Le problème des origines de la science.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
de comprendre (la curiosité intellectuelle) est tout aussi essentiel à l'homme que les besoins vitaux.
II.
Science et Religion.
a) Thèse des origines religieuses de la science.
Dire que l'homme est un animal raisonnable, c'est dire qu'il cherche àrendre raison de ce qu'il voit ou fait.
Après avoir indiqué les liens de la science et de l'action, Comte ajoute : « Maisnous ne devons pas oublier que les sciences ont avant tout une destination plus directe et plus élevée, celle desatisfaire au besoin fondamental qu'éprouve notre intelligence de connaître les lois des phénomènes » (Cours, 2eleçon; et Comte, pour montrer combien ce besoin est impérieux,, attire l'attention sur les « effets physiologiques del'étonnement »).
Le besoin d'expliquer n'est pas né du besoin d'agir, il est aussi primitif que lui.
Ce besoin a d'aborddonné naissance à des conceptions non scientifiques : l'état théologique ou fictif, qui consiste à expliquer lesphénomènes en invoquant des êtres surnaturels, est le premier état de toutes nos pensées.
Les idées fausses dufétichisme et du polythéisme sont les plus naturelles à l'homme et c'est en rectifiant ces idées premières au contactde l'expérience que l'humanité est parvenue peu à peu à la science.
D'ailleurs, « si d'un côté toute théorie positivedoit nécessairement être fondée sur des observations, il est également sensible d'un autre côté que pour se livrer àl'observation, notre esprit a besoin d'une théorie quelconque «(Comte); ce sont les conceptions théologiques qui ontd'abord inspiré les observations sur lesquelles la science positive se fondera, comme il est évident par exemple enastronomie.
On voit en quel sens on peut dire que « l'esprit scientifique s'est formé par les religions plutôt que parles métiers » (Alain, Vigiles de l'esprit, p.
218).
b) Arguments.
L'histoire des sciences et les travaux de la sociologie contemporaine vérifient également cette thèse.Les sociologues contemporains ont montré, en effet, que la pensée des sauvages, que nous assimilons aux primitifs,est essentiellement religieuse.
C'est par la volonté et la puissance du magicien ou par des forces occultes que leprimitif explique toute chose (voir notamment Lévy-Bruhl : La mentalité primitive).
Et en fait on trouve bien desspéculations théologiques à l'origine des sciences modernes; les magiciens, alchimistes, astrologues, ou médecinssont à la source de l'astronomie, de la physique, de la chimie, de l'histoire naturelle (« Une fois la magie devenueune profession, une institution nécessaire au corps social, il a bien fallu que le magicien s'ingéniât à réaliser deseffets heureux qui fissent reconnaître et respecter sa puissance; le charlatan se fit astrologue, médecin,métallurgiste, et comme l'astrologue et l'alchimiste du moyen âge, accrut le capital humain de découvertes utiles quidevaient finir par le rendre inutile lui-même » (Salomon Reinach, Orpheus).
Les mathématiques elles-mêmes ont dûbeaucoup aux recherches des Pythagoriciens sur les propriétés magiques des nombres (« nombres parfaits » commele nombre 6 divisible par 1, 2 et 3, dont la somme donne 6: « nombres amis » comme 220 et 284 dont chacun peutêtre obtenu en faisant la somme des diviseurs de l'autre, etc...).
D'ailleurs jusqu'au XVIIe siècle, on constate uneunion étroite entre la pensée théologique et la pensée scientifique : Leibniz fait reposer son grand principe physiquede la conservation de la force vive sur « un décret de la sagesse divine » (Discours de Métaphysique, § 21).
c) Commentaires.
On comprendra mieux cette origine « théologique » de la science en remarquant que la notion decausalité mécanique (« une chose en pousse une autre » comme dans une machine), sur laquelle repose la sciencemoderne, n'est pas primitive.
La première notion de cause, celle qui répond à l'expérience de l'enfance, est la notiond'une causalité magique (M.
Pradines parle dans le même sens d'une « causalité sympathique »), c'est-à-dire d'unecorrespondance mystérieuse entre des signes et des événements.
Le monde humain, dans lequel nous vivonsexclusivement d'abord et qui est toujours le plus important pour le primitif, est un monde dans lequel les signes sonttout-puissants.
Nos premières idées, tirées de l'expérience humaine, sont donc politiques en ce sens qu'ellesconcernent nos moyens d'agir sur les hommes.
Nous étendons naturellement ces idées, valables pour le mondehumain, au monde extérieur, et nous commençons par croire que les choses sont des êtres animés (animisme)auxquels nous vouons une sorte de culte (fétichisme) et sur qui nous avons prise par des signes (magie).
Plus tard,l'enfant prend conscience de l'efficacité de sa propre volonté et des volontés humaines en général, et dès lors il sereprésente le monde extérieur comme un monde régi par des volontés analogues aux volontés humaines(polythéisme).
Ce n'est que plus tard, par l'expérience du travail, que l'on se rend compte qu'il existe un ordreextérieur inflexible, indifférent à nos désirs, à nos volontés, à nos signes; on parvient ainsi à la notion de causalitémécanique, c'est-à-dire à la science.
L'erreur est ainsi le « premier état de toute connaissance » (Alain, Minerve, p.9), et nos idées vraies ne sont que des idées fausses redressées.
Conclusion.
Souligner le rôle respectif de la technique et de la religion aux origines de la science.
Le besoin decomprendre a engendré les explications théologiques, plus naturelles à l'enfance de l'humanité, qui sous l'influencedes techniques et par le contact direct avec le monde extérieur ont peu à peu cédé la place à des explications pluspositives, les explications scientifiques..
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