Le progrès technique modifie-t-il la morale ?
Publié le 18/06/2010
Extrait du document
Kant aboutit ainsi à la formulation d'un « impératif catégorique « : « Agis uniquement d'après une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle «, ou encore : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté en loi universelle de la nature. « Kant déduit de ce principe des applications aux problèmes moraux traditionnels. Il faut comprendre que le « respect « de la loi morale se confond avec la « dignité « de l'homme. L'impératif catégorique peut alors se reformuler : « Agis de telle sorte que tu traites l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une fin, et jamais simplement comme un moyen. «
«
Selon Hans Jonas dans le Principe La technique a transformé en profondeur l'essence de l'agir humain. La technique a considérablement augmentée la portée de l'agir humain.
La portée causale déborde tout ce que l'on a connuautrefois.
La promesse technique s'est transformée en menace, ce que l'homme pourra faire à l'avenir n'a pasd'équivalence par le passé.
Elle a fait apparaître de nouveaux devoirs.
L'éthique antique est inopérante à l'heure de la technique. Aujourd'hui, les conséquences de certains actes ne seront visibles que dans quelques centaines d'années.
L'exemple de la pollution, de la surexploitation des ressources forestières, des pêches abusives, de ladisparition des déchets nucléaires) .Aussi tous nos pronostics à long terme sont incertains.
Le principe responsabilitévoudra donc que l'on favorise les hypothèses pessimistes au profit des hypothèses optimistes.
Le mal est toujourscertain.
Le principe responsabilité dit « Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatible avec lapermanence d'une vie authentiquement humaine sur terre.
» Il s'agit d'un droit à l'existence d'une vie pas encoreactuelle.
Ce principe est programmatique, il vise quelque chose qui ne s'est pas encore produit.
L'homme s'est vuremettre une essence, il en est responsable.
Il n'y a donc pas d'échappatoire à notre responsabilité face audéveloppement technique.
Il faut donc une préscience, une anticipation.
Il faut une métaphysique que n'a pas encore la science. Le principe responsabilité pressent l'impossible, il veut le limiter.
Il doit aller au devant des abus. Tous les possibles demeurent une fois que l'action s'est produite.
Il faut que les conséquences des actions soientvoulues.
Il faut pour cela que des principes soient voulus pour que les conséquences soient voulues.
Il faut donner àl'agir humain une dimension de volonté et qu'elle soit au principe de ses réalisations.
Car la réalité humainecorrespond à quelque chose de non- voulu.
L'agir a pris des dimensions cosmologiques.
La menace des civilisationstechnologiques repose sur l'idée que la technologie domine aussi l'homme comme elle domine la nature.
C'est l'étantdans sa totalité qui est menacé.
Jonas prône l'heuristique de la peur.
La peur détecte la menace, il faut faire lapreuve que ce pressentiment est fondé.
Il faut avoir une intelligence de la peur, et connaître ses vraies faces.
Ondoit se prémunir par avance.
Le problème est qu'il n'y a pas de principes éthiques sans menace…risque de cercleherméneutique.
Il faut que l'imagination anticipatrice accompagne l'imagination technologique.
Il faut aller du côtédu non- connu.
Mais le cours des choses ne nous laisse pas du temps devant nous.
Il faut un point d'arrêt audynamisme du progrès.
Il faut revenir à l'équilibre.
Aussi, la technique peut transformer la morale.
3) La bioéthique.
Les formidables progrès de la biologie et de la médecine au cours des quarante dernières années placent l'hommedevant des situations totalement inédites et le conduisent à s'interroger sur le sens de sa vie, de sa mort, de sasouffrance, sur la réalité de son destin et le pourquoi des différences individuelles.
L'apparition des techniques deprocréation médicalement assistée, du diagnostic prénatal, de la médecine prédictive et, d'une façon plus générale,des techniques de la génétique, tout comme le développement des transplantations d'organes et del'expérimentation humaine, la tentation de l'euthanasie ou l'intrusion de l'informatique menaçant la confidentialité ontsuscité un questionnement éthique d'autant plus crucial qu'il s'impose au moment où notre monde semble avoirperdu tous les repères traditionnels qui fondent la cohésion sociale.
Par leur nature même, ces avancées de lascience conduisent donc à engager une réflexion qui concerne les médecins, les chercheurs, mais aussi lesphilosophes, les juristes et l'ensemble des citoyens.
L'utilisation des techniques médicales doit, en effet, être fondéeen raison et renvoie par là même à des interrogations radicales.
Il apparaît pourtant difficile de fonder une morale àpartir de ces problèmes.
Les problèmes ont été plutôt résolus par voie législative que par la morale, l'urgence en adécidée ainsi.
La vitesse à laquelle ont été faites certaines découvertes n'a pas permis aux hommes de prendre letemps de la réflexion.
Une véritable morale née de la bioéthique reste à venir.
Conclusion.
Il apparaît clair que la technique appelle de nouveaux devoirs dans la mesure où les morales du passé, comme celleproposée par Kant sont inopérantes à l'heure d'une technique dominante, présente dans tous les domaines de la viehumaine.
Il faut désormais envisager des préceptes qui soient capables de véritables maximes d'actions pour nousaider à préserver la nature et la vie humaine.
C'est donc bien la vie matérielle qui conditionne la vie de l'esprit.
Onne peut plus concevoir une vie intellectuelle qui soit en dehors de toute contingence..
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