Le philosophie est-il notre contemporain ?
Publié le 11/05/2012
Extrait du document

— Lectures
• Sartre, Situations II
• Desanti, La Philosophie et les pouvoirs
• Hegel, Leçons sur l'Histoire de la philosophie
— Autres sujets
— Penser, est-ce dire « non » ? (B, 1983)
— La guerre contre les préjugés a-t-elle une fin ? (CDE, 1991 )
— La philosophie doit-elle aller contre le sens commun ? (B, 1990)
— La philosophie nous détache-t-elle du monde ? (B, 1990)
— La philosophie recherche-t-elle la vérité ou le sens ? (CDE, 1986)
....
ce qu’il doit à l’« écume des jours » (choix politiques, réflexions sur l’état contemporain de la science) ne demeurera, au mieux, qu’à titre d’information. Mais c’est par la façon dont il aura fait évoluer quelques concepts fondamentaux qu’il s’inscrit dans une autre histoire, qui n’est plus simplement événementielle et liée à l’actualité, mais qui est celle de la Pensée.

«
•
admettre qu'un philosophe n'a rien d'un rêveur, qu'il est bien un homme de son
temps, et qu'il l'est même
nécessairement- c'est-à-dire s'il veut répondre à ce
que suppose en tant que telle sa tâche spécifique.
• Même si sa spécialité consiste à réfléchir, le philosophe est d'abord un homme
comme les autres.
Il lui serait en conséquence bien difficile d'échapper aux carac
tères singuliers de son
temps: tout individu dépend en grande partie de l'époque
où il vit, non seulement pour ce qui concerne les aspects matériels de l'existence,
mais aussi pour ce qui en constitue les modes possibles de pensée.
Chaque
moment historique produit une mentalité particulière à laquelle
il est impossible à
qui que ce soit d'échapper.
Aussi l'idée
d'un isolement total du philosophe relati
vement à son époque est-elle non seulement simpliste, mais bien totalement illu
soire.
Marx rappelait d'ailleurs que
la philosophie elle-même ne tombe pas du
ciel: si l'on admet avec lui que la philosophie est un aspect des superstructures,
cela signifie bien qu'elle est étroitement liée aux conditions matérielles qui favori
sent son élaboration.
• Mais il n'est pas même nécessaire d'affirmer avec Marx le caractère idéolo
gique de la philosophie pour constater que les philosophes ont toujours prétendu
inscrire leur
réflexion dans la contemporanéité.
Platon le tout premier, dont on
affirme si volontiers que le système est idéaliste, n'envisage-t-il pas les retombées
politiques de sa
pensée? Si l'on peut admettre que La République constitue
l'aboutissement de cette dernière, cela signifie clairement que ce philosophe-là,
pour sa part, ne conçoit aucunement son travail comme sans rapport avec son
temps.
L'exemple socratique lui a montré que la tâche du philosophe consiste à se
préoccuper authentiquement de ce qu'admettent ses contemporains, et à tenter de
les amener à la conscience des valeurs que véhicule leur opinion.
C'est donc bien
dès son origine que le philosophe s'accorde le rôle d'intervenir dans sa cité, sur ce
qui est bien son milieu, son époque.
• Sans doute la réflexion implique-t-elle une distance, un mouvement de recul
par rapport à ce qui est immédiatement donné ou imposé.
Mais cette mise à dis
tance n'équivaut nullement à une ignorance, tout au contraire : comment critiquer
ou contester ce dont on n'aurait pas connaissance?
Si le philosophe définit volon
tiers son travail par sa dimension critique,
il est clair que cette dernière suppose un
repérage de ce qui est criticable, et donc une inscription dans l'époque.
• À la différence de ses contemporains, le philosophe serait ainsi à la fois dans
son temps et à distance de la stricte actualité.
Car cette dernière compose par défi
nition un ensemble instable, toujours en transformation, d'informations plus ou
moins importantes.
La loi de l'actualité est de passer, et donc d'être rapidement
oubliée : il apparaît ainsi que
le philosophe ne peut y être intégralement lié,
puisqu'une telle relation signifierait que son discours se condamnerait de même à
disparaître, et n'aurait aucune chance de durer.
Or, ce qui distingue les énoncés du
philosophe de la simple opinion de la rumeur,
c'est qu'ils durent bien au-delà du
temps de leur
émission- comme le confirme simplement, mais suffisamment, le
fait que Saint Thomas ou Descartes, Kant ou Leibniz restent lisibles bien après
leur époque.
C'est que le philosophe emprunte à son temps, non ses formules,
mais des thèmes ou des prétextes à formuler autre chose.
Le rapport à l'actualité
du philosophe
n'est donc pas le même que celui qui produit de simples opinions:
il est quête de sens, de ce que peut signifier cette actualité, c'est-à-dire de la façon
dont y
affleurent, de manière plus ou moins cachée, des valeurs qui l'excèdent.
La
posture philosophique peut dès lors apparaître en proie à un double risque : soit
qu'elle s'immerge trop dans l'immédiat, soit quelle
s'en éloigne de façon exces
sive.
Dans le second cas, on pourrait accuser le philosophe de son indifférence à.
»
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