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Le nihilisme de F. NIETZSCHE

Publié le 05/01/2020

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nietzsche
Disciple de Schopenhauer, Nietzsche se demande ce qu'il en est de l'homme, quand « Dieu est mort », c'est-à-dire quand disparaissent les références à un absolu, qu'il s'agisse de Dieu ou d'une croyance de substitution : vérité scientifique ou sens de l'histoire. C'est dans ce texte qu'il introduit pour la première fois la notion de nihilisme.
 
« L’homme contre le monde », l’homme principe « négateur du monde », l’homme comme étalon des choses, comme juge de l’univers qui finit par mettre l’existence elle-même sur sa balance pour la trouver trop légère - tout cela est d’un mauvais goût monstrueux et écœurant, - quoi de plus risible que de placer « l’homme et le monde » l’un à coté de l’autre, quelle sublime présomption que ce petit mot « et » qui les sépare ! Mais quoi ? En rire, n’est-ce pas faire un pas de plus dans le mépris des hommes ? Et, par conséquent aussi, un pas de plus dans le pessimisme, dans le mépris de l’existence, telle que nous la percevons ? N’est-ce pas tomber dans le soupçon qu’occasionne ce contraste, le contraste entre ce monde où, jusqu’à présent, nos vénérations avaient trouvé un refuge - ces vénérations à cause desquelles nous supportions peut-être de vivre - et un monde qui n’est autre que nous-mêmes : un soupçon implacable, foncier et radical à l’égard de nous-mêmes, qui s’empare toujours davantage de nous autres Européens, nous tient toujours plus dangereusement en sa puissance et pourrait facilement placer les générations futures devant cette terrible alternative : « Supprimez vos vénérations, ou bien - supprimez-vous vous-mêmes ! » Le dernier cas aboutirait au nihilisme ; mais le premier cas n’aboutirait-il pas aussi au nihilisme ?
 
- C’est là notre point d’interrogation !
Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir (1882), § 346, trad. Henri Albert, revue par M. Sautet, Le Livre de poche, 1993, p. 352.

nietzsche

« POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEXTE Nietzsche vient, de façon ironique, de définir l'homme comme « l'animal qui vénère », c'est-à-dire qui a besoin pour vivre, pour supporter sa propre limitation, sa médio­ crité, de croire en un absolu.· C'est « l'instinct de fai­ blesse » des êtres humains qui fait la force de leurs croyances.

Nietzsche parlera plus loin de « cet impétueux désir de certitude qui se décharge aujourd'hui encore sous des allures scientifiques ou positivistes dans les grandes masses » (Le Gai Savoir, § 347).

Or, prendre conscience de ce besoin mensonger de croire, c'est savoir que le monde est sans Dieu, sans rai­ son, sans fin morale, donc « inhumain ».

C'est au pessi­ misme moderne, à celui de Schopenhauer, que Nietzsche rapporte « la prétention d'inventer des valeurs qui dépasse­ raient le monde véritable », prétention « humaniste » qui s'exprime dans l'alternative : l'homme et le monde.

Quel sens aura alors toute existence et d'abord celle de l'homme lui-même, « ce monde que nous sommes nous mêmes » ? Nietzsche pense surtout à l'effondrement de la morale.

L'interrogation qui termine le texte (« notre interro­ gation ») est celle du philosophe qui prend conscience du « nihilisme », c'est-à-dire, que toutes les valeurs ont perdu leur fondement.

Le terme même de nihilisme semble avoir été emprunté à Paul Bourget dans ses Essais de psycholo­ gie contemporaine.

Il avait déjà désigné un scepticisme radical èt désespéré, ainsi qu'un mouvement révolution­ naire russe extrêmement violent.

La question de savoir si la mort dè Dieu n'est pas tout autant /a mort de l'homme sera souvent reprise de nos jours.

Quant à Nietzsche lui­ même, il cherchera un au-delà du nihilisme dans la venue du « sUrhomme » enfin pleinement affirmatif.

Mais l'inter­ prétation raciste donnée parfois à cette notion de sur­ homme est une falsification de la pensée de Nietzsche.. »

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