Devoir de Philosophie

Le problème du rapport théorie-expérience - Albert Einstein

Publié le 26/01/2020

Extrait du document

einstein

« L'idée la plus simple que l'on puisse se faire de la naissance d'une science expérimentale est celle qui repose sur la méthode inductive. Des faits isolés sont choisis et regroupés de manière à faire clairement ressortir les régularités qui les relient. En regroupant ensuite ces régularités, on en fait apparaître de nouvelles, plus générales, jusqu'à obtenir un système plus ou moins unitaire capable de rendre compte de l'ensemble de faits donnés, de telle manière que, par une démarche inverse, purement intellectuelle, l'esprit puisse, à partir des dernières généralisations effectuées, retrouver à nouveau les faits isolés.

Un regard même rapide sur ce qui s'est effectivement produit nous enseigne que les grands progrès de la connaissance scientifique n'ont été que pour une faible part réalisés de cette manière. Si le chercheur, en effet, abordait les choses sans la moindre idée préconçue, comment pourrait-il dans l'incroyable complexité de tout ce qui fournit l'expérience isoler des faits bruts assez simples pour qu'apparaisse la loi à laquelle ils obéissent ? [...] Les progrès véritablement importants réalisés dans notre connaissance de la nature sont nés d'une démarche presque diamétralement opposée à la démarche inductive. Une compréhension intuitive de ce qui est essentiel dans un ensemble complexe de faits amène le chercheur à poser une ou plusieurs lois fondamentales à titre d'hypothèses. De cette loi fondamentale (système d'axiomes), il tire ensuite les conséquences par une démarche purement logico-déductive et de façon aussi complète que possible. »

Albert Einstein, « Induction et déduction en physique » in : Œuvres choisies, vol. 5, éd. Seuil, CNRS, 1991, pp. 94-95.

einstein

« Textes commentés Albert Einstein résume les étapes de la conception inductiviste de la science et donne sa propre idée de la recherche.

D'après l'inductivisme, le chercheur commencerait par répertorier des faits, les classer, annoter les régularités qui permettent de faire des généralisations, qui permettent à leur tour de repérer de nouveaux faits, c'est-à-dire de vérifier le bien fondé des généralisations ou des lois.

Sans condamner cette démarche comme absolument infructueuse (après tout des découvertes ont été faites par hasard), l'auteur fait remarquer que la recherche étroitement inductiviste de lois ne pourrait même pas commencer.

Les faits du monde étant en nombre infini, comment savoir lesquels sont pertinents pour la découverte d'une loi, comment délimiter la phénoménologie à étudier ? D'où la nécessité de prendre les choses par l'autre bout, de commencer avec des idées préconçues, des conjectures ou des hypothèses imaginatives, intuitives, dont le rôle est d'orienter le scientifique dans le labyrinthe des faits pour avoir une idée de ce qui compte comme donnée significative en vue de la corroboration ou de la réfutation de l'hypothèse.

L'hypothèse, énoncé général, abstrait et théorique, est ensuite déployée, par une série de déductions, en conséquences pratiques et observables qui lui permettront de toucher la réalité, de vérifier son adéquation aux faits : c'est la méthode hypothético-déductive ou anti-inductiviste.

L'épistémologie d'Einstein est beaucoup moins satisfaisante quand il s'agit de savoir comment l'homme arrive à former les concepts de base de la connaissance avec lesquels il construit les hypothèses.

Réponse d'Einstein : ils ne sont pas obtenus par l'expérience (inductivement), ils ne sont pas a priori non plus, mais ce sont de libres inventions de l'esprit humain.

Or cette observation est incompatible avec la ferme croyance einsteinienne au déterminisme.

A mon avis, la seule voie raisonnable serait de reconnaître que les concepts fondamentaux expriment des contraintes mathématiques, physiques et biologiques sous-jacentes à l'activité mentale.

37. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles