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LE POUVOIR-SENTIR ET LA RÉCEPTIVITÉ EN ART

Publié le 17/11/2009

Extrait du document

Réceptivité : terme introduit par Kant pour caractériser la capacité pour un esprit d'être affecté par des impressions sensibles, donc de recevoir. Synonyme : passivité.

 Mais quel est donc ce symbolisé que je sais ne pouvoir atteindre que par son symbole ? Grâce à l'art, je forme avec moi-même une société secrète : l'artiste me confie la moitié de l'anneau, que je reconstitue dans sa totalité ; cette reconstitution, c'est la jouissance esthétique. Quelle fonction précise est donc celle du symbole, quelle est celle du symbolisé ? C'est ici le lieu de scruter la conscience de l'amateur. Le béotien ne voit pas l'oeuvre-symbole, mais la voit seulement chose physique, comme le Don Juan apprécie à la fois la saveur propre à chaque présumée conquête, et la même Femme à travers toutes les femmes, l'amateur d'art saisit la valeur de telle oeuvre, et l'art dans toute oeuvre. Mais, il faut aussi avoir le don. On attribue couramment le don à l'artiste, non à l'amateur, car le vulgaire est impressionné par la puissance de créer plus que par le pouvoir de jouir. Mais le pouvoir de jouir est pouvoir aussi, non passivité pure. Et il est un don de jouir, distinct du don de créer. Les deux pouvoirs sont complémentaires, sans doute, mais cela veut dire aussi qu'ils sont deux. Puisque l'amateur jouit de l'oeuvre, nous dirons tout d'abord que le phénomène esthétique postule un pouvoir-sentir. C'est à dessein qu'il faut accoler ces deux verbes, le premier exprimant l'activité, le second la passivité, car le don de l'amateur est justement à mi-chemin. L'amateur sent : c'est dire qu'il subit ; mais il est réceptif à l'émotion que veut lui donner l'oeuvre ; il est interdit d'assimiler réceptivité à passivité : elles se distinguent deux fois.

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