Le Moyen Age : tendances générales en philosophie
Publié le 11/03/2022
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centre d’un autre, sinon la qualité des acteurs. Pourtant, des programmes éditoriaux existent, qui semblent plaider en faveur des « philosophies nationales ». En 1901, en l’espèce d’une édition du Traité « De unitate formae » de Gilles de Lessines, M. De Wulf publie le premier volume d’une série qui dure encore : Les Philosophes belges. Plus près de nous, deux autres projets d’envergure voient le jour : le Corpus phïlosophorum Danicorum Medii Aevi, inauguré par l’édition des Johannis Daci Opéra en 1955, grâce au travail pionnier d’A. Otto, et le Corpus phïlosophorum Teutonicorum Medii Aevi, esquissé dès 1977 avec la publication des œuvres de Dietrich de Freiberg, puis définitivement installé avec celle des premiers tomes de ï’Expositio super Elementationem theologicam Pro-cli. Prologus. Propositiones 1-13, de Berthold de Moosburg, entamée par M.-R. Pagnoni-Sturlese et L. Sturlese en 1984. Face à ces trois projets, rien de comparable pour la France. On dira que d’autres grandes nations manquent à l’appel. Sans doute. Mais pas autant que l’on pourrait croire. Quand ils n’ont pas de lieu éditorial propre, les philosophes « nationaux » se glissent dans des séries plus englobantes. La Grande-Bretagne a son corpus', les Auctores Britannici Medii Aevi, publiés par Oxford University Press, où figurent, entre autres, Robert Kilwardby et Richard de Kilvington. En 1978, l’Irlande philosophique entre en scène, en accueillant dans les Scriptores Latini Hibemiae le Periphyseon de Jean Scot Erigène. Que signifie, dans ces conditions, l’absence de la France et des Français ? Le phénomène est complexe.
Les philosophes français du Moyen Age, à supposer qu’ils existent, ont certainement souffert du discrédit d’ensemble qui a frappé la pensée médiévale à l’époque des Lumières. Ce qui s’est écrit, à cette époque, sur la pensée médiévale, dans l’implacable rigueur d’une langue alors universelle, le français, n’a guère incité la mémoire nationale à renouer avec un passé globalement relégué. Ouvrons, pour l’exemple, le Cours d’études de Condillac. L’histoire de la philosophie médiévale y apparaît tout entière comme celle d’une déplorable mainmise de la logique sur le régime des études et des savoirs. Ne pouvant raisonner sur des idées, les «scolastiques raisonnent sur les mots et font des syllogismes ». Cet art, on l’aura deviné, est « facile » : il suffit de « ne déterminer ni l’état de la question ni la signification des mots ». Par ce moyen, on « multiplie les disputes » sans en terminer jamais aucune, et l’on produit des « sophismes » sans même être capable de s’en apercevoir. Bref ; on raisonne, mais
« LEMOYENÂGE Alain de LIBERA. »
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