Le progrès des connaissances scientifiques peut-il menacer l'existence des religions ?
Publié le 04/11/2005
Extrait du document
Les querelles entre la parole scientifique et la parole religieuse sont fréquentes dans l'histoire. Récemment encore, on a vu aux Etats-Unis que des établissements scolaires refusent d'enseigner la théorie biologique de l'évolution en fonction de motifs religieux ; la théorie selon laquelle l'homme descend du singe s'accorde mal avec l'idée selon laquelle Adam et Eve sont les premiers êtres humains.
En contredisant les vérités établies par la religion, les connaissances scientifiques ne menacent-elles pas l'existence des religions ? L'exemple introductif nous montre à la fois qu'il y a en effet une menace, puisque les discours scientifiques et religieux sont sur ce point-là concurrents, et à la fois que la religion résiste au discours scientifique, puisque semble-t-il, certains refusent encore d'adhérer à un discours scientifique.
La science est une connaissance qui repose sur des démonstrations rationnelles et objectives. A l'opposé, la religion concerne plutôt la croyance, et la foi suppose une adhésion plutôt subjective. En quoi les progrès de l'une menacerait-elle les fondements de l'autre ? On l'a vu : parfois les discours sont concurrents.
Par ailleurs, qu'est-ce qui « progresse « dans la science ? S'agit-il de l'étendue des connaissances, de la justification des connaissances ? Peut-être que progressant, la science est de mieux en mieux armée pour invalider les discours de la religion et menacer son existence.
Mais la religion se réduit-elle à une explication du monde, de la nature ? N'y a-t-il pas des domaines où s'applique la religion et où la science n'a rien à dire ? A moins que ces domaines-là puissent finir par être menacés justement parce que la science progresse, et conquit toujours de nouveaux territoires ?
En définitive, pour savoir quels sont les terrains d'action de la science et de la religion, puis pour saisir les potentielles menaces exercées par le progrès scientifique sur l'existence de la religion, il convient d'interroger non seulement les questions auxquelles chacune répond ou pas, mais aussi d'interroger les méthodes mises en oeuvres par les discours scientifique et religieux.
«
La science met en oeuvre une connaissance objective, c'est-à-dire qui est démontrée par les faits (ou du moins quin'est pas contredite par les faits observés).
Par ailleurs, les connaissances scientifiques sont d'autant plus forteslorsqu'elles sont prédictives.
(Le fait de prévoir une éclipse, par exemple, est une preuve solide de la validité d'unethéorie à propos du déplacement des planètes.)
Ainsi, lorsqu'une connaissance scientifique est démontrée, ne faut-il pas nécessairement y adhérer ? La religionn'est-elle pas alors directement menacée lorsque la science s'oppose à ce que la religion dit ?
Pour rester concentré sur les termes du sujet, on peut aussi donner deux définitions du progrès scientifique :
- Le progrès au sens où les domaines connus par la science sont de plus en plus étendus.
- Le progrès au sens où les connaissances scientifiques sont de mieux en mieux démontrées.
Dans les deux sens, la science apparaît comme une menace pour l'existence de la religion, puisque qu'elle montreque les discours religieux sont parfois faux.
En quoi l'existence de la religion est-elle menacée ? Elle est menacée parce que son discours perd en crédibilitélorsque la science démontre qu'il est faux.
TRANSITION : Mais la religion se contente-t-elle d'expliquer les phénomènes ? Ne s'agit-il pas là de la part la moins importante de la religion ? La foi dans quelque chose qui serait au-dessus de nous, cause de l'existence du monde,peut-elle par exemple être menacée par la science ? Il faut se poser ce genre de questions dans une deuxièmepartie.
DEUXIÈME PARTIE : La religion résiste à la science.
Dans cette deuxième partie, on opposera les méthodes et les discours de la connaissance scientifique et de lareligion.
KANT, Logique , Introduction, IX .
« L'incertitude est liée à la conscience de la possibilité du contraire – Cette dernière sorte d'assentiment à son tour est soit insuffisante aussi bien subjectivement qu'objectivement , soit objectivement insuffisante , mais subjectivement suffisante .
La première se nomme opinion , il faut appeler la seconde croyance .
»
Cet extrait difficile oppose deux genres d'incertitude.
En partant du principequ'une connaissance scientifique est mieux démontrée qu'un discoursreligieux, il ne faut pas pour autant confondre la croyance et la simpleopinion.
Même si ce qui fait l'objet d'une croyance n'est pas démontré, il n'enreste pas moins qu'on peut avoir des raisons suffisantes d'y croire.
On peut ainsi réutiliser la distinction faite par Kant pour notre sujet :l'assentiment lié à la croyance est certes objectivement insuffisant, mais ilest subjectivement suffisant.
Qu'est-ce que cela signifie ?
Même si on n'a pas de raisons objectives d'avoir une croyance, on peut quandmême y adhérer pour des raisons subjectives.
On ne peut sans doute pas démontrer scientifiquement l'existence de Dieu.Est-ce une raison suffisante pour ne pas y croire ? Sans doute pas, d'autant plus la croyance dans un ou des dieuxne repose pas sur une connaissance objective, mais bien plutôt à partir de critères subjectifs (par exemple la foi).
Cette idée est éclaircie par ces textes de Pascal, où il montre que la science est l'affaire de la raison, tandis que lafoi (et par extension, chaque religion) est l'affaire du coeur..
»
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