Le philosophe est-il nécessairement un homme de son temps ?
Publié le 27/02/2005
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Pour Hegel, le philosophe reste tributaire de son époque : il hérite de saculture même s'il essaie de s'en sortir : la philosophie ne peut se détacher deson moment d'histoire.
Par exemple, Aristote critique les Idées de Platon etles pensées des sophistes, mais il reste tributaire de ses catégoriesintellectuelles et sociales en ne remettant pas en cause, par exemple, lanécessité de l'esclavage, intérêt des maîtres grecs.
Ainsi pour Marx, les idées ne sont que les reflets des processus économiqueset matérielles.
La conscience ou l'idée qu'elle porte est le reflet du mondeconcret, une projection abstraite qui part des cadres sociaux matériellementdéterminés.
Par exemple, pour Marx, l'Esprit de Hegel est le principe quireflète la mentalité bourgeoise et libérale.
Cela ne veut pas dire pour autantchez Marx que le philosophe est un enfant soumis et docile, mais c'est unadolescent en rebellion.
[ B) parce que ] Le philosophe vit dans son temps dans la mesureoù il le dépasse.
« Dépasser son temps » semble contradictoire.
Le philosophe est désireux devérité ( sa définition étymologique ), la recherche en fonction des besoins etdes attentes de son temps : il apporte avec recul ce que l'on n'arrivait pas à se donner.
Par exemple, dans l'AncienRégime, la société ressentait un certain malaise : Rousseau remonte à sa source : « l'inégalité parmi les hommes ».Il développe pour le résoudre une conception d'une nouvelle société avec pour idéaux : liberté et égalité.
Il annoncedonc, en dépassant ou en anticipant son époque, la Révolution Française.
Le philosophe paraît distant par rapport àson époque, mais il n'en est pas indifférent ; il veut faire avancer son temps, de façon différente de la masse qu'ilpeut juger maladroite ou aveuglée.
Pour Marx, il s'agit pour la philosophie de changer le monde et non plusseulement avant lui de l'interpréter passivement ou d'interpréter ses changements.
C'est pourquoi, il affirme :« jusqu'à présent, les philosophes n'ont fait qu'interpréter le monde, il s'agit désormais de le transformer » dans la XIème Thèse sur Feuerbach .
En 1845, Marx écrit les « Thèses sur Feuerbach ».
La onzième précise que « Les philosophes n'ont fait qu'interpréter diversement le monde, ce qui importe, c'est de letransformer ».
Contrairement à ce que prétend une interprétation courante, il ne s'agit pas pour Marx de répudier la philosophie et le travail de réflexion, mais de le redéfinir, et de lui donner une nouvelle place, une nouvelle tâche.
Marx ne récuse pas la pensée, mais sa transformation en idéologie, son éloignement de la pratique.
La onzième thèse clôt la série de note rédigées par Marx en 1845 qui constitueront le point de départ de la rédaction, avec la collaboration d' Engels , de l' « Idéologie allemande » (1846).
Ces thèses, qui ne sont pas initialement destinées à la publication, paraîtront après la mortde Marx à l'initiative de Engels , qui les présente comme un document d'une valeur inappréciable puisque s'y trouve « déposé le germe génial de la nouvelle conception du mode ».
Etape décisive dans la maturation de la pensée de Marx , cet ensemble d'aphorismes, en dépit de son apparente limpidité, ne peut être compris indépendamment de ce qui précède et de cequi suit le moment de sa rédaction.
Nul texte, en ce sens, ne se prête davantage au commentaire,alors même, paradoxalement, que cette onzième thèse semble dénier toute légitimité à l'activitéd'interpréter.
Formé à l'école de la philosophie allemande, lecteur de Hegel avant de devenir émule de Feuerbach (qui est un « matérialiste » au sens des Lumières), Marx construit sa propre compréhension du monde en « réglant ses comptes avec sa conception philosophique antérieure ».
Le terme de « philosophie » désigne ici la représentation théorique dominante à son époque, qui fait de la transformation des idées la condition nécessaire et suffisante de la transformation du monde.
(Ce qui constitue une vision « idéaliste » de l'histoire et des rapports de la théorie à la pratique.)
Brocardant ceux qui possèdent « la croyance en la domination des idées », Marx leur oppose l'affirmation que « les représentations, la pensée, le commerce intellectuel des hommes apparaissent […] comme l'émanation directe deleur comportement matériel ».
Là gît le fond du désaccord avec Feuerbach : si celui-ci affirme bien la nécessité de faire commencer la philosophie avec et dans la « non-philosophie », dans la vie réelle, il réduit celle-ci à l'existence individuelle d'un homme pensé de manière abstraite, coupé des rapports sociaux (et par suite restreint à sa dimension sensible).
L'opération critique effectuée ici par Marx consiste à redéfinir la réalité humaine.
Il s'agit de rejeter la thèse de l'existence d'une nature humaine et de lui substituer l'analyse d'une réalité sociale complexe et structurée, où les.
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