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Le malheur donne-t-il le droit d'être injuste ?

Publié le 17/01/2022

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Première partie: le malheur est source d'injustice.Le malheur, matériel ou moral, isole . Dans la Bible, le livre de Job montre comment le juste frappé par le malheur s'écrie: "pourquoi moi ?". Alors que la justice se définit en partie par l'égalité de tous, le malheureux se sent coupé des autres, isolé dans un statut à part. La souffrance le rend aveugle à la réalité des autres.Le malheur débouche alors logiquement sur la recherche d'un responsable. Un responsable-coupable dont notre époque est friande. Alors que la justice recherche la justification des décisions et les proportions légitimes, celui qui souffre désigne le bouc émissaire de façon arbitraire et cherche à infliger un malheur sans proportion avec celui dont il souffre. Le bouc émissaire sera le Juif, l'homosexuel, l'Arabe, etc.
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« Introduction & Problématique "Tu ne vois donc pas qu'il est malheureux ? " .

Cette phrase souvent entendue appelle à la clémence celui qui, par exemple, jugerait sévèrement l'injustice du malade ingrat envers ceux qui se dévouent jusqu'au sacrifice à sonchevet.Doit-on aller jusqu'à affirmer que le malheur donne le droit d'être injuste, qu'il constitue une raison valable derenoncer à condamner l'injustice ? Nous nous demanderons dans un premier temps ce qui, dans le malheur, est à lasource de l'injustice; nous envisagerons alors les aspects moraux et juridiques d'une revendication du droit àl'injustice, avant de nous interroger sur l'exigence qui s'adresse en retour à toute société: le malheur n'est-il pasavant tout ce qui rend difficile le maintien de la justice ? Première partie: le malheur est source d'injustice. Le malheur, matériel ou moral, isole .

Dans la Bible, le livre de Job montre comment le juste frappé par le malheurs'écrie: "pourquoi moi ?".

Alors que la justice se définit en partie par l'égalité de tous, le malheureux se sent coupédes autres, isolé dans un statut à part.

La souffrance le rend aveugle à la réalité des autres. Le malheur débouche alors sur la recherche d'un responsable.

Alors que la justice recherche la justification desdécisions et les proportions légitimes, celui qui souffre désigne le bouc émissaire de façon arbitraire et cherche àinfliger un malheur sans proportion avec celui dont il souffre.

Le bouc émissaire sera le Juif, l'homosexuel, l'Arabe,etc... Si le malheur est causé par une injustice, n'est-il pas naturel de répondre à cette injustice par une autre ? Ne puis-je pas alors rejeter la responsabilité de l'injustice que je commets sur celui qui est à l'origine de celle que je subis ? Deuxième partie: Peut-on soutenir que le malheur donne le droit d'être injuste ? Transition: Nous voyons donc que le malheur peut effectivement être source d'injustice.

Mais peut-on aller jusqu'àdire qu'il donne le DROIT d'être injuste ? Le malheureux peut-il commettre l'injustice ? Commettre l'injusticeest pire que la subir,et j'aimerai mieuxquant à moi, la subirque la commettre(Gorgias) Commettre l'injustice c'est perdre sa dignité et passer lereste de sa vie en compagnie d'un injuste.

L'assassin estcelui qui perd l'estime de soi.

Cette phrase fonde l'idéemoderne de conscience morale : il n'est pas de crimesans témoin car il est en moi un témoin intérieur qui mejuge.

A rapprocher de la phrase de Montaigne : Je me fais plus d'injure en mentant que je n'en fais à celui àqui je mens ( Essais ) Compatir au malheur d'autrui, n'est-ce pas lui autoriser le droit à l'injustice ? N'est-ce pas reconnaître le caractèrepassionnel, irrationnel de la réaction au malheur ? C'est au moins comprendre la source de l'injustice.La compassion, étymologiquement "pâtir avec", est toutefois un sentiment spontané qui renonce à considérer l'acteinjuste pour ne voir que le malheur qui en est la cause.

Au-delà de cette spontanéité, peut-on considérer que lemalheur ouvre un droit à un comportement exceptionnel ? Ne serait-ce pas redoubler l'injustice commise en nerendant pas justice aux victimes ? N'est-ce pas le meilleur moyen de réamorcer la spirale de la vengeance que ledroit entend briser ?En tant qu'acte de droit, la justice s'oppose rigoureusement à la logique purement passionnelle de la vengeance.. »

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