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Le progrés de la sciences peut-il faire oublier la philosophie ?

Publié le 27/02/2008

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philosophie
). Tandis qu'il est reproché à la philosophie de ne pouvoir se dégager d'un « point de vue » qui, même s'il n'est pas strictement « subjectif », renvoie nécessairement à quelques postulats métaphysiques, et donc étrangers à toute science possible.Il semble ainsi, à considérer hâtivement l'évolution des deux domaines, qu'on aboutisse à une hétérogénéité. Celle-ci est-elle de nature à interdire désormais toute relation, toute réflexion de la philosophie sur les sciences ? Rien n'est moins sûr.  8. Le sujet engage une réflexion sur les rapports entre la philosophie et la vérité. Existe-t-il des vérités spécifiquement philosophiques, non réductibles aux vérités de type scientifique (par exemple en morale, en métaphysique...), et que la science ne pourrait donc en aucune façon rendre inutiles ? 9.
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« Kant : on doit distinguer un monde phénoménal d'une réalité nouménale, et la loi concerne le premier, même si ellen'apparaît pas directement dans les phénomènes eux-mêmes, tandis que l'univers nouménal (le fond du « réel »)nous reste inconnu.

Ce qui fait de la philosophie un discours autre que celui de la science, c'est son obstination àpenser (puisqu'elle ne peut les connaître) les noumènes.Lorsqu'à partir du XIX siècle, l'homme commence à se considérer comme un objet de science possible, on constateque les disciplines scientifiques qui entreprennent de le cerner — les sciences humaines — entendent bien sedétacher de toute emprise philosophique, ne serait-ce qu'en adoptant des méthodes qui autorisent une approche «objective » de l'être humain (tests et recherche de laboratoire en psychologie, enquêtes et traitement statistiqueen sociologie, etc.).

Tandis qu'il est reproché à la philosophie de ne pouvoir se dégager d'un « point de vue » qui,même s'il n'est pas strictement « subjectif », renvoie nécessairement à quelques postulats métaphysiques, et doncétrangers à toute science possible.Il semble ainsi, à considérer hâtivement l'évolution des deux domaines, qu'on aboutisse à une hétérogénéité.

Celle-ciest-elle de nature à interdire désormais toute relation, toute réflexion de la philosophie sur les sciences ? Rien n'estmoins sûr.

8.

Le sujet engage une réflexion sur les rapports entre la philosophie et la vérité.

Existe-t-il des véritésspécifiquement philosophiques, non réductibles aux vérités de type scientifique (par exemple en morale, enmétaphysique...), et que la science ne pourrait donc en aucune façon rendre inutiles ? 9.

La philosophie a-t-elle eu traditionnellement d'autres finalités que la recherche de la vérité ? Si oui, lesquelles(réflexion critique, interrogation sur les valeurs, le sens de l'existence, etc.) ? "Les questions que la science exclut par principe sont précisément les questions qui sont les plus brûlantes à notreépoque malheureuse pour une humanité abandonnée aux bouleversements du destin : ce sont les questions quiportent sur le sens ou l'absence de sens de toute existence humaine (...) La vérité scientifique, objective, estexclusivement la constatation de ce que le monde — qu'il s'agisse du monde physique ou du monde spirituel — esten fait.

Mais est-il possible que le monde et l'être humain en lui aient véritablement un sens si les sciences nelaissent valoir comme vrai que ce qui est constatable dans une objectivité de ce type, si l'histoire n'a rien de plus ànous apprendre que le fait que toutes les formes du monde de l'esprit, toutes les règles de vie, tous les idéaux,toutes les normes qui donnèrent à chaque époque aux hommes leur tenue, se forment comme les ondes fugitives etcomme elles à nouveau se défont, qu'il en a toujours été ainsi et qu'il en sera toujours ainsi, que toujours à nouveaula raison se changera en déraison et toujours les bienfaits en fléaux ?" HUSSERL L'homme est animé du désir de savoir.

Il est le seul être qui s'interroge sur lui-même et sur l'univers qui l'entoure.

Ilne se contente pas d'être au monde, de vivre ce monde, il lui faut l'expliquer, le comprendre.

Certes, il veutcomprendre pour pouvoir agir, découvrir les lois de la nature qui lui permettront de s'en rendre « maître etpossesseur », selon les mots de Descartes, mais aussi et, dirons-nous, surtout pour satisfaire à une interrogationsingulière, surgie du plus profond de lui-même et qu'il ne peut réprimer, source d'inquiétude ou d'angoisse : «Pourquoi existons-nous ? » Ce qui revient à poser la question du sens du monde en général et de l'homme enparticulier.

Afin d'y répondre, l'homme invente des mythes et des religions: Toutefois, ceux-ci sont inaptes à_expliquer les lois de la nature.

L'homme se tourne alors vers la science qui l'instruit en effet, mais, de manièreparadoxale, en augmentant son désarroi.

Car la science se construit contre les mythes et les croyances, contre lesprésupposés anthropomorphiques grâce auxquels l'homme justifiait le monde et se justifiait.

Elle les détruit mais neles remplace pas.

Plus elle explique le monde, plus elle accroît la solitude de l'homme, lui infligeant, pour chaquenouvelle illusion dissipée, une nouvelle blessure narcissique et l'abandonnant seul dans un univers déserté et muet.Si bien que l'homme, après avoir placé en elle toute son espérance, finit par s'en défier et sombrer dans lescepticisme, voire par retomber dans un irrationalisme dont il s'était laborieusement dégagé.

La science, en effet,refuse, comme le souligne Husserl dans ce texte, de se prononcer sur le sens de ce qui est, prétendant que la véritéscientifique se limite à la seule constatation de ce qui est.« Les questions que la science exclut par principe, observe Husserl, sont les questions qui portent sur le sens oul'absence de sens de toute existence humaine.

» Quel est donc ce principe, ou plutôt quels sont -ces principes parlesquels la science rejette des questions qu'elle considère comme « philosophiques » ? Ce ne sont pas en réalité desprincipes immuables : ils varient selon les diverses sciences et leurs divers états.

Ainsi l'épistémologie positiviste d'A.Comte avait .voulu fixer à deux les principes fondamentaux de la science : le premier était que la science ne porteque sur les phénomènes et non sur la nature ou l'essence des choses ; le second, que la science renonce à saisir lemode de production des choses, c'est-à-dire la causalité, pour ne considérer que les lois.

En d'autres termes, lascience a pour but de lier entre eux les phénomènes, de les déterminer les uns par les autres, non de les « expliquer», l'explication relevant de « l'état théologique » ou de « l'état métaphysique ».

Mais le développement même de-lascience a invalidé ces principes, puisqu'il apparaît qu'elle est nécessairement conduite à expliquer causalement leslois qu'elle a établies, et à rendre compte de la production des phénomènes à partir de modèles théoriques desstructures sous-jacentes aux phénomènes, comme c'est le cas pour la physique nucléaire.Le néo-positivisme contemporain (l'empirisme ou le positivisme logiques des penseurs du Cercle de Vienne) aégalement voulu établir une césure fondamentale et insurmontable entre problèmes philosophiques et problèmesscientifiques en posant que les énoncés de la science se ramènent d'une part à des protocoles vérifiables. »

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