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Le progrès de la science peut-il faire oublier la philosophie ?

Publié le 19/03/2009

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L’évolution scientifique et technique doit donc se comprendre en synergie avec la philosophie. La philosophie est en elle-même scientifique. Il n’y a pas de dichotomie entre le progrès et la réflexion philosophique. Cependant, si l’évolution scientifique et technique remet en cause la réflexion philosophique ce n’est qu’en tant que critique de la philosophie et remise en cause du topos de l’existence de vérité éternelle et universelle en philosophie. La réflexion se comprend dans le mouvement même de l’évolution scientifique : ce progrès ne fait qu’un. Mais surtout, la science posant de nouvelles questions à la philosophie propose un dialogue avec celle-ci, lui apportant un nouvel éclairage mais aussi remettant au goût du jour certaines réflexions philosophiques que l’on aurait pu croire désuètes.

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« Pourtant, un progrès scientifique sans réflexion scientifique est-il possible ou seulement envisageable ? II – Nécessité critique de la réflexion scientifique a) En effet, force est de constater que l'évolution scientifique et technique s'ils remettent en cause une certainetradition philosophique ne peuvent pas pour autant abolir toute réflexion sur la science.

Plus précisément, on peutvoir émerger notamment la notion d'épistémologie qui engage en effet une réflexion sur l'évolution même dessciences, c'est-à-dire sur ses fondements, ses idées, ses méthodes etc.

La philosophie malgré le progrèsscientifique n'est pas déconnectée du tout de toute réflexion et c'est notamment ce qu'on peut voir à traversl'œuvre de Bachelard notamment dans la Formation de l'esprit scientifique .

Son approche de la science et de son évolution se montre dans le cœur même de l'actualité afin de comprendrejustement le progrès et les obstacles qui sont sous-jacents audéveloppement scientifique.

Ainsi dit-il dans cet ouvrage que : « L'espritscientifique doit se former contre la nature, contre ce qui est, en nous ethors de nous, l'impulsion et l'intuition de la nature, contre l'entraînementnaturel, contre le fait coloré et divers.

L'esprit scientifique doit se former ense réformant.

[…] C'est dans l'acte même de connaître, intimement,qu'apparaissent, par une sorte de nécessité fonctionnelle, des lenteurs et destroubles.

C'est là que nous montrerons des causes de stagnation et mêmestagnation et même de régression, c'est là que nous décèlerons des causesd'inertie que nous appellerons des obstacles épistémologiques.

[…]« Lapsychanalyse qu'il faudrait instituer pour guérir du substantialisme est lapsychanalyse du sentiment de l'avoir.

Le complexe qu'il faudrait dissoudre estle complexe du petit profit qu'on pourrait appeler, pour être bref, le complexed'Harpagon.

C'est le complexe du petit profit qui attire l'attention sur lespetites choses qui ne doivent pas se perdre.

Car on ne les retrouve pas si onles perd.

»b) Plus fondamentalement alors il apparaît que l'évolution scientifique ettechnique ne peut pas faire l'économie d'une réflexion sur elle-même, d'unintrospection qui est le propre de la philosophie des sciences.

Et c'est cettevolonté d'ancrer le discours philosophique dans l'évolution des sciences qui explique sans doute que Bachelard développera le Nouvel esprit scientifique en prenant en compte la révolution des quanta.

La réflexion philosophique est en effet nécessaire notamment en tant que histoire des idées comme onpeut le voir chez Foucault dans l'Archéologie du savoir puisque l'histoire des idées se propre de remontrer et retrouver l'origine, ou la généalogie de la formation des idées fondatrices des systèmes de pensée et de leurévolution.

Mais peut-être plus essentiel c'est dans le domaine éthique et politique qu'il faut poursuivre la nécessitéde la réflexion philosophique.c) Et c'est bien ce que montre notamment Foucault dans son article « les intellectuels et le pouvoir » dans Dits et écrits tome IV.

En effet, il faut voir une évolution dans la définition de l'intellectuel.

Ce dernier n'est plus l'intellectuel universel prônant des valeurs transcendantes et universellement vraies de justice, de sagesse etc., telun Voltaire, mais il est un intellectuel spécifique, c'est-à-dire une personne développant un point de vue techniqueet réfléchie prenant la forme d'une critique philosophique.

On peut le voir notamment avec le cas d'Oppenheimer,tristement célèbre après la seconde guerre mondiale et la bombe.

Ce qui est essentiel c'est la nécessité dedévelopper ce que Hans Jonas appelle le principe de responsabilité qui est d'essence éthique et philosophique.

Mais ici non plus en prônant de idées qui seraient universelles mais bien en tant que spécialiste d'une question c'est-à-dire comprenant les enjeux scientifiques et les constructions techniques sous-jacentes.

De là l'existence de comitébio-éthique dont les philosophes font partie etc.

Transition : Ainsi, la réflexion philosophique est-elle nécessaire au développement de la science comme le montre notammentl'existence de l'éthique, de la bioéthique et des codes de déontologie ; ainsi que de l'épistémologie ; quiapparaissent alors comme des « gardes fous » de la science.

Mais si l'on entend cette remise en cause commel'affirmation d'une valeur scientifique et de son utilité pratique de la philosophie c'est ici sans doute faire une erreurgrossière signe d'une méconnaissance de l'histoire de la philosophie.

Et en ce sens peut-on sans doute dire quel'évolution scientifique et technique ne remet pas en cause la réflexion philosophique en tant que tel mais fait plutôtcorps avec elle.

III – Apologie de l'incertitude en philosophie et architectonique a) En effet, remettre en cause la réflexion philosophique en l'opposant dans sa prétention scientifique à la vraierigueur scientifique arrivant à des solutions à des données est comme le montre Russell dans Problèmes de philosophie un non-sens.

En effet, il ne faut pas voir entre l'évolution de la science et de la technique et la réflexion philosophie une dichotomie d'objet et une rupture historique dans le traitement des problèmes, comme si laphilosophie était toujours figé.

En effet, la réflexion philosophique se développe avec les questions de la science.

Orà travers ces questionnements que lui propose la science, si la réflexion philosophique est remise en cause face àl'émergence de nouvelles questions, il n'en reste pas moins que cette remise en cause est salutaire et rend comptede son exigence de scientificité.

Mais si l'on pense ici une remise en cause radicale ce signifie que l'on considère que. »

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