Le mal vient-il des hommes, des choses, ou bien encore des dieux ?
Publié le 17/03/2009
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Le mal vient-il des hommes, des choses, ou bien encore des dieux ?
Analyse du sujet
- Un mal est ce qui affecte négativement un homme ou des hommes et suscite en eux une douleur, un malaise, un dommage, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Pris de façon relative, par rapport à un bien, un mal a été compris par le rationalisme philosophique classique comme une privation ou une absence de bien. N’ayant pas de réelle positivité, un mal serait un simple manque qu’il conviendrait de combler. A l’inverse, pris absolument, le mal se définit, dans une conception dualiste, s’inspirant du manichéisme – au sens que l’on donne communément à ce terme aujourd’hui – comme un principe opposé au bien, mais qui est comme lui originel et éternel.
- Mais si on le prend cette fois en lui-même, le mal peut être compris, selon les distinctions faites par Leibniz, soit comme « mal métaphysique «, qui consiste dans la simple imperfection, soit comme « mal physique «, c’est-à-dire la souffrance, tout comme « mal moral « ou « péché «. L’expression mal radical est utilisée par Kant pour désigner, sur un plan strictement moral, une sorte d’équivalent de ce qu’il appelle une « grandeur négative « : le mal radical existe à l’intérieur d’une volonté mauvaise, mais non dans l’ordre des choses elles-mêmes. la perversion de l’homme consiste dans un renversement de la hiérarchie des facultés qui lui fait préférer le modèle « pathologique « du sentiment à la maxime morale, principe subjectif de la volonté déterminé par la loi morale, c’est-à-dire par la raison législatrice.
- Or, ce qu’on nous demande de penser ici c’est l’origine, la source qui est à la cause du mal. Tout se passe comme si la cause était un effet visible et qu’on en cherchait la cause productrice, ou pour le dire autrement, le responsable. Or, les différentes définitions du mal peuvent nous ouvrir plusieurs voie de résolution : la cause du mal est-elle divine, c’est-à-dire Dieu est-il à l’origine du mal dans le monde ? Ou bien la cause est-elle proprement humaine : le mal acquiert-il son existence positive dans l’homme ? C’est donc la définition du mal en tant que tel qu’il va falloir interroger. Parce qui si le mal n’est qu’un défaut de bien, c’est-à-dire une imperfection, alors on ne pourra pas le taxer d’être l’effet d’une cause semblable à celle capable de produire un mal dont l’existence est positivité (véritablement volonté de nuire).
- La recherche sur l’origine, la cause productrice du mal (qui serait dès lors, suppose-t-on d’emblée, l’effet de quelque chose/quelqu’un) implique une recherche de sa nature propre puisque nous nous accorderons sur le fait que la nature de la cause engendre celle de son effet puisque l’une et l’autre sont liées de manière absolument nécessaire.
Problématique
A quoi ou à qui pouvons-nous donc attribuer la responsabilité du mal que nous pouvons constater partout, à tous les niveaux, et sous toutes ses formes (physique, morale, ou encore psychologique) dans le monde ? Le mal a-t-il une existence positive au sens où il serait l’effet d’une volonté causale réelle ou au contraire n’a-t-il d’existence que négativement, c’est-à-dire en tant que l’effet involontaire d’une cause productrice imparfaite ? C’est donc, à travers la recherche de l’origine du mal, la nature, l’essence même de celui-ci qui est ici mise à la question.
«
positive : Dieu punit, l'homme fait volontairement le mal et en est responsable.
Définir l'origine du mal de lasorte apparaît alors conférer à celui-ci une dimension positive ; or, il apparaît que nous pourrions tout à faitremettre en cause cette positivité du mal sans ruiner du même coup la responsabilité de celui qui le commet. II.
Le mal comme imperfection ou défaut : la positivité de l'existence du mal en question Pour Socrate, « Nulle n'est méchant volontairement ».
L'homme mauvais (le tyran) fait avant tout une erreur :il croit, en faisant le mal, agir pour son propre bien.
Il a besoin de punition pour purifier à la fois son être et sonjugement.Quand on commet une injustice en plaine connaissance de cause, on la commet comme étant aveuglé par uneerreur : on est alors persuadé que l'acte injuste que l'on commet, et dont on reconnaît pleinement le caractèreinjustice, est bon pour nous, à défaut d'être beau-bon moralement.
Le commun est obnubilé par l'oppositionfausse de l'intérêt personnel au bien moral.
Cette ignorance est le fondement de tout acte injuste commis, etc'est sur ce fondement que la réflexion platonicienne désigne ce type d'acte comme n'étant pas de son pleingré, quand bien même leur auteur agirait en pleine conscience de son injustice.Quand on veut l'injustice on la veut et on ne la veut pas : on veut bien commettre un acte, mais celui-ci n'estpas celui que l'on croit, et ce n'est en réalité pas lui que l'on voulait.
Pas plus que l'humain n'est la mesure detoutes choses, notre désir n'est pas la mesure de notre bien propre, dont l'essence doit être décelée etconnue par-delà ce qu'il nous en semble.C'est ainsi que Socrate parvient à réduire la vertu à une simple affaire de science et de technè.
Quand la foulecroit qu'on peut être vaincu par les plaisirs et faire le mal alors qu'on connaît le bien au sens moral, elle necomprend pas qu'elle est confrontée à un problème de science ou à une technique de mesure.
Il s'agit en faitnon d'un rapport de force entre les plaisirs et le bien moral, mais d'une mauvaise évaluation du poids respectifdes plaisirs présents et des plaisirs ou déplaisir futurs qui résulteront du plaisir que l'on accepte de s'accorder.Il faut une technique métrique, semblable à une optique des plaisirs, pour rétablir la réalité de ces poidsrespectifs par-delà l'illusion que produit une sorte de perspective temporelle, l'éloignement dans le tempsproduisant de manière illusoire un rapetissement des déplaisirs qui découleront du plaisir dont la proximitétemporelle agrandit la taille et alourdit le poids.
Il ne s'agit donc pas d'un rapport de force mais purement etsimplement d'un problème d'autorité d'une science qui, par sa compétence, est apte à mesurer et à balancer lepoids véritable des plaisirs et des déplaisirs.Pourtant, l'excellence morale ne peut évacuer totalement la problématique de la force et de la maîtrise.
Car, sidu fait qu'il n'est pas une faculté de connaissance, le désir a besoin en outre de la raison pour atteindreeffectivement le bien, par la même cause la raison ne pourra se faire entendre du désir par ses moyenspropres.
On ne raisonne pas les désirs.
Ce qui confère à la partie rationnelle la direction de l'âme tout entière,à savoir l'autorité que lui procure la connaissance de la réalité des choses par-delà leur apparence, est enmême temps ce qui l'empêche d'exercer son autorité.
C'est parce qu'elle sait que la raison dirige, et c'est parcequ'il ne sait pas, que, dans l'âme, le désir demande à être dirigé ; mais le désir ne saurait être dirigé en « tantlui-même rendu savant.
D'où d'une part l'importance de l'habitude dans la formation du caractère : c'est parune habituation, pour ne pas dire un conditionnement, que l'on façonnera ce qui en l'âme ne peut être soumispar l'enchaînement logique d'un raisonnement.
D'om, d'autre part, la permanence de la problématique de laforce dans l'excellence morale, qui ne peut être résorbée par la pure et simple autorité de la connaissance.
Ledésir a son assurance propre, son mouvement propre, et s'il peut être dirigé par la raison, c'est non par unraisonnement : c'est par l'intervention d'un auxiliaire, intermédiaire entre la raison et les désirs liés aux corps.Cet auxiliaire c'est la partie ardente de l'âme humaine, c'est un lion, qui doit se faire l'allié de la raison pourdominer la bête aux multiples têtes qui renaissent sans cesse après leur décapitation, tout comme le désirn'est jms définitivement assouvi.C'est ainsi par un double cause que l'on est involontairement méchant : par ignorance, l'ignorance étantfondamentalement celle du paradoxe de la République, qui reconnaît la coïncidence de l'utile et du bien moral ;mais aussi par manque de force, ou par une combinaison des deux.L'éducation est donc primordiale et doit se faire à plusieurs niveaux : l'instruction intellectuelles s'adressant àce qu'il y a des rationnel en l'âme doit être complétée, et même précédée, d'une éducation de ce qui ne sauraitentendre raison, et qui peut seulement être façonné par l'habitude, ou affecté par une discours doté de lapuissance nécessaire : le discours poétique, ou même rhétorique, qui trouvent là leur fonction et leur légitimité,à la condition expresse qu'ils soient des instruments dans la main du philosophe.Parallèlement à cette analyse au niveau humain, Leibniz, dans Essais de Théodicée, opère cette analyse auniveau divin : on pourrait se demander pourquoi Dieu, s'il est bonté, peut laisser faire le mal dans le monde.
Or,Leibniz montre que Dieu a choisi « le meilleur des mondes possibles » : cela ne veut pas dire qu'il est parfait enlui-même et pour lui-même, mais c'est en tout cas celui où l'existence du mal était la moins pire.
Dieu ne peutdonc pas tout, et le mal n'a d'existence que négativement, c'est-à-dire encore qu'il n'existe que commedéfaut, comme imperfection, que ce soit au niveau humain qu'au niveau divin.
On comprend alors que l'originedu mal n'est pas forcément une volonté perverse et consciente – voire éprouvant du plaisir – de sa propreperversité : dire que le mal n'a de source que négative ce n'est pas ruiner pour autant la responsabilitéhumaine (on l'a bien vu avec l'analyse platonicienne).
A l'inverse, la radicalisation du mal comme une forcepositive pourrait avoir des effets néfastes relativement à la pratique, effets qui passeraient par unebanalisation du mal. III. Le mal radical et le problème de la banalisation du mal Si la méchanceté est volontaire, c'est l'orientation même de l'être qui doit être corrigée : si le mail est une.
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