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Le religieux nous fait-il bâtir des chateaux en espagne ?

Publié le 28/05/2009

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 Partout où nous regardons, dans toutes les sociétés, nous constatons l'existence de croyance religieuses, de rites et de cérémonies. La religion est encore partout présente dans le monde. On trouve ainsi une multitude de croyances religieuses et de Dieux et il existe d’innombrables formes de religion, dans le temps comme dans l’espace. Ainsi Bergson affirme : "on trouve dans le passé, on trouverait même aujourd'hui des sociétés qui n'ont ni science, ni art, ni philosophie. Mais il n'y a jamais eu de société sans religion." Mais cela n’empêche pas le fait religieux d’être universel : il n’est pas une société où l’on ne puisse pas repérer des traces, des manifestations de la vie religieuse. Il existe deux versants du phénomène religieux : un aspect subjectif qui est le sentiment religieux et un aspect objectif à savoir les cérémonies, rites,...

 Mais qu’est-ce qui lie toutes ces croyances entre elles ? Le terme possède deux étymologies – l’une et l’autre latine - utilisées par les philosophes tout au long de la tradition. Il y a ainsi « religare « qui signifie relier et religere qui est lié à la notion de respect et qui est traduit comme le fait «  de rendre un culte «. On peut voir dans la première étymologie soit un lien entre les hommes soit le rattachement de l’homme à une transcendance de la divinité. La plupart des religions sont en effet basées sur le principe d’un être transcendant. La transcendance évoque étymologiquement le fait de « passer au-delà «, de « surpasser «. Est transcendant ce qui est d’une nature supérieure et qui est séparée de notre nature sensible. Le Dieu serait alors cet être supérieur et inaccessible dans le sensible, garant de notre monde. Il en serait le créateur et l'ordinateur( celui qui donne de l'ordre). Les religions semblent aussi promettent des félicités soit dans un au-delà après la mort soit dans ce monde-ci. La religion principale dans la tradition occidentale est bien sûr le christianisme et c'est sur elle que les philosophes européens ont le plus réfléchi. Le terme « religieux « substantivé ici désigne la personne qui est au service de la religion, qui est impliqué dans ses pratiques. Mais il peut désigne aussi le fait religieux lui-même. Quant à l'expression « bâtir des châteaux en Espagne «, elle renvoie au fait que l'on ne peut trouver comme en France ou dans d'autres pays européens de château en Espagne. Cette expression ancienne est donc devenue une métaphore pour signifier ce qui est infaisable. On parle de construire ou acheter un  en Espagne dans l'idée de créer des plans, des projets qui n'aboutiront jamais. On voit ici que le religieux est opposé dans la phrase à « nous «, à la communauté des hommes. Pourquoi le religieux ferait-il bâtir des châteaux en Espagne ? quel projet, quel rêve irréalisable nous ferait-il construire ? Pour cela, il sera nécessaire dans un premier temps d'analyser ce qu'est véritablement le sentiment religieux et ce que nous promet la religion. Puis, nous regardons ce qui peut relever d'une illusion et de l'impossible. Mais la religion toute entière n'est-elle pas une illusion ? N'est-il pas possible de croire en Dieu sans connaître le caractère hypothétique de sa croyance, sans s'illusionner ? 

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« Dieu, j'entends une substance infini, éternelle, immuable, indépendante, toute connaissante, toute-puissante et parlaquelle moi-même, et toutes les autres choses qui sont […] ont été créées et produites.

» Les religions, si diversessoient-elles, tentent d'expliquer la création du monde, qu'elle rattache à la puissance de la divinité.

Pourquoi y aura-t-il quelque chose plutôt que rien ? Voilà la question essentielle à la religion.

Justement parce qu'un principetranscendant, parfait, a créé le monde.

Les philosophes dans l'antiquité voyait aussi le Dieu comme principe dumonde.

Ainsi, Aristote dans sa Métaphysique , cherche le principe qui meut le monde sans être en mouvement lui- même.

Et ce principe, qu'il nomme Dieu, est « le premier moteur » du monde. La foi, confiance absolue 3.il faut comprendre comment fonctionne ce qui relie l'homme à Dieu.

L'attitude religieuse par excellence est la foi.

Lafoi est alors une conviction qui engage tout l'individu, une adhésion totale à ce qui reste pour lui un mystèreindéchiffrable.

Kierkegaard montre bien comment la foi suppose une confiance au-delà de ce que la raison peutcalculer.

La crainte de la mort ne semble pas non plus assez puissante pour conduire à ce degré de confiance.

Il n'ya rien par la suite qui puisse ébranler ce sentiment de foi, cette évidence subjective qui suffit au croyant.

Pascal demême parlera de Dieu comme ce qui vient du cœur, un Dieu « sensible au cœur » et non un Dieu né de la raison.

Dèslors, la raison et les arguments ne feront pas disparaître les religions.Bergson reconnaît une forme de religion qu'il appelle dynamique et mystique.

Pour lui, cette religion transporte l'âmesur un tout autre plan, celui de l'amour.

Il s'agit alors de voir que Dieu se révèle lui-même dans certaines personnes.Il y a une sorte de révélation qui rend présent Dieu dans l'âme des gens.

Beaucoup reconnaissent s'être convertit àtelle religion parce qu'ils ont entendu l'appel de Dieu ou que celui-ci leur est apparu.

Il y a une certaine évidencedans le sentiment subjectif du divin.

Parlant de l'âme mystique, Bergson écrit « elle s'arrête comme si elle écoutaitune voix qui l'appelle.

Puis elle se laisse porter, droit en avant.

Elle ne perçoit pas directement la force qui la meut,mais elle en sent l'indéfinissable présence, ou la devine à travers une vision symbolique.

Vient alors une immensitéde joie, extase où elle s'absorbe, ravissement qu'elle subit : Dieu est là, et elle est en lui ».

On voit donc que si Dieuest présence à l'âme, on ne voit pas pourquoi les religions auraient une fin.

Il y aura toujours des gens pourressentir ce ravissement divin.

Dans l'antiquité, Plotin reconnaissait un sentiment similaire à la base de la religion.Pour lui, l'évidence religieuse était atteint dans la contemplation et la religion s'expliquait par l'amour.Le religieuxserait donc un sentiment, une illumination et n'aurait pas forcément à voir avec une illusion.

Ce serait un sentimentvécu.

II La religion nous promet des choses « miraculeuses » La religion découle d'un sentiment d'insécurité 1.Freud dans Avenir d'une illusion réfléchit aux mécanismes psychiques que met en place le religieux.

Il retrouve ainsi les dires de ses prédecesseurs et voit dans la religion une promesse de bonheur et de sécurité.

Le religieux est laréalisation d'un désir de sécurité et d'immortalité.

La nature chaque jour se dresse devant nous et montre du doigt notre faiblesse et notre impuissance.

Pour Freud,les maux de la nature que l'homme n'arrive ni à comprendre, ni à dompter, ce sont ce que l'homme appelle Destin.Naît alors « une anxiété constante des malheurs pouvant survenir et une grave humiliation du narcissismenaturel.

» [1] Cette angoisse profonde serait insupportable à l'homme, il lui faut donc pallier à celle-ci et c'est encore la civilisation qui donne aux hommes la solution : ce sont les idées religieuses, qui consolent l'homme face ausentiment menacé de sa propre dignité et libèrent l'univers et la vie de leur terreur.Mais cela ne s'arrête pas, laforme des religions, les figures « crées » sortiraient aussi tout droit de la nature humaine, de la situation infantileque connaît chaque individu.

Freud décrit alors l'évolution des idées religieuses.

La première étape est d'humaniserla nature pour pouvoir établir une sorte de relation avec elle.

L'homme projette sur les éléments naturels lesémotions, actions, sentiments humains.

« Si nous sommes environnés, partout dans la nature, d'êtres semblablesaux humains qui nous entourent, alors nous respirons enfin, nous nous sentons comme chez nous dans lesurnaturel.

» [2] L'être humain semble ne pas pouvoir vivre dans un monde qui lui est inconnu, qu'il ne connaît et ne comprend pas.

Sa première action serait alors d'identifier la nature, de lui attribuer des passions anthropomorphespour non pas la maîtriser, mais pour ne pas être paralysé par la peur.Cette structure semble déjà connue par l'homme : elle est pour le psychanalyste le prototype infantile.

On le saitFreud accorde une grande importance à la figure du père.

Pour lui, la détresse face au monde renvoie à la détresseface aux pouvoirs des parents lorsque nous étions petits enfants.

Par suite, l'homme dote les forces de la naturenon pas de l'image de simple mortel, mais de l'image du père.

Les dieux sont nés.Bien sûr, avec l'évolution de la science et l'observation des régularités des phénomènes de la nature, ces derniersperdent leur nature humaine.

Mais comme l'angoisse et la nostalgie du père demeurent, un déplacement s'opère et lamoralité devient le domaine des Dieux.

Ils s'occupent des souffrances des hommes, tracent un dessein supérieurimpliquant un perfectionnement de l'homme.Alors que sont les idées religieuses du point de vue psychologique ? Freud le dit, son essai ne s'intéresse pas à lavéracité des idées religieuses, il n'est pas là pour prendre parti, mais pour comprendre quel rôle elle joue dans lepsychisme humain.

Or, il le définit comme illusion.

L'illusion n'est pas une erreur pour Freud.

Une petite fille peutrêver qu'un prince charmant vienne l'enlever : c'est une illusion mais cela peut arriver.

L'illusion nous dit Freud estune croyance dont la source se trouve être la réalisation d'un désir.

La religion n'est donc issue que de laconstitution même de l'homme et de sa faiblesse.

Face à la peur d'un monde incompris, des dangers qu'il comporte,l'homme invente des dieux pour s'apaiser : « l'angoisse humain en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée durègne bienveillant de la Providence divine.

» ( L'avenir d'une illusion ) La religion promet un monde ordonné et sûr 2.Le sensible et le monde sont mouvants et incertains, nous l'avons vu.

L'homme est jeté dans un monde menaçant etpour y échapper, il préfère créer ce que Nietzsche appelle des « arrières-mondes », des mondes stables où l'ordre. »

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