Le progrès technique accroît-il notre liberté ?
Publié le 14/07/2005
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« : « Oui, la grande industrie oblige la société sous peine de mort à remplacer l'individu morcelé, porte-douleur d'une fonction productive de détail, par l'individu intégral qui sache tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail. « En effet, les progrès de la grande industrie exigent, aujourd'hui, des travailleurs hautement qualifiés et polyvalents. La fabrication des machines, des chaînes de montage entièrement automatiques requièrent les techniques les plus complexes. On peut donc penser que les formes parcellaires et aliénées du travail ne sont, dans l'évolution séculaire de la production, que les mauvais côtés par lesquels des formes plus avancées du travail pourront développer l'homme social intégral qui saura « tenir tête aux exigences les plus diversifiées du travail «. Le travail aliéné. « Il [l'animal] produit seulement ce dont il a immédiatement besoin pour lui ou pour son petit ; il produit d'une façon unilatérale, tandis que l'homme produit d'une façon universelle ; il ne produit que sous l'empire du besoin physique immédiat, tandis que l'homme produit même libéré du besoin physique et ne produit vraiment que lorsqu'il en est libéré. [...] C'est précisément dans le fait d'élaborer le monde objectif que l'homme commence donc à faire réellement ses preuves d'être générique. Cette production est sa vie générique active. Grâce à cette production, la nature apparaît comme son oeuvre et sa réalité.
«
couverture, ni armes, et le jour fixé approchait où il fallait l'amener du sein de la terre à la lumière.
Alors Prométhée,ne sachant qu'imaginer pour donner à l'homme le moyen de se conserver, vole à Héphaistos et à Athéna laconnaissance des arts avec le feu ; car, sans le feu, la connaissance des arts était impossible et inutile ; et il enfait présent à l'homme.
l'homme eut ainsi la science propre à conserver sa vie ; mais il n'avait pas la sciencepolitique ; celle-ci se trouvait chez Zeus, et Prométhée n'avait plus le temps de pénétrer dans l'acropole que Zeushabite et où veillent d'ailleurs des gardes redoutables.
»
Platon , « Protagoras ».
Dans le Protagoras de Platon, le personnage de Protagoras (célèbre sophiste) fait le récit du mythe de la situationoriginelle de l'homme.
Dépourvu de tout, nu et sans défense, celui-ci est à la merci d'une nature hostile et peuprodigue à son égard.
Chargé par les dieux de distribuer des qualités spécifiques à chaque animal, Prométhéeaccepte de déléguer cette mission à son frère Epiméthée qui, dans son empressement, oublie l'homme.
Pour éviterque ce dernier ne disparaisse et pour réparer l'étourderie d'Epiméthée, Prométhée dérobe le feu à Héphaïstos et laconnaissance des arts à Athéna pour en faire présent à l'homme.
Mais les Dieux en sont irrités et punissentProméthée pour sa forfaiture.
Les leçons de ce mythe sont très nombreuses.
D'abord, on peut remarquer que sansles arts et le feu (c'est-à-dire sans la technique), l'homme est dans un état de dénuement total.
Comparativementaux animaux, il ne dispose en effet d'aucun "outil naturel" : pas de bec, pas de crocs, pas de fourrure, pas de venin,pas d'agilité à la course… L'homme est donc contraint, sous peine de disparaître, de pallier la faiblesse de sacondition par l'usage d'outils et d'artifices divers.
La technique se donne par conséquent, d'abord, comme unenécessité vitale à laquelle nous devons notre survie et notre arrachement à la nature ainsi que notre spécificité.Mais dans le mythe, il faut rappeler que les dieux punissent Prométhée et ce n'est pas seulement le vol qu'ilssanctionnent parce que celui-ci s'apparente plus fondamentalement à un viol : Prométhée a donné à l'homme lemoyen d'être une sorte de dieu lui-même, un rival inattendu.
Par le développement des arts et des techniques,l'homme dispose d'un pouvoir extraordinaire.
Alors, le cadeau est peut-être empoisonné : ce pouvoir, l'homme peut-ille maîtriser ? Ce à quoi il doit sa survie ne risque-t-il pas de préparer paradoxalement sa disparition ? Si la techniqueest d'origine divine, elle procure un grand pouvoir, une immense responsabilité, et elle peut aussi se retourner contreceux qui ne sont pas conscients des dangers qu'elle engendre.
Si la technique est dangereuse, c'est qu'elle en arrive à confronter les unes aux autres des lois et les mécanismesnaturels incompatibles entre eux.
Souvenons-nous d' Aristote ; «en « prolongeant » la nature, la technique l'emmène peut-être un peu trop loin, parce que, même si la fission atomique qui est le principe des bombesnucléaires est naturelle, la nature ne produit pas spontanément des bombes.
Dans le mythe du « Protagoras », Platon donnait d'ailleurs à la technique ce premier éclairage : Epiméthée , chargé de distribuer aux espèces mortelles les atouts et les qualités, avait été trop prodigue avec les autres espèces, ce qui fait que plus rien nerestait pour l'homme.
voulant réparer l'oubli, Prométhée subtilise à Héphaistos et Athéna le feu et la connaissance des arts, ce pour quoi il sera puni par Zeus , comme s'il fallait comprendre que ce faisant il avait commis quelque acte répréhensible : avoir donné aux hommes le moyen d'aller trop loin.
Technique et loisir"Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel.
On l'accused'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à uneuniformité de production qui choque le sens artistique.Mais si la machine procure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, etsi l'ouvrier emploie ce supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendusamusements qu'un industrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donneraà son intelligence le développement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celuique lui imposerait, dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleursimpossible) à l'outil, après suppression de la machine.Pour ce qui est de l'uniformité de produit, l'inconvénient en serait négligeable sil'économie de temps et de travail, réalisée ainsi par l'ensemble de la nation,permettait de pousser plus loin la culture intellectuelle et de développer lesvraies originalités." BERGSON.
Ce texte de Bergson vise à formuler un jugement nuancé sur le machinisme.
Sonthème porte sur les avantages et désavantages comparés de la machine et del'outil, du point de vue de l'épanouissement humain.
Le problème posé dans le texte est le suivant : n'y a-t-il pas, contrairement aux idées reçues, une supériorité, de ce point de vue, de la machine sur l'outil ?
La thèse de Bergson est que cette supériorité est bien réelle, parce que le machinisme libère du temps dans la viede l'ouvrier, lui permettant de se consacrer à des activités moins aliénantes.
L'enjeu présent dans ce texte est de savoir si la civilisation du machinisme est compatible avec la liberté et ladignité humaine.
Le texte procède selon trois moments..
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