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LE MALAISE DANS LA CULTURE de Freud : « LE BONHEUR EST-IL COMPATIBLE AVEC LA CULTURE? »

Publié le 22/07/2010

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culture

Freud écrit Le Malaise dans la culture en 1930, moment de grande souffrance et de crise économique. Freud, adoptant une vision assez pessimiste de la condition humaine, propose une analyse psychique des comportements humains face à la culture. Cet ouvrage se structure en huit parties où Freud est amené à développer les conséquences sur le comportements individuel de la relation d'antithèse entre pulsion de vie (_Eros_) et pulsion de destruction que l'on rencontre chez l'homme au niveau psychique. En découle la thèse freudienne selon laquelle le refoulement pulsionnel (relatifs aux pulsions d'agression envers autrui mais aussi aux pulsions sexuelles) auquel invite la culture (structure imposé par les impératifs de la vie en communauté) produit un «malaise«, une névrose, un sentiment de culpabilité. À travers cette analyse, le problème du bonheur dans la culture se posera, Freud ayant d'ailleurs de prime abord appelé son ouvrage « le bonheur dans la culture « puis « le malheur dans la culture « avant de l'intituler Le Malaise dans la culture.  Le premier chapitre du Malaise dans la culture de Freud aborde la culture sous la forme de la religion. Ce chapitre est consacré à répondre à l'objection de Romain Rolland aux analyses de L'Avenir d'une illusion. La source de la religiosité est un sentiment « océanique « par lequel le sujet se sent comme immergé dans la totalité du monde. Freud, par une approche psychanalytique arrive à considérer ce sentiment « océanique « comme la conservation d'un état infantile. Effectivement, « le moi, pour se défendre de certaines excitations de déplaisir issues de l'intérieur, n'applique pas d'autres méthodes que celles dont il fait usage contre un déplaisir extérieur devient le point de départ de troubles morbides significatifs « (p 78). Parallèlement à ce qu'il affirme dans L'avenir d'une illusion, la religion n'est pas source de bonheur mais sert bien à déguiser la douleur. Elle sert en effet à masquer « certaines excitations de déplaisir «.  Dans le chapitre deux, la culture est abordée de manière indirecte, à travers le fait que « la vie telle qu'elle nous est imposée est trop lourde pour nous, elle nous apporte trop de douleurs, de déceptions, de tâches insurmontables « (p 87). La culture est ici toujours reliée à la religion qui entend répondre à la curiosité humaine face aux énigmes de l'univers et apaiser les angoisses de l'être humain en les plaçant sous la protection d'une providence bienveillante. « Le tout est si manifestement infantile, si étranger à la réalité qu'il est douloureux à un philanthrope de penser que la grande majorité des mortels ne s'élèvera jamais au dessus de cette conception de la vie « (p. 86)- la religion est utilisée ici comme remède à la frustration humaine. Si l'on considère que le but des gens est d'augmenter les sentiments de plaisir dans leur vie en diminuant la douleur et le déplaisir-ayant pour origine l'aspiration au bonheur- cette frustration peut recevoir trois sortes de remèdes: « de puissantes diversions qui nous font mépriser notre misère, des satisfactions de substitution qui la réduisent, des stupéfiants qui nous y rendent insensibles « (p. 87). Les sources principales de notre malheur vient de notre corps lui même, du monde extérieur et des relations avec les autres.  En affirmant qu'elle n'est « sans doute pas un destin moins inéluctable que les souffrances d'une autre origine « (page 90) Freud permet à la culture de faire sa première apparition en s'avançant masquée. Ces réflexions sont placées sous le signe de la confrontation et de la négociation entre principes de plaisir et de réalité. Toutes ces stratégies ont un but commun : aider les humains à « modérer leur exigence de bonheur « (p 90). Pour cela, on peut tenter de s'isoler du monde ou de le dominer par la technique notamment et ainsi la culture influe sur l'apaisement ou du moins l'endiguement de la douleur. D'autres recourent à l'ataraxie, on peut aussi s'efforcer d'établir la domination des instances psychiques supérieures comme la raison ou la volonté sur la vie pulsionnelle ce qui est la « maitrise de soi « des sages antiques. Ce calcul peut paraître judicieux car il apporte une certaine protection contre la souffrance issue de l'insatisfaction pulsionnelle du fait que la non satisfaction des pulsions ainsi domestiquées est moins pénible que celle des pulsions à l'état brut. Cependant, « les possibilités de jouissance sont indéniablement amoindries. Le sentiment de bonheur éprouvé dans la satisfaction d'une pulsion sauvage, indomptée par le moi, est incomparablement plus intense que l'assouvissement d'une pulsion domestiquée « (p 93). La culture joue alors ici un rôle de modérateur du bonheur. Freud explique ensuite qu'il existe une « autre technique de défense contre la souffrance « (p 94) qui est la capacité de notre appareil psychique à déplacer la libido. Ainsi, la sublimation déplace la libido vers des objets non sexuels et souvent valorisés par la société comme l'activité intellectuelle ou artistique. A première vue, la sublimation est le destin que la culture réserve aux pulsions. La culture est donc bien ici tempérance du bonheur que l'on peut éprouver à travers les pulsions.  Freud conclut ce chapitre en insistant sur le côté non universel de la manière de chercher le bonheur : « chacun doit chercher lui même de quelle façon il peut trouver la félicité « (p 99). Ainsi, il discrédite la religion car « elle impose à tous la même manière d'acquérir le bonheur et de se protéger contre la souffrance « (p 100). En ce sens, cette voie ne peut prétendre amener l'homme vers le bonheur puisqu'il ne reste plus qu'au croyant « comme possibilité de consolation et gain de plaisir dans la souffrance, que la soumission inconditionnée « (p101).  Freud rappelle dans le chapitre trois qu'autant les humains se résignent facilement aux limites de leur propre corps et aux contraintes d'une nature qu'ils ne pourront jamais complètement dominer autant ils acceptent difficilement que des institutions et des lois dont ils sont les auteurs leur soient une source de souffrance. Face à l'échec qu'ont représenté les tentatives des sociétés humaines pour garantir le bonheur des humains, « le soupçon s'éveille en nous qu'une part de l'invincible nature se cache encore là-derrière, cette fois une part de notre propre complexion psychique « (p.103). Pour ne pas affronter une telle hypothèse on peut tenter de faire retomber la faute du malheur humain sur la culture elle-même: « nous serions bien plus heureux si nous y renoncions et retrouvions des conditions primitives « (p 103). Cette affirmation est assez étonnante puisque « ce par quoi nous tentons de nous protéger contre la menace des sources de souffrance appartient justement à la dite culture «. Freud définit enfin la culture: « la somme totale des réalisations et des institutions par lesquelles notre vie s'éloigne de celle de nos ancêtres animaux et qui servent à deux fins: la protection des hommes contre la nature et le règlement des relations des hommes entre eux « (p. 107). Freud refuse de restreindre la culture ici considérée aux seuls aspects intellectuels ou « culturels « de la civilisation: « nous reconnaissons comme culturelles toutes les activités et les valeurs utiles à l'homme pour mettre la terre à son service, se protéger de la violence des forces de la nature etc «. Le problème se pose alors : pourquoi la culture nous rend-elle malheureux?  Freud cite trois « occasions historiques « de nature très différente qui ont développé les sentiments anticulturels des humains : la dévalorisation du monde à la suite de la victoire du christianisme qui aurait entrainé les gens à se détourner de la culture ; l'idéalisation de la vie de certains peuples exotiques découverts lors des grands périples autour du monde; la découverte du mécanisme des névroses qui en montre l'origine dans les frustrations imposées par les exigences de la culture. Les immenses progrès techniques accomplis dans les temps modernes ajoutent à cette hostilité une dose de désillusion puisque ces progrès ne diminuent pas notre malheur alors qu'ils avaient suscité  beaucoup d'espoir aux XVIII ème et XIX ème siècles. Freud propose des mécanismes culturels- il ne pense pas que les hommes puissent mener leur vie en dehors de la culture, à l'exception de certains sages. Ce n'est pas la culture qui est à blâmer parce qu'elle n'est pas l'auteur du malheur humain mais elle est le cadre nécessaire dans lequel le jeu des pulsions humaines mène à ce malheur. Ainsi, l'idée d'un rôle positif ou d'une utilisation avantageuse de la culture n'est donc pas absurde. Les humains payent le prix de la mise à l'écart de la tyrannie primitive en acceptant une limitation de leurs satisfactions pulsionnelles. C'est cette acceptation qui les contraint à une difficile tentative pour concilier leurs aspirations et les contraintes collectives. On pourrait penser qu'en introduisant l'homme dans le monde du dialogue et donc de la rationalité, la culture va progressivement améliorer la situation des humains. On pourrait parler de progrès culturels du point de vue des individus que si le développement de la culture la rendrait plus satisfaisante pour les individus. Mais l'activité principale de la culture consiste à provoquer ou au moins à favoriser le déplacement de pulsions c'est à dire « à mettre sur d'autres voies « les conditions de leur satisfaction (p. 116); la forme la plus fréquente étant la sublimation qui est à l'origine des plus hautes réalisations de la culture. Ainsi, la culture exige à un certain degré des individus un renoncement pulsionnel. On a ici l'idée selon laquelle les civilisations développées sont celles qui limitent le plus la liberté et les satisfactions individuelles.  Le chapitre quatre, faisant écho au chapitre précédent, Freud montre que l'amour sexué occupe une place prépondérante dans la vie individuelle mais aussi dans l'organisation de la société et c'est là l'image même du bonheur. L'énergie sexuelle, comme toute pulsion, va se voir réfréner elle aussi par la culture.  Le chapitre cinq définit le « penchant à l'agression « de l'homme. Il « n'est pas un être doux « mais « parmi les pulsions qui lui ont été données, il peut compter aussi une part puissante de penchant à l'agression « (p 132). Il est crucial pour la culture d'endiguer cette agressivité car « par suite de cette hostilité primaire des hommes les uns envers les autres, la société culturelle est sans cesse menacée de ruine « (p 133) et ne peut alors pas prétendre au bonheur. Néanmoins, si les humains parvenaient à renoncer à leur agressivité, ils ne s'en trouveraient « pas bien « (p. 136).  Il ne s'agit pas de faire porter à la culture elle-même la responsabilité du malheur humain mais de saisir que l'agressivité pour ainsi dire native des humains induit nécessairement des caractères culturels répressifs que l'on ne peut espérer réformer.  Dans le chapitre six, Freud se livre à une analyse psychanalytique. Il y aborde les différents types de pulsions, la pulsion étant une poussée venue de l'intérieur de l'appareil psychique amenant le sujet à accomplir certaines actions pour se débarrasser de (« décharger «) certains types d'excitations. Il y a une dualité entre les « pulsions du moi « ou « pulsions d'auto conservation « et les « pulsions sexuelles « dont l'énergie est appelée libido. De plus, la pulsion de la mort est intriquée avec les pulsions sexuelles; et nos pulsions d'agression et de destruction ne se réalisent pas sans une satisfaction narcissique. C'est cela qui fait que quand ils sont empêchés d'exercer leur agressivité, les humains ne sont « pas bien « comme quand ils sont frustrés d'une satisfaction libidinale. « Dans tout ce qui va suivre, j'adopterai le point de vue selon lequel le penchant à l'agression est chez l'homme une disposition pulsionnelle originelle et autonome et j'en reviens au fait que la culture trouve en elle son obstacle le plus puissant « (p 145). La grande affaire de la culture est donc de contenir l'agressivité humaine qui peut être mortelle pour elle mais en devenant agressivité (en s'investissant à l'extérieur du sujet), la pulsion de mort travaille aussi pour la culture en poussant l'être humain à anéantir « autre chose animé ou inanimé au lieu de son propre soi « (p 142). Dés lors « le sens du développement de la culture n'est plus obscur pour nous. Il doit nous montrer le combat entre l'Éros et la mort « (p 145): c'est le « combat vital de l'espèce humaine « (p 146). La culture est ainsi primordiale pour maintenir un équilibre chez l'homme. Avant même d'être source de bonheur ou de malheur, la culture est donc la source de l'auto conservation de l'homme et de la survie de son espèce.   Dans le chapitre sept, Freud se penche sur le problème principal de la culture: comment sinon éradiquer du moins endiguer l'agressivité humaine qui est son ennemie principale et qui est d'autant plus puissante qu'elle est aussi une source de plaisir? Le mécanisme de base de cette entreprise de neutralisation c'est l'introjection, l'intériorisation de l'agressivité.  Freud va ensuite analyser le sentiment de culpabilité. Spontanément nous pensons que nous ressentons un sentiment de culpabilité quand nous faisons ou avons l'intention de faire ce que nous pensons être le mal. On peut cependant se demander d'où vient cette notion de mal. On peut s'interroger à plus forte raison que ce qui est reconnu comme étant mal est parfois pour nous un objet de désir et de plaisir. La notion de mal vient donc de l'extérieur.  Le moi se trouve tyrannisé par une instance issue de lui même : le surmoi. Le surmoi est un oeil qui voit tout du moi et on ne peut cacher au surmoi « ses désirs interdits «. Ainsi, Freud déclare qu'il y a deux origines au sentiment de culpabilité: « celle qui naît de la peur de l'autorité, et celle, plus tardive, qui naît de la peur du surmoi « (p 152). On se sent coupable « car le sentiment de culpabilité est l'expression du conflit d'ambivalence de l'éternel combat entre Éros et la pulsion de destruction ou de mort «. Ce conflit pulsionnel se développe avec le développement de la culture. Quand la culture suit son propre programme qui est d'unir les individus en des unités de plus en plus grandes- ce qui est l'oeuvre d'Éros- « le même conflit se poursuit et se renforce sous des formes qui sont dépendantes du passé et a pour conséquence une élévation du sentiment de culpabilité « (p 159). La culture est la « conséquence de l'éternelle lutte entre l'amour et le désir de mort « (p 160). En effet, en se développant elle attise le conflit entre pulsion de mort et Éros ce qui entraine un accroissement jusqu'aux limites du tolérable de culpabilité.  Dans le dernier chapitre Freud réaffirme que le sentiment de culpabilité est « le problème le plus important du développement culturel «et « que le prix à payer pour le développement culturel est une perte de bonheur causée par l'augmentation du sentiment de culpabilité « (p 161). Le sentiment de culpabilité engendré par la culture peut rester largement inconscient ce qui fait qu'il apparaît comme « malaise « ou « mécontentement « auxquels on cherche d'autres motivations. En se développant la culture augmente donc le sentiment de culpabilité ôtant à chaque fois davantage du bonheur aux hommes.  Il est ensuite expliqué que dans le développement individuel, la revendication « égoïste « de bonheur est l'aspect principal et l'adaptation « altruiste « à une communauté est non seulement secondaire mais souvent ressentie comme superflue alors que dans le développement culturel, le but de rendre les individus heureux est secondaire et celui de constituer une unité des individus principal. Il y a donc lutte entre l'individu et la société. Mais cette lutte n'est pas issue de l'opposition entre l'Éros et la pulsion de mort. Si l'individu et la culture sont tous deux travaillés par la lutte entre Éros et la pulsion de mort, ce n'est pas la pulsion de mort qui dresse l'individu contre la culture.  Les dernières remarques du Malaise dans la culture concernent le surmoi que l'on peut attribuer à la culture, parachevant l'analogie entre l'individuel et le collectif. La reconnaissance d'un surmoi culturel semble donc mener à terme l'analogie entre l'individuel et le culturel. Freud reste prudent sur les similitudes des processus individuels et culturels. Il rappelle « qu'il ne s'agit pourtant que d'analogies et qu'il est dangereux d'arracher les hommes mais aussi les concepts à la sphère où ils ont été créés et développés « (p 174). Freud avoue ne pas pouvoir apporter de réconfort aux humains contre les frustrations que leur impose la culture, on voit alors bien la différence entre l'individuel et le culturel.    La fin du livre laisse entrevoir la possibilité d'un « équilibre « entre la revendication individuelle de bonheur et les exigences sociales. La raison qui fait qu'on peut nourrir un tel espoir c'est que le « combat entre l'individu et la société n'est pas le rejeton de l'opposition apparemment inconciliable des pulsions originaires, Eros et la mort « (p. 170). On peut finalement admettre que le  but principal de la culture est d'empêcher les individus de détruire la culture en même temps qu'eux mêmes. L'énergie et la ruse employées par la culture pour réfréner la demande de plaisir des individus, limitant aussi leur bonheur, ne font pas de cette répression une fin en soi. Le bonheur humain dans la condition sociale qui est celle des hommes ne sera donc pas atteint par un amenuisement des limites que la société impose à leurs désirs.

culture

« l'homme pour mettre la terre à son service, se protéger de la violence des forces de la nature etc ».

Le problème sepose alors : pourquoi la culture nous rend-elle malheureux?Freud cite trois « occasions historiques » de nature très différente qui ont développé les sentiments anticulturelsdes humains : la dévalorisation du monde à la suite de la victoire du christianisme qui aurait entrainé les gens à sedétourner de la culture ; l'idéalisation de la vie de certains peuples exotiques découverts lors des grands périplesautour du monde; la découverte du mécanisme des névroses qui en montre l'origine dans les frustrations imposéespar les exigences de la culture.

Les immenses progrès techniques accomplis dans les temps modernes ajoutent àcette hostilité une dose de désillusion puisque ces progrès ne diminuent pas notre malheur alors qu'ils avaientsuscité beaucoup d'espoir aux XVIII ème et XIX ème siècles.

Freud propose des mécanismes culturels- il ne pensepas que les hommes puissent mener leur vie en dehors de la culture, à l'exception de certains sages.

Ce n'est pas laculture qui est à blâmer parce qu'elle n'est pas l'auteur du malheur humain mais elle est le cadre nécessaire danslequel le jeu des pulsions humaines mène à ce malheur.

Ainsi, l'idée d'un rôle positif ou d'une utilisation avantageusede la culture n'est donc pas absurde.

Les humains payent le prix de la mise à l'écart de la tyrannie primitive enacceptant une limitation de leurs satisfactions pulsionnelles.

C'est cette acceptation qui les contraint à une difficiletentative pour concilier leurs aspirations et les contraintes collectives.

On pourrait penser qu'en introduisant l'hommedans le monde du dialogue et donc de la rationalité, la culture va progressivement améliorer la situation deshumains.

On pourrait parler de progrès culturels du point de vue des individus que si le développement de la culturela rendrait plus satisfaisante pour les individus.

Mais l'activité principale de la culture consiste à provoquer ou aumoins à favoriser le déplacement de pulsions c'est à dire « à mettre sur d'autres voies » les conditions de leursatisfaction (p.

116); la forme la plus fréquente étant la sublimation qui est à l'origine des plus hautes réalisationsde la culture.

Ainsi, la culture exige à un certain degré des individus un renoncement pulsionnel.

On a ici l'idée selonlaquelle les civilisations développées sont celles qui limitent le plus la liberté et les satisfactions individuelles.Le chapitre quatre, faisant écho au chapitre précédent, Freud montre que l'amour sexué occupe une placeprépondérante dans la vie individuelle mais aussi dans l'organisation de la société et c'est là l'image même dubonheur.

L'énergie sexuelle, comme toute pulsion, va se voir réfréner elle aussi par la culture.Le chapitre cinq définit le « penchant à l'agression » de l'homme.

Il « n'est pas un être doux » mais « parmi lespulsions qui lui ont été données, il peut compter aussi une part puissante de penchant à l'agression » (p 132).

Il estcrucial pour la culture d'endiguer cette agressivité car « par suite de cette hostilité primaire des hommes les unsenvers les autres, la société culturelle est sans cesse menacée de ruine » (p 133) et ne peut alors pas prétendre aubonheur.

Néanmoins, si les humains parvenaient à renoncer à leur agressivité, ils ne s'en trouveraient « pas bien »(p.

136).Il ne s'agit pas de faire porter à la culture elle-même la responsabilité du malheur humain mais de saisir quel'agressivité pour ainsi dire native des humains induit nécessairement des caractères culturels répressifs que l'on nepeut espérer réformer.Dans le chapitre six, Freud se livre à une analyse psychanalytique.

Il y aborde les différents types de pulsions, lapulsion étant une poussée venue de l'intérieur de l'appareil psychique amenant le sujet à accomplir certaines actionspour se débarrasser de (« décharger ») certains types d'excitations.

Il y a une dualité entre les « pulsions du moi »ou « pulsions d'auto conservation » et les « pulsions sexuelles » dont l'énergie est appelée libido.

De plus, la pulsionde la mort est intriquée avec les pulsions sexuelles; et nos pulsions d'agression et de destruction ne se réalisent passans une satisfaction narcissique.

C'est cela qui fait que quand ils sont empêchés d'exercer leur agressivité, leshumains ne sont « pas bien » comme quand ils sont frustrés d'une satisfaction libidinale.

« Dans tout ce qui vasuivre, j'adopterai le point de vue selon lequel le penchant à l'agression est chez l'homme une disposition pulsionnelleoriginelle et autonome et j'en reviens au fait que la culture trouve en elle son obstacle le plus puissant » (p 145).

Lagrande affaire de la culture est donc de contenir l'agressivité humaine qui peut être mortelle pour elle mais endevenant agressivité (en s'investissant à l'extérieur du sujet), la pulsion de mort travaille aussi pour la culture enpoussant l'être humain à anéantir « autre chose animé ou inanimé au lieu de son propre soi » (p 142).

Dés lors « lesens du développement de la culture n'est plus obscur pour nous.

Il doit nous montrer le combat entre l'Éros et lamort » (p 145): c'est le « combat vital de l'espèce humaine » (p 146).

La culture est ainsi primordiale pour maintenirun équilibre chez l'homme.

Avant même d'être source de bonheur ou de malheur, la culture est donc la source del'auto conservation de l'homme et de la survie de son espèce.

Dans le chapitre sept, Freud se penche sur le problème principal de la culture: comment sinon éradiquer du moinsendiguer l'agressivité humaine qui est son ennemie principale et qui est d'autant plus puissante qu'elle est aussi unesource de plaisir? Le mécanisme de base de cette entreprise de neutralisation c'est l'introjection, l'intériorisation del'agressivité.Freud va ensuite analyser le sentiment de culpabilité.

Spontanément nous pensons que nous ressentons unsentiment de culpabilité quand nous faisons ou avons l'intention de faire ce que nous pensons être le mal.

On peutcependant se demander d'où vient cette notion de mal.

On peut s'interroger à plus forte raison que ce qui estreconnu comme étant mal est parfois pour nous un objet de désir et de plaisir.

La notion de mal vient donc del'extérieur.Le moi se trouve tyrannisé par une instance issue de lui même : le surmoi.

Le surmoi est un oeil qui voit tout du moiet on ne peut cacher au surmoi « ses désirs interdits ».

Ainsi, Freud déclare qu'il y a deux origines au sentiment deculpabilité: « celle qui naît de la peur de l'autorité, et celle, plus tardive, qui naît de la peur du surmoi » (p 152).

Onse sent coupable « car le sentiment de culpabilité est l'expression du conflit d'ambivalence de l'éternel combat entreÉros et la pulsion de destruction ou de mort ».

Ce conflit pulsionnel se développe avec le développement de laculture.

Quand la culture suit son propre programme qui est d'unir les individus en des unités de plus en plusgrandes- ce qui est l'oeuvre d'Éros- « le même conflit se poursuit et se renforce sous des formes qui sontdépendantes du passé et a pour conséquence une élévation du sentiment de culpabilité » (p 159).

La culture est la« conséquence de l'éternelle lutte entre l'amour et le désir de mort » (p 160).

En effet, en se développant elle attisele conflit entre pulsion de mort et Éros ce qui entraine un accroissement jusqu'aux limites du tolérable de culpabilité.. »

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