Le monde des dieux, des héros et des monstres
Publié le 26/03/2015
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Par ailleurs, le matériau mythique réinvesti par Racine véhicule des valeurs : il met en évidence le « système « racinien. Il n'y a dès lors pas de quoi s'étonner qu'il choisisse dans le corpus mythique les mythes sacrificiels ou ceux qui se rattachent aux familles maudites : ils rendent compte de manière privilégiée des rapports du sacré et du profane, tels que Racine les envisageait. Pour le janséniste Racine, il n'y a pas de liberté humaine et le héros est aliéné et seul. Ces mythes sont donc autant de figures typiques ou de récits exemplaires de la condition humaine, faite de contradictions et d'ambiguïtés. L'exemplarité du héros tragique n'est pas dans sa perfection, mais dans son universalité.
«
les prières et les malédictions rappelant que les mortels sont encore mêlés aux divi
nités mythologiques, créent
un climat d'horreur sacrée, qui conjugue avec force le
tragique et !'esthétique.
Il -LA RÉINTERPRÉTATION DES MYTHES
LE «SYSTÈME» DE RACINE
L' exe~plarité d,t1~~It.11.~
L'inscription des tragédies dans un cadre légendaire ou mythique a une fonction
poétique et symbolique forte.
L'univers mythologique est celui des origines, du
temps primordial où l'homme était nu face au monde : Iphigénie nous renvoie au
temps où les dieux exigeaient des sacrifices
humains; et l'invisible Calchas est une
figure de ce
« dieu caché » qui préside aux destinées
humaines.
Le mythe permet
à
Racine de constituer son système tragique, dans la mesure où il met face à face les
trois entités constitutives de la tragédie: la divinité, l'homme
et le monde.
Le conflit
tragique repose alors sur le fait que les exigences de la divinité, qui constituent la
vie même du héros, sont, par rapport au monde, irréalisables.
C'est tout le conflit
qui déchire Agamemnon, pris entre le devoir que lui impose !'oracle et le refus que
lui dicte son amour paternel.
Une fonction sy~~~!i~lll~
Par ailleurs, le matériau mythique réinvesti par Racine véhicule des valeurs : il
met en évidence
le« système» racinien.
Il n'y a dès lors pas de quoi s'étonner qu'il
choisisse dans le corpus mythique les mythes sacrificiels ou ceux qui se rattachent
aux familles maudites : ils rendent compte de manière privilégiée des rapports du
sacré et du profane, tels que Racine les envisageait.
Pour le janséniste Racine, il n'y a pas de liberté humaine et le héros est aliéné et seul.
Ces mythes sont donc autant
de figures typiques ou de récits exemplaires de la condition humaine, faite de
contradictions et d'ambiguïtés.
L'exemplarité du héros tragique
n'est pas dans sa
perfection, mais dans son universalité.
Racine se réapproprie donc la figure mythologique du monstre, pour en faire un
des emblèmes de son univers tragique.
L'omniprésence de la monstruosité -réelle
ou figurée -dans Phèdre est bien emblématique de l'univers moral des héros, dans
sa dimension inhumaine et terrifiante.
Aricie tient ainsi à Thésée des propos
d'une
ambiguïté redoutable :
« Vos invincibles mains
Ont de monstres sans nom affranchi les humains
Mais tout
n'est pas détruit et vous en laissez vivre
Un ...
» (V, 3, v.
1443-1446).
De même, l'image du labyrinthe, issue de la légende du Minotaure, devient, dans
le système racinien, le symbole de la complexité du cœur humain.
Figure de la fer
meture et de !'errance, le labyrinthe est le lieu tragique par excellence, puisque le
héros
n'y avance que pour se perdre.
Conclusion : C'est donc en artiste et en janséniste que Racine adapte le
matériau mythique pour lui donner sens à l'intérieur de son système drama
tique : à travers récits et légendes fabuleuses,
c'est toujours de l'homme
qu'il s'agit, et de sa faiblesse ontologique..
»
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