Le poète Jacques Jouet affirme dans « A supposer n°10 » : « le poème [est] le lieu de réconciliation manifeste entre ces grands faux ennemis de la littérature, l'éloquence et le lyrisme, le fabriqué et l'inspiré, éloquence et lyrisme dès lors remis à leur juste place et quasi interchangeables puisqu'ils se fondent l'un dans l'autre comme la matière et l'esprit, que la langue française a peut être tort de distinguer. » Qu'en pensez-vous ?
Publié le 01/04/2012
Extrait du document
Au XXème siècle, une frange de la poésie se lance dans une dimension ludique de la poésie, et dans une exploration du pouvoir des mots. Le jeu avec les mots n’est pas voué à la futilité, mais repose sur l’idée qu’en jouant avec les mots, on peut découvrir de nouvelles images, des perspectives, de nouveaux sens. Le pouvoir créateur et révélateur du langage poétique explique l’importance accordée aux jeux du langage par les poètes surréalistes, et les membres de l’Oulipo ( Ouvroir de la littérature potentielle ). Jacques Jouet, poète Oulipien né en 1947, dans « A supposer n°10 « offre une définition de la poésie qui peut paraître surprenante à certains égards.
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Au XXème siècle, une frange de la poésie se lance dans une dimension ludique de la
poésie, et dans une exploration du pouvoir des mots.
Le jeu avec les mots n’est pas voué à la
futilité, mais repose sur l’idée qu’en jouant avec les mots, on peut découvrir de nouvelles
images, des perspectives, de nouveaux sens.
Le pouvoir créateur et révélateur du langage
poétique explique l’importance accordée aux jeux du langage par les poètes surréalistes, et les
membres de l’Oulipo ( Ouvroir de la littérature potentielle ).
Jacques Jouet, poète Oulipien né
en 1947, dans « A supposer n°10 » offre une définition de la poésie qui peut paraître
surprenante à certains égards.
En effet, l’auteur ne se contente pas de l’image souvent véhiculée de la poésie écrite
spontanément par un être romantique et exalté, chantant son amour ou sa plainte au sommet
d’une falaise ou au bord d’un lac ; Jacques Jouet parle de la poésie comme le lieu de
réconciliation entre de faux ennemis de la littérature comme l’éloquence qui est l’aptitude à
s’exprimer avec aisance pour persuader et le lyrisme qui se caractérise par l’écriture poétique
des émotions, des sentiments, des états d’âme dont le chef de file est Lamartine.
Encore plus
surprenant il associe le fabriqué et l’inspiré, le fabriqué produit d’un travail long et réfléchi,
de règles, serait interchangeable avec l’inspiré ayant un caractère spontané et qui semble
comme provenir d’une muse, de la nature ou d’une divinité pour des poètes croyants.
En
outre, pour le poète oulipien ses termes se fondent l’un dans l’autre comme la matière et
l’esprit qui sont indissociables.
En effet, l’esprit guide la matière et la matière sert de support
à l’esprit.
Cette comparaison judicieuse de l’auteur nous pousse à nous questionner sur la nature du
lien unissant le lyrisme inspiré car provenant du ressenti et du vécu du poète et l’éloquence
fabriqué car le fruit d’un travail méthodique d’argumentation pour persuader dans la poésie.
En somme, comment la poésie allie génie, inventivité du poète et travail besogneux ainsi
que contraintes du langage? Dans quelle mesure le lyrisme et l’éloquence, le fond et la forme
de l’écriture poétique peuvent-ils être associés et formés un tout dans le lieu de réconciliation
qu’est la poésie ?
Dans un premier temps, nous aborderons les règles de langages en poésie et leur incidence
sur les deux notions que sont l’éloquence ou le fabriqué et l’inspiré ou le lyrisme, puis, dans
un second temps nous nous efforcerons de d’expliquer en quoi l’association de l’éloquence et
du lyrisme, le jeu entre libertés et contraintes sert les différentes fonctions de la poésie
notamment lorque la visée est polémique didactique ou philosophique..
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