Le mariage de Figaro Beaumarchais Acte V scène 6
Publié le 26/09/2018
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La référence à la journée rappelle les exigences du théâtre classique, rassemblées par Boileau et qu'énoncentces deux vers tirés de son Art poétique : \" Qu'en un jour, un lieu, un seul fait accompli
Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli\" Beaumarchais respecte artificiellement cette contrainte puisque, bien que l'action n'excède pas la durée des 24 heures, la journée se déroule dans une telle folie que l'on n'a plus l'impression de se cantonner dans un cadre temporel aussi étroit. En effet, cette journée est \"folle\". Elle l'est par son rythme endiablé, par la multiplicité peu vraisemblable des intrigues, des événements, des rebondissements, par les transgressions et les audaces qu'elle autorise (les maîtres sont défiés, on joue avec le désir amoureux). Le Mariage de Figaro : sous-titre de la pièce. Le mariage et ses enjeux constituent au théâtre un support classique. Cependant, ici, si le mariage est au centre de l'intrigue, il n'en constitue pas l'essentiel. Le personnage principal est, comme dans la comédie précédente, désigné comme étant le valet. Cependant la popularité acquise au personnage lui permet d'apparaître sous son propre nom. Sa fonction n'est plus celle du divertissement (≠ avec Scapin). On s'intéresse désormais à la vie personnelle, au bonheur d'un valet. Beaumarchais a sans doute voulu profiter du succès considérable du Barbier de Séville et mettre en avant son héros populaire et positif, et non celui dont il dénonce les défauts. Le sous titre a maintenant éclipsé le titre, ce qui prouve bien que son calcul était juste.
«
affronter le Comte ouvertement.
Il imaginera une machination (« une imbroille ») à la scène 2 de l’acte II.
Renversement des rôles : c’est Suzanne qui mène le jeu en faisant preuve de rouerie féminine (« Oh ! quand elles
sont sûres de nous ! ») et d’esprit.
De complice et protecteur, le Comte est devenu opposant.
L’espace scénique représente un espace dramatique : les mesures de la chambre sont les mesures de l’espace
scénique : le lieu est l’instrument d’une expérimentation, d’une réflexion sur l’espace (19 pieds sur 26 = 6 m sur
8,50 = scène de la comédie française).
Figaro est un « machiniste » (cf.
préface du Barbier de Séville) qui prend
possession de son espace de jeu.
La chambre se situe entre les chambres du comte et de la comtesse : c’est un
espace domestique.
Les valets sont au service des
maîtres => l’exiguïté de la scène est représentative de la condition sociale des valets au XVIIIème siècle, voués à
la servitude 24 heure sur 24 ; Fonction symbolique de l’espace scénique : un espace menacé (lieu d’affrontement) -
- par sa situation géographique : entre les deux maîtres
-- par le Comte : c’est un espace de conquête (dans l’ordre social la femme est au service du seigneur) Dans
l’ordre social, le valet est au service du maître, et la femme au service du seigneur : double servitude de Suzanne
(// double humiliation de Figaro).
Figaro et Suzanne sont des vassaux : ils doivent obtenir la permission du maître
pour se marier.
Interprétation des symboles représentés par les didascalies externes (« le petit bouquet de fleurs
d’orange ») et internes : « « Oh ! que ce joli bouquet virginal », le « beau lit que Monseigneur nous donne » objet
du litige.
Problématique/ oeuvre (thèse de Beaumarchais): la pièce s’ouvre sur une réflexion sur le statut des
femmes, la destinée humaine, l’ordre social et ses privilèges (« droit du seigneur », « droit honteux »),
l’impuissance de la femme à se défendre, si bien que l’intrigue va consister à attraper «ce grand trompeur ».
Suzanne va chercher à protéger son mariage en protégeant son espace : combat pour les libertés de
Beaumarchais qui s’oppose aux idées rétrogrades –cf.
Bartholo : opposé à l’esprit des « Lumières » et tyrannique
dans Le Barbier de Séville => le mariage forcé) Révélation de l’enjeu
principal de la pièce : « e droit du seigneur » (dénouement I – 10 ?).
Par la parole, la gaieté, les embrouilles,
l’esprit, la révolte, Figaro est le portrait de Beaumarchais qui combat les idées rétrogrades incarnées dans Le
Barbier de Séville par Bartholo, dans La Folle journée ou le mariage de Figaro par le Comte.
II Les armes de la gaieté ou la comédie restaurée 1.
La dynamique de la révélation Un dialogue menée tambour
battant : progression propre au style de Suzanne qui mène le jeu.
La scène se passe dans une franche gaieté :
concision, rapidité, surprise.
L’entêtement de Suzanne à ne rien dévoiler d’abord entraîne la vivacité du dialogue.
Symétrie et opposition entre les deux premières répliques du passages : reprise ironique de Suzanne avec
l’affirmation « fort bien » et l’opposition « Mais ».
Familiarité de l’ interjection (« zeste »), de l’onomatopée (« crac »)
et accélération du rythme (parataxe et style allusif pour semer le doute : pourquoi elle, ne cite-t -elle que le Comte ?
).
Interruption (points de suspension) : est -ce elle qui s’est interrompue ? ou Figaro qui l’a coupée ? Effets de
contraste amusant (jeu scénique) entre la légèreté de ton de Suzanne (sa vivacité moqueuse, son ironie) et
l’inquiétude montante de Figaro (avant qu’il laisse éclater sa colère contre Bazile) : 2 questions, interjection (« Eh !),
juron (« bon Dieu ! ») qui expriment son trouble.
Préciosité de la révélation de Suzanne(antiphrase, litote,
personnification,
II, 2 + structure proche du chiasme pour mettre en valeur le deuxième terme de l’opposition qui précise l’objet
de la révélation : « monsieur le comte Almaviva veut rentrer au château, mais non pas chez sa femme ; c’est sur la
tienne […] qu’il a jeté ses vues ») Alternance de familiarité et d’emphase(champ lexical des coups et apostrophe «
ô mon mignon » = emphase comique du « ô » poétique + hypochoristique) La reprise du pronom indéfini « on » =
stichomythie
2 Les armes de la gaieté : cette scène comporte tous les types de comique, tous les registres : de la farce au trait
d’esprit (la « vis comica ») comique de situation : ironie dramatique(cf.
I - 2 le fonctionnement actantiel) Comique de
farce : menace de « volée de bois vert », thème du cocu (avant les noces de surcroît) = thème récurrent du théâtre
populaire (« bouton », « cornes du cocu »)+ thème du valet de comédie (Scapin): homme du peuple grivois, à
l’esprit vif, rusé, intéressé par l’intrigue et par l’argent (« De l’intrigue et de l’argent, te voilà dans ta sphère ») , cf.
Commedia dell’arte; Comique de mots : -- mots d’esprit de Suzanne : finesse, ironie (litote : « ce logement de nuira
pas » ; antiphrase : « « le loyal Bazile », « honnête agent de ses plaisirs », « mon noble maître à chanter » ;
personnification : « les beaux yeux de ton mérite ») -- de la farce au trait d’esprit (farce, situation, caractère : l’ironie.
»
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