LE MANUSCRIT DES PENSEES DE PASCAL: Histoire et description du manuscrit. — Les Éditions. — Désaccord des éditions et de manuscrit.
Publié le 23/03/2011
Extrait du document
« Console-toi, faisait dire Pascal à son Maître, dans le Mystère de Jésus, tu ne me chercherais pas, si tu ne m'avais trouvé. « Nous qui cherchons Pascal, nous devons croire aussi que nous l'avons trouvé parce que nous continuons à le chercher. Ce sont ceux qui ne le cherchent plus, fiers de l'avoir trouvé et qui parlent de lui avec une certitude entière, ce sont ceux-là qui l'ignorent et qui ne le trouveront jamais. Aussi le labyrinthe où se cache Pascal, ces fragments, ces notes où ses Pensées nous sont conservées, nous ne prétendrons pas, à l'avance, en connaître le secret. Pénétrons-y respectueusement, douteusement, et en chercheurs. Rappelons d'abord les circonstances qui les ont préservées d'une entière destruction.
«
qui avaient préoccupé Port-Royal : sur l'Augustinus et les cinq Propositions, sur la Grâce, sur la Signature, et surd'autres problèmes analogues.
On pouvait espérer trouver des lumières et des arguments décisifs ou même dessolutions nouvelles en déchiffrant ce qu'il laissait, même inachevé.
Enfin, ses papiers ne contenaient-ils pas des secrets sur la nature et des inventions propres à faciliter la vie, commece rouleau du puits de Magny qui permettait à un enfant de monter sans peine des seaux très lourds remplis d'eau ?
Ainsi, à la mort de Pascal, ses papiers eurent un sort tout particulier ; ils furent lus et recopiés et gardés trèsprécieusement.
« Il n'est pas étrange, dit la Préface des Traités de l'équilibre des Liqueurs, dont le privilège n'a suivi sa mort que desept mois (8 avril 1663), que ses amis qui se voient privés par sa mort, de l'espérance de plusieurs ouvrages trèsconsidérables, auxquels il avait dessein de s'employer tout entier pour le service de l'Eglise, regardent d'une autremanière (c'est-à-dire sans mépris), le peu d'écrits qu'il leur a laissés et qu'ainsi ils se soient plus facilement portés àles donner au public.
Car dans le regret de la perte qu'ils ont faite, tout ce qui
leur est resté de lui leur est précieux, parce qu'il leur renouvelle le souvenir d'une personne qui leur a été si chèrepar tant de raisons et parce qu'ils y entrevoient toujours quelque trait de cette éloquence inimitable avec laquelle ilparlait et écrivait sur des sujets qui en sont capables.
De quoi donc se composaient ces reliques ?
Les unes étaient des traités achevés et « prêts à être imprimés » sur la physique (sans doute d'autres s'yjoignaient, moins achevés sur la « géométrie »).
Ces traités furent aussitôt imprimés ; c'est pour eux que futdemandé le 8 avril 1663 le privilège que j'ai cité ; l'achevé d'imprimer est du 17 novembre 1663.
D'autres, renfermées dans des liasses qu'on découvrit à la mort de Pascal, traitaient les sujets les plus divers.C'étaient des pages, des fragments, des notules.
Dans quel ordre ? nous l'ignorons ! Une « première » copie desPensées de Pascal, nous a gardé peut-être cet ordre.
Cette copie ne contient pas tous les fragments de Pascalaujourd'hui en notre possession.
C'est une hypothèse assez vraisemblable qu'elle aurait reproduit l'ordre des liasses.Elle groupe, en effet, les fragments sous plusieurs titres généraux ordre, vanité, misère, ennui, raison des effets,grandeur, contrariété, divertissement, philosophes, le souverain bien, A.
P.
R.
(à Port-Royal), commencement,soumission et usage de la raison, excellence, transition (de l'homme à Dieu), la nature est corrompue, fausseté desautres religions, Religion aimable, fondement, Foi figurative, rabbinage, perpétuité; preuves de Moïse, preuves deJésus-Christ, prophéties, figures, morale chrétienne, conclusion.
A quel moment et par qui les liasses que ce groupement semble représenter ont-elles été faites? Est-ce Pascal lui-même qui les a préparées ? Ici encore nous n'avons que des suppositions.
En voici une.
Quelques mois avant sa mort, Pascal avait décidé de se consacrer au service des pauvres et de vivre comme l'und'eux.
Il vendit ses meubles et se débarrassa de son train de maison.
Soudain la maladie le força à aller habiter chezsa sœur (29 juin 1662).
J'imagine que pour ce déménagement, il chargea quelqu'un, peut-être un secrétaire, du soinde réunir ses principaux papiers ; et c'est ce mandataire qui aurait mis en liasses les papiers pour les emporter sansrisquer de les perdre.
Quoi qu'il en soit, ces liasses formaient la partie importante des reliques de Pascal.
Il s'y ajoutait (si l'on admet que la première copie nous enseigne exactement sur leur contenu), des fragments nonclassés que la copie contient, en désordre ceux-là, et d'autres fragments qu'elle ne donne point du tout, sur Jésus-Christ avec un Abrégé de la Vie de Jésus-Christ (tel le Mystère de Jésus), ou encore sur la préparation desProvinciales et quelques pensées, maximes, et simples notes de lecture.
Enfin, il faut compter des traités inachevés sur la Grâce et le Concile de Trente.
Le premier soin des parents et des amis qui eurent cet héritage sacré dans leurs mains, fut sans doute de le donnerà copier, comme nous l'avons dit.
Puis, ils décidèrent d'en extraire les pages les plus importantes pour en faire unouvrage destiné à édifier et à convertir.
Une sorte de conseil de famille où dominaient les Périer et le duc de Roannez, fit un premier choix.
Ce conseil, dès1666, sollicita le privilège ; en 1669, tout était prêt ; les épreuves furent soumises à l'approbation des évêques etdes théologiens ; il y fut joint un discours d'Etienne Périer, neveu de Pascal, sur l'Apologie.
On écarta trois discoursque Filleau de la Chaise avait préparés et qui résument certains entretiens de Pascal.
Enfin le volume parut en 1670.Peu de mois après, Nicole donnait de son côté sous le nom de Chanteresne, et avec le titre' général de Traité del'Education d'un Prince, le résumé de trois discours de Pascal et des commentaires explicatifs assez étendus et engénéral peu bienveillants sur plusieurs des pensées..
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