Le refus de l'inconscient psychique a-t-il un sens ?
Publié le 29/10/2009
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Toute définition de l'inconscient, que ce soit sur le plan métaphysique ou psychologique, en fait une réalité psychique, c'est-à-dire mentale, concernant la pensée au sens phénoménal du terme. En effet, l'inconscient (métaphysique) est une nappe psychique profonde dont la conscience n'est qu'un moment (ainsi, chez Leibniz, la conscience est-elle passage, éclosion, degré à partir de mille petites perceptions inconscientes). De même, le terme d'inconscient, examiné d'un point de vue psychanalytique et non plus métaphysique, désigne un des systèmes de l'appareil psychique humain. En effet, ce dernier se compose de la conscience, du préconscient (toute représentation apte à se transformer en représentation consciente) et, enfin, de l'inconscient, domaine psychique particulier constitué de contenus repoussés qui se sont vus refuser l'accès au système préconscient-conscient par l'action du refoulement, ce dernier se produisant dans les cas où la satisfaction d'une pulsion -susceptible de procurer par elle-même du plaisir - risquerait de provoquer du déplaisir à l'égard d'autres exigences. Dès lors, tout Inconscient étant défini comme chose psychique et mentale, on peut se demander comment il est possible de refuser la notion d'un inconscient psychique et si l'intitulé du sujet ne correspond pas à des éléments contradictoires. Que peut bien être un inconscient qui ne serait pas psychique et y a-t-il dans l'inconscient autre chose que du psychique, tel est le problème soulevé par le sujet.
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• L'inconscient est chose physique.Dès lors, si Ton refuse l'idée d'un inconscient psychique, si l'on considère que l'homme est parfaitement transparentà lui-même et, qu'à la limite, il n'y a chez fui que de la mauvaise foi, où la conscience se masque sa propre vérité,que faire de l'inconscient?Jean-Paul Sartre l'élimine presque totalement dans la première partie de son œuvre (dans L'Être et le Néant).L'inconscient n'existe pas puisqu'il n'est que de la mauvaise foi chosifiée.
Alain dessine une autre perspective,parfaitement conforme aux vues de Descartes.
Refusant l'idée d'un inconscient psychique, il conserve l'idée d'uninconscient somatique, corporel, représentant un mécanisme naturel.
Ce qui échappe à ma conscience, loin deposséder un sens profond (comme le voulait Freud), relève de simples mouvements du corps.
Il n'y a pasd'inconvénient à employer couramment le terme d'inconscient.
C'est tout simplement un abrégé du mécanisme.
La «fabrique de notre corps » intervient alors.
Mais de tels mouvements somatiques ne signifient pas des pensées.
Lecorps et ses modifications peuvent produire, par exemple, des suites de paroles et de discours par le simple jeu del'excitation, de la fatigue nerveuse.
Ces mouvements nerveux constituent un inconscient physique pur et simple.Ainsi l'acte manqué, par exemple, résulte d'un mécanisme naturel.
Il n'a pas à être décrypté.
Telle est la théoried'Alain, fort cartésienne : hors de la pensée qui se pense, tout est mécanisme.Le problème posé était : que peut bien être un inconscient qui ne serait pas psychique.
La réponse est : il estsomatique.
C) Synthèse.
• Réalité de l'inconscient psychique.Néanmoins, faire de l'inconscient une chose physique, loin de nous paraître un gain sur le plan de la connaissance,nous paraît plutôt une perte de sens et d'intelligibilité.
Nos rêves, nos actes manques, nos lapsus, nos erreurs, loinde révéler une signification, ne résultent alors que de simples jeux mécaniques, de trajets nerveux ou autres.
Lathéorie d'Alain, loin de nous enrichir, nous dépouille de nos richesses, des sens et significations de notre vécu.
Lerefus de l'inconscient psychique est d'autant plus difficile que cette notion psychologique acquiert de proche enproche une signification et un caractère métaphysique, poétique, esthétique, voire mystique.
Si l'inconscient n'estque chose physique, il n'est pas grand chose! Tout au contraire, s'il est chose psychique, il devient la matrice duvécu, le lieu des sympathies universelles cher aux Romantiques.
Comment comprendre la création poétique, parexemple, sans la relier à une source profonde et inconsciente, au sanctuaire des grandes révélations? Albert Béguin,dans L'âme romantique et le rêve, a remarquablement exprimé cette idée : « Ne vivre que dans le conscient, c'estse simplifier jusqu'à l'absurde et réduire notre être, si riche de possibilités et d'avertissements voilés, à une séried'actes jamais compris.
»Ainsi, l'idée d'un inconscient psychique ne peut être refusée.
Son rejet mutilerait gravement l'homme et la vision del'homme qu'elle suppose.
• Ne pas occulter la liberté humaine.Néanmoins, la conception d'Alain conserve au moins un sens éthique.
Elle signifie : n'oubliez jamais la puissance, laliberté et la responsabilité de la conscience.
Si les thèses d'Alain (l'inconscient est chose physique) ne semblent pastrès véridiques, cependant elles ont le mérite de protester contre une vue psychanalytique très sommaire et trèssimplifiée, qui fait de l'homme le jouet de son inconscient, une sorte de pantin irresponsable.
3° Conclusion
Le problème était de savoir ce que peut bien être un inconscient qui ne serait pas psychique.
Il devient alors chosesomatique et mécanique.
Mais l'inconscient perd alors toute richesse sur tous les plans (poétique, esthétique,métaphysique, mystique...).Dès lors, l'idée d'un inconscient non psychique aboutit de facto non seulement à la suppression de cette notion,mais à une vue réductrice et mutilante de l'essence humaine..
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