Le meilleur des gouvernements est-il celui qui gouverne le moins ?
Publié le 02/04/2011
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Introduction La formule qui nous sert ici de point de départ est une pétition de principe, autrement dit une manière de régler le problème avant même de l'avoir posé. En effet, elle revient à suggérer que tout gouvernement est par essence abusif, dangereux, pénible et que l'on doit limiter ce mal, peut-être nécessaire, mais sans se poser la question de la fonction de l'État et donc du gouvernement. Le sujet remplace la question de la qualité («le meilleur«) par celle de la quantité («le moins«). Donc s'en tenir à cette conception, ce serait esquiver l'interrogation sur la qualité et donc la fonction du gouvernement. Au contraire, au coeur de notre recherche doit justement se trouver la question: quel service s'agit-il de rendre et comment le rendre bien? Mais puisque le point de départ est la méfiance radicale à l'égard de cette institution, demandons-nous pour commencer si l'absence de gouvernement serait concevable.
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mulée par Montesquieu, mais déjà implicitement invoquée auparavant pour réclamer la limitation du pouvoir royal: ilfaut interdire la concen- tration entre les mains du même homme ou petit groupe des trois pouvoirs que sontgouverner (pouvoir exécutif), faire les lois (pouvoir législatif) et juger (pouvoir judiciaire).
Il est dangereux pour laliberté que les mêmes soient maîtres de la fixation des règles, de leur appli- cation et de la sanction de leurinapplication.
Pourtant, pourrait-on objecter, ne serait-ce pas plus rationnel? Ce ne serait que superficiel- lementefficace et cela réclamerait une prodigieuse honnêteté du gou- vernant, pour le dissuader de tomber dans l'arbitrairecomplet qui devient en pareil cas très tentant.
Donc un bon gouvernement est concevable s'il se limite à exercer safonction, et que les règles constitutionnelles lui interdisent d'en sortir.
Cependant, il reste à se rappeler que legouvernement n'est pas une abstraction politique comme l'État, mais une réalité humaine composée d'individus.C'est pourquoi il faut maintenant aborder la question de la fonction, du rôle et même du métier de politique.
B.Si les hommes d'État remplissent leur fonction
Nous allons suivre ici Platon, qui aborde au moins sous trois angles différents la compétence de l'homme d'État,objet troublant pour la réflexion philosophique.
D'un côté, dans l' Apologie de Socrate , les hommes politiquess'avèrent incapables de justifier leur autorité; dans le Ménon , on est conduit à admettre que, lorsque leur politiqueest bonne, c'est par l'effet d'une « opinion droite», donc non pas d'un savoir rigoureux, mais d'une intuition juste parhasard ou d'une inspiration irrationnelle.
D'un autre côté, dans la République , dans le cadre d'une Cité idéale, lespolitiques seraient sélectionnés et formés de manière si rationnelle que leur com- pétence dans la direction de lasociété ne ferait plus aucun doute.
Cependant, en troisième lieu, dans le Politique , une théorie du bon gou- vernantnous est proposée: elle oppose en deux moments successifs un antimodèle et un modèle positif.
Platon procède parl'analyse d'une comparaison (méthode du paradigme).
Le gouvernant est-il pour son peuple comme le berger pourson troupeau? Non, car n'appartenant pas à la même espèce que ses bêtes, et ne les soignant que pour lesexploiter ensuite, il nous fournit en fait le modèle du tyran.
N'est-il pas plutôt comparable au tisserand? Oui, car luiaussi fait un travail de com- binaison d'éléments différents, voire contradictoires, pour aboutir à une totalité solideet harmonieuse.
Tisser, c'est entrelacer des fils de qualités différentes et dont les propriétés vont se compléter;gouverner, c'est « produire» le corps social par l'imbrication solide des groupes qui seraient pourtant spontanémentétrangers et antagonistes.
Ainsi le gouvernant compétent est-il très exactement «politique», c'est- à-dire garant dela cohérence, sinon de l'existence même de la « polis» , la Cité.
Il se préoccupe de son véritable bien, qu'il considèrecomme une fin en soi.
Le mauvais gouvernant, incompétent, mais surtout incapable de sens civique, tels le tyran etle démagogue, ne cherche qu'appa remment le bien des citoyens, puisque ce bien n'est en réalité pour lui qu'unmoyen au service de ses propres fins, orgueil, toute-puissance, richesse.
Ne soyons pas naïfs et reconnaissons quec'est là la norme idéale.
Demandons justement à cette norme ce à quoi elle peut servir: nous donner un instrumentd'évaluation de la qualité de nos gouvernements.
Conclusion Le gouvernement n'est pas qu'un mal nécessaire; il peut être un bien si des normes claires lui sont fixéeset que les gouvernés ne le laissent pas les transgresser: normes constitutionnelles et normes éthiques, comme nousl'avons vu.
\Sujet désiré en échange :http://www.devoir-de-philosophie.com/dissertation-guerre-mal-necessaire-10416.html.
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