'est aussi poser une thèse ontologique, mais aussi voir lalimite même de cette analogie et celle du rire.

III – Limites de la vertu « rieuse » ou comique a) En effet, le rire lui-même comme la maladie même si il peut être un facteur de justice social n'en reste pas moinspas essentiellement juste.

Pour que le rire soit toujours juste il aurait fallu que le rire soit le fait d'un acte deréflexion.

Or le rire ne procède pas de cet acte de réflexion.

Il est un acte naturel ou le fruit d'une habitude.

C'esten ce sens qu'il est rapide, direct ou comme le dit Bergson dans le Rire : « riposte du tac au tac ».

En effet, le rire ne tombe pas toujours juste.

Il n'est jamais absolument juste.

Et cela d'autant plus que tel n'est pas son but.Intimider et humilier ne sont pas des actes de justice.

Or tel est bien l'objet du rire.

De plus il repose d'une certainemanière sur un égoïsme du rieur dans la mesure où « le rieur entre tout de suite en soi, s'affirme plus ou moinsorgueilleusement lui-même, et tendrait à considérer la personne d'autrui comme une marionnette dont il tient lesficelles.

Dans cette présomption nous démêlerions d'ailleurs bien vite un peu d'égoïsme, et, derrière l'égoïsme lui-même, quelque chose de moins spontané et de plus amer, je ne sais quel pessimisme naissant ».b) Cela signifie que le rire n'est possible que dans la mesure où l'homme conserve une partie de sa méchancetéintrinsèque.

En ce sens, il est de la plus haute que l'homme n'eût pas été parfait pour vivre en société ou qu'il puissecomplètement se moraliser.

En effet, le rire est avant tout une correction.

Or celle-ci suppose un correcteur quiaussi bon soit-il, doit posséder une part de méchanceté pour accomplir sa tâche.

Le rire est humiliant : unepersonne parfaitement bonne ne pourrai s'y résoudre.

C'est en ce que Bergson note dans le Rire que « si la nature n'avait laissé cet effet, dans les meilleurs d'entre les hommes, un petit fonds de méchanceté, ou tout au moins demalice ».c) C'est pourquoi comme la maladie, le rire frappe aussi des innocents et épargne aussi des coupables.

La questionn'est pas les cas individuels mais bien l'ensemble du groupe.

Du point de vue de la maladie, il s'agit de l'espècebiologique, pour le rire : le groupe social de la communauté des individus.

La question est donc essentiellement celled'une justice sociale moyenne.

Or si cela est possible c'est que la nature est elle-même actrice dans le rire.

Plusexactement « la nature a utilisé le mal en vue du bien ».

Le rire repose donc essentiellement chez Bergson sur une thèse ontologique voire métaphysique que l'on retrouve dans Les deux sources de la morale et de la religion . Conclusion : Si « le rire châtie certains défauts à peu près comme la maladie châtie certains excès » cela signifie que lerire est une punition mais aussi un remède : il est donc un « pharmacon ».

Le rire a une vertu socialisante.

Il est un. »

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