Le respect de la vie d'autrui n'est il justifié que par l'intérêt commun?
Publié le 06/01/2005
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Une société ne peut pas subsister sans que la vie de chaque citoyen soit protégée. L’absence de protection fait que chaque individu s’isole, ce qui est synonyme de la fin de toute société. Cependant dire que le respect de la vie d’autrui est nécessaire à la société est-ce la même chose que de dire que ce respect n’est dû qu’à l’intérêt commun ? L’intérêt commun exige que la vie d’autrui soit respecté, pour autant ce respect n’a-t-il que l’intérêt commun comme source ? La vie de tout être est-elle seulement un moyen ? Si la vie d’autrui est un moyen en vue d’une fin, alors il faut que son respect vienne de quelque chose d’autre qu’elle-même. Par contre si on considère la vie d’autrui comme une fin en soi alors il n’est pas nécessaire d’invoquer autre chose afin de faire respecter la vie d’autrui. Le problème est donc de savoir si la vie d’autrui ne serait pas en elle-même objet de respect.
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KantPour Kant ce qui est moyen en vue d'une fin est ce qu'il appelle un impératif hypothétique.
Par exemplesi je possède une planche de deux mètres et que je veux une planche de un mètre cinquante, on diraque le fait de couper cette planche est un impératif hypothétique.
Couper cette planche est ce que jedois faire si mon but est d'avoir une planche de un mètre cinquante.
On voit que l'action de couper cetteplanche est un moyen en vue d'une fin.
Je ne coupe pas cette planche juste pour la couper ; je la coupeparce que c'est nécessaire au but que je me suis proposé.
Ici la fin proposée est d'avoir une planche deun mètre cinquante, cette fin Kant la qualifie de « problématique » cela signifie que cette fin est possible,mais que tous les êtres humains ne se proposent pas une telle fin.
Le bonheur est une fin« assertorique » au sens où tout être humain veut le bonheur, parmi les différentes fins il y en a qui sontdonc contingentes et d'autres nécessaires.Mais pour Kant il y a des choses qui ne sont pas simplement des moyens en vue d'une fin.
Il y a deschoses qui méritent d'être faite indépendamment de toute autre chose, des choses qui doivent êtrefaites pour elles-mêmes et pas pour une fin autre qu'elles-mêmes.
Il s'agit ici d'impératif catégorique etpas hypothétique.
Hypothétique signifie que telle chose doit être faite si on s'est donné telle fin, lemoyen est subordonné à la fin.
Catégorique signifie que la chose n'est pas un moyen en vue d'une fin,et qu'en elle-même elle mérite d'être faite.
La vie d'autrui fait partie de ce genre d'impératif.
La vied'autrui est respectable en soi.
Les êtres humains sont des sujets raisonnables, en tant que tels ils nepeuvent pas être envisagés comme de simples moyens, ils doivent être considérés comme des fins ensoi.
On ne peut pas considérer un homm e seulement comme un moyen, car cet être est un êtrerationnel en tant que tel il n'est pas moyen pour autre chose.
Le respect de la vie d'autrui n'a donc pasbesoin de quoi que ce soit pour être justifié.
La vie d'autrui est respectable en elle-même sans prendre autre chose en considération.
Demême que le devoir est une fin en soi, qui se passe de toute justification extérieure, le respect de la vie d'autrui est dû sans autreconsidération.
La personne est ce qui se distingue de la chose, comme la fin se distingue des moyens.
Tout être dont l'existence ne dépend pas de lalibre volonté, mais de la nature, n'a qu'une valeur relative, c'est-à-dire en rapport avec autre chose que lui-mêm e.
Les êtres naturels sontdes choses.
Les êtres raisonnables, c'est-à-dire capables d'agissements libres, sont des personnes, c'est-à-dire des fins en soi.
Ils nepeuvent servir simplement comme moyens, et par suite limitent notre libre activité, puisqu'ils sont l'objet d'un inconditionnel respect.
Lapersonne est une fin objective, dont l'existence même est une fin en soi, qui ne peut être remplacée par aucune autre.
Étant fin en soi, onlui doit un absolu respect.
La personne humaine est la seule valeur absolue existante, il n'y en a pas d'autres sur le plan pratique.L'impératif catégorique pour toute volonté humaine repose donc sur le principe que : "La nature raisonnable existe comme fin en soi."C'est ainsi que nous devons nous représenter notre propreexistence ainsi que celle d'autrui, et ce principe doit sous-tendre toutes nos actions.
La moralité, soit l'usage de la raison dans le domainepratique, repose par conséquent sur la maxime suivante : "Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne quedans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen."
CONCLUSIONLa vie d'autrui ne saurait être conditionnée à l'intérêt général.
L'intérêt général va dans le sens d'un respect de la vie d'autrui, mais cerespect n'est pas dû à l'intérêt général.
Il faut se garder de cela si on veut éviter de rendre ce respect contingent..
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