Devoir de Philosophie

LE PROBLÈME DU CRITÈRE DE LA VÉRITÉ ?

Publié le 24/10/2009

Extrait du document

  • A) L' « Adéquation de la chose et de l'esprit «
   a) Savoir que la vérité réside dans le jugement qui réfère une représentation à son objet ne suffit pas : cette proposition ne nous donne aucun moyen pour distinguer le jugement vrai du jugement faux. Il serait donc souhaitable de découvrir ce moyen, le succès de la science et de la philosophie étant à ce prix. En présence d'un jugement, le philosophe pourra-t-il être assuré d'être en présence de l'expression d'une vérité ? Il faut, semble-t-il, que la vérité se reconnaisse à un certain signe, ou, comme on dit plus volontiers, à un certain critère. Y a-t-il un critère de la vérité, et, dans l'affirmative, quel est-il ?  b) Une première réponse saute aux yeux, car elle résulte immédiatement de nos précédentes considérations : le jugement qui réfère une représentation à son objet est vrai si la représentation est la fidèle copie de l'objet, si elle lui est adéquate. Il y aurait donc bien un critère de la vérité, défini en termes traditionnels mais peut-être trop généraux par l'adéquation de la chose et de l'esprit. Formulé déjà par les philosophes scolastiques (adaequatio rei et intellectus), ce critère n'est manifestement qu'une conception de sens commun, dont la simplicité est séduisante : ma représentation de ce cendrier n'est-elle pas vraie si elle en est la fidèle image ? Le rapport d'une représentation vraie à son objet serait le même que le rapport de la photographie au monument ou au paysage photographié.

« d'être, chaque science particulière aura pour tâche d'explorer l'un de ces domaines, de découvrir les vérités qui luisont propres, les « vérités régionales ».

Dans ces conditions, il n'est pas certain qu'il y ait un critère de la vérité :on peut se demander s'il n'y a pas autant de critères qu'il y a de sciences particulières. a) Sans prétendre dresser une liste complète des sciences particulières et des types de vérités propres à chacuned'elles, examinons quelques exemples :1.

Il y a une vérité mathématique.

L'objet mathématique ayant été construit par la définition, ses propriétés en sontdéduites par un raisonnement (démonstration constructive, raisonnement par récurrence, etc.).

Le jugementexprimant l'une de ces propriétés peut à juste titre être dit vrai lorsque la déduction a été convenablementconduite, et l'on peut appeler critère de la vérité mathématique la possibilité de déduire la propriété à partir de ladéfinition ;2.

Il y a une vérité physique.

Lorsque le physicien induit à partir de l'expérience une certaine proposition, lejugement induit est affirmé avec une certaine probabilité : on peut considérer la confiance avec laquelle le physicienou l'ingénieur engagent une action sur le réel physique en faisant comme si cette proposition était vraie comme uncritère de la vérité physique ;3.

Il y a aussi une vérité historique.

Et, puisque le réel exprimé par le jugement est un événement passé, le critèrede sa vérité se trouvera dans la convergence des renseignements fournis par divers documents.Arrêtons ici la liste des exemples, en conseillant au lecteur de se reporter aux chapitres correspondants du volumePhilosophie des Sciences.

Ces trois exemples suffisent pour qu'il soit permis de formuler trois idées :— Remarquons, en premier lieu, que personne ne doute de l'existence de vérités mathématiques, de véritésphysiques, de vérités historiques, etc.

Si le savoir humain ne s'exprimait qu'à travers les sciences particulières,personne ne se poserait le problème de la Vérité, personne n'exigerait la découverte d'un critère de la Vérité.

Leproblème du critère de la vérité est donc spécifiquement philosophique, et, peut-être, nous en discuterons plus loin,métaphysique.— Il est, en second lieu, manifeste que c'est au mathématicien qu'il incombe de définir un critère de la véritémathématique, au physicien qu'il revient de formuler le critère de la vérité physique, etc.

Le philosophe n'intervientici qu'à titre d'épistémologiste, pour prendre conscience de la nature et des exigences du travail propre à chaquescience particulière.— Soulignons enfin que nos exemples n'ont porté que sur les types de vérités que l'on peut appeler objectives.

Nousn'avons pas encore envisagé la vérité formelle, ni la vérité métaphysique.

Prenons-les donc en considération ; b) On pourrait en effet être surpris par le choix d'exemples que nous avons fait, où nulle place n'était faite à laLogique qui pourtant se préoccupe au premier chef de la notion de vérité.

Mais il y avait à cette omission une raison: la « vérité logique », comme on dit quelquefois, n'appartient pas à la « famille des vérités dites objectives ».Considérons le très classique exemple de syllogisme : Tous les hommes sont mortelsSocrate est un hommeSocrate est mortel Cette formulation présente le grave inconvénient de confondre vérité formelle avec vérité objective : les deuxprémisses paraissent affirmer qu'il est objectivement vrai qu'il existe des êtres mortels appelés hommes, que l'und'entre eux, appelé Socrate, existe ou a existé ; tandis que la vérité formelle de ce raisonnement réside dans le liendes prémisses exprimé par la conclusion.

Présentons maintenant le même raisonnement dans les termes suivants :Supposons qu'il existe des êtres doués de propriétés dont nous désignerons l'ensemble par le nom d' « homme » ;Supposons qu'existe ou ait existé l'un de ces êtres portant le nom de « Socrate » ;Il faut alors penser comme nécessaire que cet être est doué de toutes les propriétés de l'être appelé homme (parmilesquelles la mortalité).Cette nouvelle expression a sur la précédente l'avantage de mettre en relief la vérité formelle du raisonnement, enéliminant toute prétention à la vérité objective de l'une quelconque des propositions : dans un univers sans hommeset sans Socrate, un raisonnement ainsi formulé resterait vrai.On voit dès lors pourquoi il faut soigneusement distinguer la vérité formelle : dans un tel syllogisme, j'utilise desidées (Mortalité, Homme, Socrate) que je mets en rapport les unes avec les autres sans me préoccuper le moins dumonde de référer chacune d'elles à un objet extérieur.

De la vérité formelle il y a un critère : c'est la non-contradiction.Dira-t-on que la nécessité de prendre en considération la vérité formelle apporte un démenti au sens commun quiidentifie volontiers la possession du vrai à la possession de l'être ? C'est ici que le philosophe doit préciser sonvocabulaire : si l'on assimile la notion d'être à celle d'objet, il n'est alors pas douteux que la Logique, science de lavérité formelle, n'est pas une science de l'être ; mais si l'on donne au mot « être » une signification plus générale, sile sujet (ou conscience) sont tous les deux intérieurs à l'être, posséder la vérité formelle, c'est posséder l'être parl'un de ses aspects ; c) Prenons donc la notion d'être dans son acception la plus générale : tous les types de vérités objectives que nousavons envisagés, ainsi que la vérité formelle, présupposent l'exactitude de cette conception commune qui veut voirdans la possession de la vérité l'appréhension de l'être.

Mais, nous l'avons vu, chacune des sciences particulières(Logique formelle comprise) ne saisit qu'un des aspects de l'être, ne fait l'inventaire que de l'une de ses « régions ».Il appartient à l'Epistémologie de décrire, de délimiter chaque région.

Mais est-il possible d'atteindre l'être en tantqu'être, comme disait Aristote, ou, comme on dit plus volontiers de nos jours, l'être en soi ? Même sans être trèssavant, on sent bien que la mathématique, ou la physique, ou n'importe quelle science particulière, si elle atteint. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles