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Le pouvoir de l'état est il facteur de liberté ou d'oppression ?

Publié le 15/01/2005

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C'est l'agglomération de tous les individus et de toutes les collectivités humaines plus restreintes qui le composent. Mais, du moment que pour le composer et pour s'y coordonner tous les intérêts individuels et locaux doivent être sacrifiés, le tout, qui est censé les représenter, qu'est-il en effet ? Ce n'est pas l'ensemble vivant, laissant respirer chacun à son aise et devenant d'autant plus fécond, plus puissant et plus libre que plus largement se développent en son sein la pleine liberté et la prospérité de chacun ; ce n'est point la société humaine naturelle, qui confirme et augmente la vie de chacun par la vie de tous ; c'est, au contraire, l'immolation de chaque individu comme de toutes les associations locales, l'abstraction destructive de la société vivante, la limitation ou, pour mieux dire, la complète négation de la vie et du droit de toutes les parties qui composent tout le monde, pour le soi-disant bien de tout le monde : c'est l'État, c'est l'autel de la religion politique sur lequel la société naturelle est toujours immolée : une universalité dévorante, vivant de sacrifices humains [...]. Avez-vous compris l'essentiel ?1 Qu'est-ce que l'État exige de l'individu ?2 L'État peut-il remplir sa fonction d'unificateur ?3 Les individus trouvent-ils l'égalité et la fraternité dans l'État ? Réponses: 1 - Qu'il se sacrifie, qu'il renonce à son individualité au profit du tout.2 - Non, il n'est rien d'autre que la pure négation de la liberté individuelle.

« 1 - Qu'il se sacrifie, qu'il renonce à son individualité au profit du tout.2 - Non, il n'est rien d'autre que la pure négation de la liberté individuelle.

De sorte que ce qu'on présente commel'intérêt de tous n'est en fait l'intérêt de personne.

Il n'est que l'incarnation du renoncement, la servitude même.3 - Non, car il n'est qu'un moyen pour les asservir ensemble.

Dans une société régie par l'État, les individuss'empêchent réciproquement d'agir, au lieu d'agir ensemble.

Aussi aboutit-on nécessairement à des rapports dedomination. — Point de vue marxiste: l'État ne représente pas d'autres intérêts que ceuxde la classe dominante — mais il fait croire, grâce à l'idéologie qu'il diffuse(par l'enseignement, le droit, la morale...) que ces intérêts sont universels(cf.

la critique, par Marx, des Droits de l'homme et du citoyen: l'homme dont ilest question n'est rien de plus que le représentant de la bourgeoisie). « Au fur et à mesure que le progrès de l'industrie moderne développait,élargissait, intensifiait l'antagonisme de classe entre le capital et le travail, lepouvoir d'État prenait de plus en plus le caractère d'un pouvoir public organiséaux fins d'asservissement social d'un appareil de domination d'une classe.Après chaque révolution, qui marque un progrès de la lutte des classes, lecaractère purement répressif du pouvoir d'État apparaît de façon de plus enplus ouverte» [La Guerre civile en France, p.

60-61].

La conception marxistede l'État est ici résumée dans son principe essentiel : l'État capitaliste estl'appareil de domination de la classe ouvrière par la bourgeoisie, y compris parla violence comme ce fut le cas, par exemple, durant les journées de juin1848.

Durant celles-ci, la république bourgeoise avait montré le despotismeabsolu d'une classe sur les autres classes.Ainsi, l'État n'est pas extérieur ou au-dessus de la société.

« Il est bien plutôtun produit de la société à un stade déterminé de son développement ; il estl'aveu que cette société s'empêtre dans une insoluble contradiction avec elle-même, s'étant scindée en oppositions inconciliables qu'elle est impuissante à conjurer.

Mais pour que les antagonistes, les classes aux intérêts économiques opposés, ne se consument pas —elles et la société — en une lutte stérile, le besoin s'impose d'un pouvoir qui, placé en apparence au-dessus de lasociété, doit estomper le conflit, le maintenir dans les limites de l'"ordre" ; et ce pouvoir, né de la société, mais quise place au-dessus d'elle et lui devient de plus en plus étranger, c'est l'État» [L'Origine de la famille, de la propriétéprivée et de l'État, p.

156].Si l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoire des luttes des classes, pour les mêmes raisons,l'État ou les différents États qui se sont succédé dans l'histoire ont toujours été ceux de la domination d'une classesur les autres, dans le but de maintenir — souvent par la violence [Anti-Dühring, p.

208 sq.] — l'ordre social.

D'oùl'idée d'une disparition de l'État dans une société sans classe, le communisme, avec quelques difficultés sur lesmoyens d'y parvenir Dans cette optique, l'État n'est qu'une manifestation de la lutte des classes; sa disparition est programmée (après lesocialisme, dans le communisme), mais elle suppose une transformation radicale des citoyens qui réagiront, après laRévolution, en termes d'intérêt immédiatement collectif (cf.

ci-dessous: La vision marxienne du communisme). Conclusion Les choses nous semblent moins « nobles » que les personnes.

Ne sont-elles réellement qu'un obstacle à lacompréhension entre les hommes ? Saint Augustin disait que l'âme s'égarait en se dispersant dans les choses, etMarx dit que le communisme proclamera la « déchéance de la catégorie de l'avoir », les choses ne cessant de diviserles hommes qu'en cessant d'être possédées.

Mais notre essence d'hommes ne fait-elle pas de nous solidairementdes êtres de besoins et de désirs ? Dès lors, comment la relation à l'autre pourrait-elle faire abstraction du mondedes choses ? Si l'activité humaine centrée sur le monde des choses les rabaisse au rang de marchandises,l'introduction des choses dans le champ des relations humaines ne les élève-t-elle pas au rang de signes ?¦ La vision marxienne du communisme Selon Marx, le travail, libéré de l'aliénation issue de la propriété privée des moyens de production, donnera naissanceà une société sans classe.

En effet, le prolétariat constitué en classe dominante détruit par la violence l'ancienrégime de production et anéantit par là même les conditions de l'antagonisme des classes.

En mettant fin à celui-ci,il détruit aussi sa propre domination comme classe [Manifeste..., p.

69-701.

Les détracteurs de Marx, et en premierlieu Proudhon, ont vu, dans cette proposition d'une société communiste sans classe, la fin de l'histoire.

Prenantappui sur la maxime du Manifeste selon laquelle « l'histoire de toute société jusqu'à nos jours n'a été que l'histoiredes luttes de classes », ces détracteurs avançaient qu'une société sans classe était une société sans histoire.Marx, au contraire, considère que l'histoire continue dans le communisme, au-delà de l'antagonisme de classes quiest détruit.

Tous les textes de Marx et d'Engels s'accordent sur ce point, des textes philosophiques de jeunesse auCapital, au Manifeste ou aux textes plus sociologiques d'Engels : «Dans son principe, le communisme se situe au-. »

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