Le progrès est-il garanti par le triomphe de la raison ?
Publié le 06/03/2004
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RAISON (lat. ratio, calcul; faculté de calculer, de raisonner) Ce terme connaît deux grandes acceptions : soit il désigne la faculté de penser, la « raison humaine », soit il désigne un principe d'explication, la « raison des choses ». En tant que faculté de penser, la raison peut se définir encore en plusieurs sens, soit : 1. la faculté de raisonner discursive, de combiner concepts et propositions par opposition à la faculté de connaître intuitive (la ratio par opposition à l'intellectus chez saint Thomas, ou la raison par opposition au coeur chez Pascal); 2. la faculté de bien juger (comme chez Descartes) ou l'entendement qui « s'appelle raison en tant qu'il dirige au vrai et au bien », selon Bossuet. En ce sens s'oppose classiquement à la folie et à la passion qui consiste à raisonner mal, contrairement aux lois logiques ; 3. la connaissance naturelle par opposition à la connaissance révélée, la lumière» naturelle par opposition aux lumières de la foi» ; 4. un système de principes a priori dont la vérité ne dépend pas de l'Expérience . En ce sens, les vérités de la raison se distinguent du témoignage des sens autant que des révélations de la foi, si bien que Pascal voyait là trois ordres distincts de connaissance; 5. dès lors, toute une tradition définira usuellement la raison comme l'esprit humain en tant qu'il porte en lui les notions innées lui permettant de comprendre le monde, définition critiquée par les empiristes, et transformée par Kant; 6. la raison est pour Kant la faculté supérieure qui ramène à l'unité les règles de l'entendement» comme celui-ci fait la synthèse des éléments sensibles. Connaissance a priori et connaissance par la raison sont une même chose, et se distinguent ici de la connaissance par l'entendement (contrairement au sens 2 qu'on trouve par ex. chez Descartes). Le nom de Raison est réservé à un degré supérieur de synthèse des connaissances : si l'Entendement est la faculté des règles, la Raison est la faculté des principes. Elle est théorique lorsqu'elle fonde la science (et concerne uniquement la connaissance); pratique lorsqu'elle est considérée comme contenant le principe a priori de l'action morale. En tant que principe d'explication, soit : 1. au sens théorique, ce qui rend compte d'un effet. Signifie alors plutôt raison d'être d'une chose à distinguer de sa cause simplement antécédente. Ainsi, se confond souvent avec la cause finale; 2. au sens normatif, le motif légitime d'un acte, sa justification (comme dans l'expression « non sans raison »). D'où : argument destiné à prouver qu'on a raison (« donner ses raisons »).
«
Le progrès n'est pas garanti par le triomphe de la raison
•U·H•
La raison triomphante, incarnée par le capitalisme
de la fin du xxe siècle, ne conduit qu'à l'asservissement
de
l'être humain.
Il faut donc tenter de retrouver
une vision humaniste de
la raison.
La modernité
se définit
par la division
A
Iain Touraine, dans
Critique de la mod er
nité, affirme que l'avè
nement de la raison
«La modernité est réfrac
taire à toutes les formes de
totalité, et c'est le dialogue
entre la raison et le Sujet,
qui ne peut ni se rompre ni
s'achever,
qui maintient
ouvert le chemin de la
liberté.
• Alain Touraine ,
Critique de la modernité
amène la division au
sein d'un monde qui
était, jusque-là, unifié.
D '
un côté , la raison
triomphe et impose la
laïcité, l'
industrialisa - tion,
etc.; de l'autre, la
subjectivité se replie sur
elle-m ême (foi, senti
ment , imagination) .
La raison
n'est plus qu'une
coquille vide
L
a raison , à l'aube des
temps modernes ,
s 'opposait au despotisme,
mais fondait également
une vision positive de
l'homme .
La post
modernité dans la
quelle nous vivons a
oublié la dimension
positive de la raison.
Nous nous opposons aux
intégrismes
ou au tota
litarisme, mais nous
n'avons plus rien à pro
poser en échange .
Raison et Sujet
se complètent
1
1 faut, pour Alain Tou
raine, rouvrir le dia
logue
interrompu de la
raison et du Sujet.
La
raison livrée à elle-même
ne peut conduire qu 'à
une logique instrumen
taliste.
Le Sujet doit
donc réaffirmer son
existence en tant qu'ac
teur au sein de la
société.
Concrètement,
il s'agit de relancer
l'ac
tion sociale, la lutte pour
la liberté .
La
modernité se définit par une vision du monde écartelée entre la
raison
et la subjectivité.
Bonne dans son principe , cette conception
s'avère catastrophique si le Sujet et la raison ne communiquent pas..
»
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