Devoir de Philosophie

Le pouvoir du Discours et le discours du Pouvoir dans l'oeuvre de Michel Foucault

Publié le 13/10/2019

Extrait du document

discours
à la question : \"Qu'est-ce que l'Homme Parce qu'il montrait comment les sciences humaines trouvaient hors de l'Homme l'explication des faits humains et dissolvaient l'Homme en déterminations impersonnelles, impensées, inconscientes ? Bien plutôt s'agit-il d'une \"philosophie historienne\" soucieuse de mettre à jour le sous-sol de l'humain, le Discours et les lois du Discours, les conditions historiquement changeantes des pratiques discursives qui ordonnent, à notre insu, nos mentalités, nos choix, nos refus et nos engagements. Et, parce que toute histoire est politique, cette philosophie l'est aussi : elle indique, modestement mais résolument où, comment et jusqu'à quel point il est possible de changer notre condition en reconsidérant nos sélections, nos partages, nos exclusions. Philosophie du soupçon ? Parce que les livres de Michel Foucault sont autant de bombes qui ont fait sauter l'un après l'autre les bastions les plus récents et les plus chers de l'idéologie du XXème siècle ? (La prétendue délivrance des fous par la psychiatrie; les prétendus miracles bienfaisants de la clinique médicale; les prétendues révélations lumineuses des prétendues sciences humaines; la prétendue humanisation des peines dans la justice criminelle; la prétendue libération sexuelle). Bien plutôt faut-il parler de Philosophie de la Finitude. Non pas finitude négative de l'homme relative à l'infini de Dieu ou de l'Histoire. .Mais finitude positive et sans autre référence qu'à elle-même, et qui nous invite à faire de notre vie un produit bien \"fini\", en cherchant à épuiser dans le présent le champ du possible. \"L'analyse critique du monde dans lequel nous vivons constitue de plus en plus la grande tâche de la philosophie\". (Deux essais sur le Sujet et le Pouvoir). Mais découvrir ce que nous sommes devenus pour le refuser et construire ce que nous devrions être, suppose une enquête généalogique. Michel Foucault a repéré trois axes généalogiques : Généalogie du Sujet de la Connaissance; comment sommes-nous devenus des chercheurs du Savoir ? Généalogie du Sujet des Pouvoirs; comment nous sommes-nous constitués en Sujets agissants et subissants ? Généalogie enfin du Sujet Moral; comment et pourquoi sommes-nous devenus des agents éthiques ? C'est la Généalogie de l'Individu moderne en tant que Sujet, c'est-à-dire support de l'action, mais aussi assujetti à un autre ou bien à lui-même.
 
La réalisation de ce projet généalogique exigeait l'élection d'objets d'investigation apparemment indignes de la réflexion philosophique, parce que axiologiquement négatifs, ou bien impropres à cette réflexion parce que relevant d'un savoir positif : la Folie, la Maladie, le Crime, le Sexe ! Cependant le choix de ces thèmes ne constitue pas une provocation : c'est à travers la production de ces objets que s'est élaboré le Sujet moderne. L'individu actuel s'est défini en retranchant de son être la déraison, le pathologique, la délinquance et les perversions. Et c'est l'analyse critique de ces exclusions qui conduit Michel Foucault à la découverte étonnante de ce'pouvoir sans lequel il n'est aucun autre pouvoir : le pouvoir du Discours. Ne reculant pas devant le scandale, Foucault a même l'audace d'étudier des \"cas\" qui vérifient tragiquement le pouvoir producteur du Discours : le cas Raymond Roussel, le cas Pierre Rivière.
 
Raymond Roussel, un écrivain que Janet soignait en tant que psychasthénique en proie à des obsessions-impulsions, et qui finit par se donner la mort, à moins qu'il n'ait été la victime consentante de son meurtre déguisé en suicide. Fallait-il passer par l'analyse de l'oeuvre de cet écrivain dipsomane, homosexuel, drogué et suicidaire, pour découvrir que le langage peut ne pas vouloir dire les choses, mais se dire lui-même, langage du langage où le signifiant est à lui-même son propre signifié ? Et pourquoi un professeur de philosophie organise-t-il un séminaire au
La Folie ? A en croire la Psychopathologie, sur laquelle s'est construite la Psychologie positive, la maladie mentale révèlerait par contraste l'essence de l'Homme. Mais, observe Foucault dans son premier ouvrage, Maladie mentale et Psychologie, c'est présupposer une essence immuable de l'Homme, une nature humaine. Par ce présupposé, la Psychologie essaie de dérober à l'Homme la conscience angoissante de sa liberté, comme déchirement d'avec la nature. Car la liberté passe par le risque de la Folie. Celle-ci n'est pas une maladie, mais le drame dans lequel l'homme s'accouche de son être, dans le risque et le tourment de la liberté. Le Discours de la Psychologie et son produit, la notion de Folie, escamotent cette vérité exigeante : la Liberté est une aventure. Il faut donc écrire L'Histoire de la Folie comme histoire d'un Discours qui masque le pouvoir d'ébranlement de la Folie. L'histoire de la Folie que propose Michel Foucault ne cherche pas à répondre à la question \"Qu'est-ce que la Folie ?', question qui présuppose une entité Folie, une essence de la Folie. Au contraire, Foucault demande, dans un style nietzschéen : \"Qui dit que la Folie est ceci ou cela ? Qui a intérêt à enfermer la Folie dans une définition, pour enfermer les fous dans des asiles

discours

« L e pouvoir du Discours et le discours du Pouvoir dans l'oeuvre de Michel Foucault Lucien GUIRLINGER Introduction L 'originalité et la force de la pensée de Michel Foucault proœdent d'une découvene : le pouvoir du Discours ! Cenes, la Magie déjà et le Mythe mettaient en oeuvre, sur le mode imaginaire, la créativité de la Parole.

Cenes, dans l'Evangile de Jean, "Au commen cement était le Verbe".

Et Platon, dans le Gorgias, nous montre l'émerveiUement des Grecs devant les pouvoirs confondants et ambivalents de la Réthorique des Sophistes, rhétorique captieuse dont Socrate combat la malfaisance éthique et politique par l'aust�re rigueur de sa Dialectique.

Mais précisément, ce que p-étend opérer la réflexion platonicienne sur le langage, c'est un renvers ement : il s'agit de subjuguer la puissance errante du verbe, de le faire passer sous le joug de la Raison, pour soumettre le langage à l'exigence de dire seulement ce qui est 1 Si "penser ce qui est, c'est la t!che de la philosophie", comme l'écrira Hegel, et si "ce qui est c'est la raison", le langage est désormais voué au Connattre et l'Eue p-écMe le Connattre.

Le langage se voit retirer son pouvoir créateur et conférer un devoir de fidélité à I'Etre.

Or, c'est un tel pouvoir au contraire que Michel Foucault redécouvre, ou plutôt découvre, dans la mesure où il prétend fondu et vérifier la capacité de ce qu'il appelle le Discours à prodmre ses objets.

Le Discours, ce n'est pas seulement le pouvoir de représenter les choses préexistantes en les nommant; le DiscoW'S �tiendrait réellement le pouvoir de faire exister les choses par la dénomination.

Or, ce pouvoir est imbriqué dans tous les pouvoirs au point d'en être inséparable.

Et, dans cette imbrication se nouent d'une mani�re inextricable tous les fils qui tissent le coeur de l'Individu moderne.

Cest ce noeud gordien que Michel Foucault nous invite à uancher pour nous affranchir de la servitude des pouvoirs.

La pensée de Michel Foucault, parce qu'elle s'est voulue "une philosophie présente, inqui�te et mobile" (L'ordre du Discours) est difficilement saisissable.Lui-même nous a prévenus.

à la fin de l'introduction à L'Archéologie du Savoir : "Plus d'un comme moi sans doute, écrivent pour n'avoir plus de visage.

Ne me deman dez pas qui je suis et ne me dites pas de rester le même : c'est une morale d'état civil, elle régit nos papiers.

Qu'elle nous la'isse libre quand il s'agit d'écrire".

Libre ? Michel Foucault rétait de façon déconcertan te.

A en croire Pierre Nora, '11 a passé son temps à n'être pas là où on l'attendait, dans son oeuvre et jusque dans sa vie".

Philosophie de la mort de l'Homme ? Parce que Michel Foucault dénonçait comme illusoires le primat du Sujet pensant et les privil�ges de la Conscience ? Parce qu'il rejetait comme vaine la quête herméneutique d'un sens profond, caché de I'Etre ? Parce qu'il écartait les idéologies prophétiques de l'Histoire ? Parce qu'il disqualifiait la prétention de toute Anthropologie à répondre. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles