Le physicien a-t-il affaire à la réalité ?
Publié le 17/01/2022
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Le physicien a-t-il affaire (a-t-il comme objet d'étude) à la réalité, ou bien les lois qu'il découvre sont-elles seulement le produit de la capacité de sa raison à mettre de l'ordre dans les phénomènes qu'il observe? Cette problématique se trouve très bien posée dans cet autre sujet d'interrogation philosophique : «Doit-on parler de lois de la nature ou de lois scientifiques?" Toute la question de l'objectivité des sciences de la nature tient dans cette nuance. On appelle en philosophie cette problématique celle du réalisme.
Le second aspect de la problématique vient de l'analyse du concept de réalité. Ici, la question serait plutôt : à quelle réalité le physicien a-t-il affaire? Est-ce la réalité sensible? Est-ce une réalité intelligible? Qu'est-ce qu'une réalité intelligible? A l'horizon de cette problématique est en jeu notre conception de la réalité. Que devons-nous entendre finalement par ce mot ?
La physique est la science des corps matériels et de leurs propriétés. Il semble bien difficile de dire que le physicien qui étudie la matière n'a pas affaire à la réalité. Mais, l'existence de lois physiques n'est ni évidente ni démontrable. Le physicien ne pose leur existence qu'à titre de postulat et comme condition nécessaire à la construction abstraite du fait scientifique.
- I) La physique décrit le réel.
a) La main à la pate !
b) L'objet de la physique: la nature.
c) Les théories de la physique permettent d'agir efficacement sur le monde.
- II) Le fait scientifique est une construction de l'esprit.
a) Le physicien nous parle d'un monde irréel.
b) Où est l'atome si cher à la physique molléculaire ?
c) La physique comme métaphysique du monde.
.../...
«
pas fondée sur l'observation, affirme-t-il, mais sur l'intuition que nous avons des relations spatiales.
Or, ditKant, la science newtonienne se trouve dans une situation analogue.
.
Bien que confirmée par desobservations, elle n'est pas forcément produite par ces observations.
Ce sont au contraire nos propresmanières de penser, nos efforts pour ordonner les observations qui échafaudent notre appréhensionscientifique.
Ce ne sont pas les données sensibles, mais notre entendement de ces données, l'organisation dusystème d'assimilation que constitue notre esprit qui permettent l'élaboration des théories.
La nature telle quenous la connaissons, avec son ordre et ses lois, est donc en grande partie le fruit des processus d'assimilationet de mise en ordre propres à notre esprit.
Pour reprendre la formulation frappante qu'en a donnée Kant : «L'entendement ne puise pas ses lois dans la nature mais les lui prescrit.
»Il invente donc des artifices.
Ainsi, une théorie n'est pas directement descriptive, c'est un modèle abstrait.Mais, de ce modèle, le physicien déduit des descriptions et des explications de la réalité.
L'efficacité comme preuve que la physique a bien affaire à la réalitéLa connaissance des lois qui régissent les phénomènes donne au physicien un pouvoir sur le monde.
Avec lessciences, l'homme peut devenir comme maître et possesseur de la nature.
Il peut agir sur la matière, latransformer.
Et quoi de plus réel que l'intervention de l'homme sur le monde? Le moindre objet technique quej'utilise est la preuve concrète que la physique a affaire au réel.
[Plus la science physique progresse, plus le physicien s'éloigne du réel tel qu'il nous apparaît concrètement.
Un concept physique comme l'atome rompt totalement avec l'expérience sensible.]
Le physicien ne parle pas du réelIl n'y a aucun rapport entre le temps du physicien et celui vécu.
Le temps mesuré par le scientifique est untemps objectif, homogène, spatialisé.
En revanche, le temps vécu est subjectif, hétérogène, durée pure.
Uneseconde pour le physicien vaut n'importe quelle autre seconde.
Au contraire, une heure passée auprès del'aimé semble n'avoir duré qu'une fugitive seconde.
Or, précisément, le fait que tous les temps se valent exclutle temps véritable, celui que nous vivons et qui ne fait jamais surgir deux fois la même réalité.
Jankélévitchparlera de "primultimité", chaque première fois et aussi toujours la dernière.
Chaque amour est à la fois premieret dernier.
Lorsque le physicien cherche des lois, il met de côté le fait que l'homme ne connaît pas cetterépétition des événements dont la science a besoin pour formuler ses lois.
En effet, sans répétition desphénomènes, sans déterminisme, aucune science ne serait possible.Bachelard considérait l'expérience immédiate comme le premier obstacle à la connaissance scientifique.
Lesinformations fournies par les sens, le vécu sont source d'erreurs.
Ainsi, par exemple, de ce que cette pierretombe plus vite que ce morceau de liège, j'en viendrai à établir une distinction entre «lord» et «léger» et àconclure que la vitesse de la chute des corps est liée à leur masse.
Or les scientifiques ont établi que, dans levide, tous les corps tombent à la même vitesse.
La formule scientifique par Galilée de la loi de la chute descorps e= ½ gt2 contredit les données communes de la perception.
TEXTE : Les concepts scientifiques en rupture avec l'expérience immédiate..
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