Le pouvoir technique est-il sans limite ?
Publié le 05/07/2012
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- L’homme n’arrive pas à contrôler les conséquences de ses techniques parce que pour une part la nature lui échappe. L’élément dominant dans la définition de la technique devient alors son matériau, les éléments naturels. Or pour l’homme ses propriétés et corrélations entre éléments sont infinies mais il est incapable de saisir cet infinité n’ayant pas un intellect divin. La technique a un pouvoir illimité pour l’homme quant à son matériau. - l’homme perfectible n’est pas capable de prévoir aujourd’hui ses progrès de demain, il ne maîtrise donc pas la technique qui lui échappe. Si l’homme peut penser un progrès infini de la technique, il n’est pas en mesure d’en maitriser les effets dévastateur. Pour la première fois, la technique, qui devait assurer la domination de l’homme se retourne contre lui et peut conduire à la destruction de la nature et de l’homme. Il faut donc trouver de nouvelles règles pour maîtriser le pouvoir de la technique. Hans Jonas est l'auteur d'un livre paru en 1979, le Principe Responsabilité, dans lequel il propose de lier les notions d'éthique et de technique, avec l'idée que la technologie moderne a créé une nouvelle situation, nouvelle situation qui réclame une nouvelle éthique.
«
I/ Définition de la technique par sa cause, conséquence sur ses limites :
a) La définition aristotélicienne de la technique :
1/ Définition :
Texte : « il y aura identité entre art et disposition à produire accompagnée de règle exacte°.
L'art concerne toujours un devenir et s'appliquer à un art, c'est considérerla façon d'amener à l'existence une de ces choses qui sont susceptibles d'être ou de n'être pas, mais dont le principe d'existence réside dans l'artiste et non dans lachose produite l'art, en effet, ne concerne ni les choses qui existent ou deviennent nécessairement, ni non plus les êtres naturels, qui ont en eux- mêmes leur principe.Mais puisque production et action sont quelque chose de différent, il faut nécessairement que l'art relève de la production et non de l'action .»Il faut d'abord tenter de définir précisément la technique.
C'est un ensemble de moyens mis en place ou créer par l'homme pour obtenir une fin déterminée, qui esttoujours un objet extérieur.
Plus précisément : La technique est une disposition à produire un objet extérieur selon une règle exacte.
Il y a donc trois élémentsessentiels dans cette définition.Disposition : une capacité à, une puissance à, qui n'est pas toujours actualisée immédiatement.
C'est la capacité ou l'art à faire la recette correctement, il ne suffit pasde l'avoir dans un livre.Production : il faut la distinguer de l'action, l'homme pose une action lorsqu'il n'y a rien de différent de lui : réfléchir, faire du sport…, la production suppose un objetextérieur, dans la production, la fin est autre que l'action qui est à elle-même sa propre fin.
Cela signifie que la technique porte sur ce qui est contingent, ce qui peutêtre autrement, qui peut être modifier par l'homme.
Ainsi, le soleil n'est pas objet de technique, un bureau : si car son principe d'existence est dans l'homme (= legâteau).La règle exacte signifie le procédé à appliquer.
(= la recette de cuisine).
Celui qui n'a pas cette règle ou qui l'applique de manière inexacte ne réussit pas son œuvre.≠ de la science : Disposition capable de démontrer, EN, VI, 3 ou estimons posséder la science d'une chose d'une manière absolue et non pas, à la façon dessophistes, d'une manière purement accidentelle, quand nous croyons que nous connaissons la cause par laquelle la chose est, que nous savons que cette cause est cellede la chose et qu'en outre il n'est pas possible que la chose soit autrement qu'elle n'est.
71b10 Conséquence : L'objet de la science au sens propre est quelque chose quine peut pas être autre qu'il n'est.La science vise la connaissance et porte sur le nécessaire, la technique vise une production ou activité et porte sur le contingent.
Elles ne sont donc pas du mêmedomaine.
Il y a une indépendance de l'une envers l'autre.≠ de la morale : Disposition accompagnée de règle vraie, capable d'agir dans la sphère de ce qui est bon ou mauvais pour un être humain.
EN, VI, 5, 1140b5 ou bienordre que l'homme met dans ses actions.
Comme la technique, elle vise une activité et porte sur le contingent, mais elle porte sur les actions qui n'ont d'autres fins quel'homme lui-même, alors que la technique porte sur les objets extérieurs.
Il y a donc aussi une indépendance de la technique et de la morale.
La technique estmoralement neutre pour Aristote.
2/ Conséquence sur le sujet :
- Limite intrinsèque : La technique est définie par la fin qu'elle vise.
Cette fin est son objet.
Si l'objet est réussi, alors c'est une bonne technique, sinon c'est unemauvaise technique.
C'est sa limite intrinsèque, qui entre dans sa définition.
Chez Aristote, cette limite est faible, car elle dépend de l'objet que souhaite leproducteur : la fin justifie les moyens.
Mais, cela reste de l'artisanat.
En effet, la connaissance de la nature et la connaissance technique ne sont pas encore unie, celaen raison d'une conception de la nature elle-même et de la connaissance que nous pouvons en avoir.
Ainsi, la technique est dépendante de l'imagination de l'homme etnon de la connaissance.- Limite extrinsèque :- Chez Aristote, si la technique n'est pas directement soumise à la morale, elle l'est dans un second temps, c'est l'usage de l'objet ou l'objet lui-même qui est soumis àla morale.
Ainsi, si un objet n'est pas proportionné au bonheur véritable de l'homme, ce n'est pas une chose morale.
La technique est indirectement subordonnée à lamorale, elle en reçoit sa règle et sa limitation.
D'où la distinction : la technique est moralement neutre et est en ce sens illimitée, c'est son usage qui est bon oumauvais.
Ex.
de l'usage de la technologie nucléaire, civil ou militaire.
// entre l'habileté et la prudence chez Aristote, où l'habileté n'est pas prudence car elle est priseen dehors de sa fin.
Ainsi, la technique, prise en dehors de sa fin morale n'est plus technique au sens strict, car elle erre sans fin ni but, avec les effets les plusdésastreux possibles.
Ce que recherche le technicien ne serait que la puissance pour la puissance et non un objet particulier.
L'ensemble du procédé est toujours définipar sa fin, si la fin change, la nature du procédé change.- La technique peut aussi être en elle-même limitée par la morale, lorsqu'elle empiète sur elle, en impliquant des hommes, comme des esclaves, des cobayes ou encoredans les recherches sur l'homme.
b) Alliance de la science et de la technique : Dépassement d'Aristote sur sa limite :
Alliance science / technique permise par Galilée, l'homme est image de Dieu comme architecte, il participe de l'intelligence de la nature, en langue math.
+ schémacausal de la science qui permet toujours de faire de la science un savoir-faire :
La science :
La science mathématisée : Au XVIIème siècle, en particulier avec Galilée, la conception de la nature change complètement.
Avec Galilée, on constate que l'on peutmathématiser la nature.
Ce qui paraît une évidence pour nous mais pas pour l'époque.
=> Citation.[Avec Galilée, voici la grande nouveauté.
Elle tient en deux thèses essentielles qui brisent le cosmos aristotélicien.
La première, issue de l'observation de la Lunegrâce à la lunette qu'il utilise en 1609, consiste à établir non seulement la justesse du modèle héliocentrique proposé par Nicolas Copernic (1473-1543) dans soncélèbre de revolutionibus orbium caelestium (1543), mais l'unité de la nature, une unité qui n'est plus d'ordre analogique ou allégorique comme pour les adeptes de lamagie naturelle à la Renaissance mais réelle : s'il y a, comme il le rapporte dans le Messager Céleste (1610), des montagnes et des océans sur la Lune, si la Luneparaît très semblable à la Terre, alors il fait admettre que les astres ne sont point « divins », qu'ils sont constitués de la même matière que notre planète.
Galilée en tirela conclusion immédiate que la même physique s'applique sur la Terre comme aux Cieux.
Cette seconde thèse est exprimée dans un autre texte très célèbre de 1623 Ilsaggiatore « La philosophie est écrite dans cet immense libre qui se tient toujours ouvert devant nos yeux, je veux dire l'Univers, mais on ne peut le comprendre si onne s'applique pas d'abord à en comprendre la langue et à connaître les caractères avec lesquels il est écrit.
Il est écrit en langue mathématique… et ses caractères sontdes triangles, des cercles et autres figures géométriques.
» ]=>L'application des mathématiques à la nature permet d'obtenir des lois, c'est à dire des rapports ou des relations stables entre des paramètres variables.
Ex.
d= 1/2gt²ou v=d/t.
Cela permet une précision jamais atteinte auparavant.=> L'application permet aussi de penser que l'univers peut-être infini.
Les mathématiques permettent de penser l'infini, ce qu'on peut donc appliquer à la nature.
cf.Pascal, entre deux infinis, Pensées, L.
199.
Conséquence sur la technique :
Le changement de nature de la science (sa naissance !) induit un remaniement de la nature et de la fonction de la technique.
La connaissance de ces lois permetprincipalement deux choses :- d'intervenir précisément dans les processus naturels pour les détournés à notre propre fin.
Ainsi, puisque le rapport est stable, il suffit de modifier un paramètre pouravoir ce que l'on souhaite.
Ex.
Du coefficient de résistance de l'air ou trainée en aéronautique pour calculer les ailes.
C'est ce qu'exprime Descartes par l'expression :« comme maître et possesseur de la nature ».
Dès lors, toute avancée scientifique permet de nouvelles techniques et vice-versa, cf.
importance des instruments enscience..
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