Le progrès humain se réduit-il au progrès technique ?

Dans l'esprit commun, progrès technique et progrès de l'humanité sont souvent confondus au sein du terme générique de « progrès «. La place majeure qu'a occupé la technique dans l'évolution vers la société moderne a en effet tendance à dissimuler les autres facteurs de progrès aux yeux de l'homme du XXIème siècle. Mais quelle est la part exacte de la technique dans le progrès de l'humanité ?  Comment s'explique l'importance de la technique ? Pourquoi cette place est-elle toujours plus critiquée ? Quelles pourraient être les autres sources du progrès de l'humanité ?        ***    Dans la lignée humaine, l'Homo sapiens est postérieur à l'Homo faber : dès son apparition, l'homme est déjà un fabricant d'outils. Cet « artisan élémentaire « est parfois même considéré comme le premier homme : si la raison est ce qui distingue l'homme de l'animal, alors l'apparition de l'outil, en tant que première manifestation extérieure d'intelligence, marque le début de l'humanité : « Si, pour définir notre espèce, nous nous en tenions strictement à ce que l'histoire nous présente comme la caractéristique constante de l'homme et de l'intelligence, nous ne dirions peut-être pas Homo sapiens, mais Homo faber «, écrit Bergson dans L'évolution créatrice. Pour lui, l'intelligence se définit ainsi par l'atteinte d'un certain degré de maîtrise technique.    Les exemples sont cependant nombreux de maîtrise technique animale : castors, fourmis ou abeilles sont capables de bâtir des édifices. Ces créations, certes complexes pour certaines, ne sont pas pour autant comparables avec celles de la technique - spécifiquement humaine -, dans la mesure où elles sont immuables : le miel ne devient pas meilleur au fil des générations d'abeilles. Il ne saurait donc y avoir technique sans progrès. En ce sens, non seulement le progrès de l'humanité, mais l'humanité elle-même, sont étroitement liées au progrès technique : s'il est inexistant, c'est l'homme lui-même qui redescend au niveau de l'animal.