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Le mal en Dieu chez Schelling

Publié le 12/08/2014

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« L'inauthentique en Dieu » Étude sur le sens du mal en Dieu dans les Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent. de F. W. J. SCHELLING Mini-mémoire présenté dans le cadre du séminaire « Philosophie de la religion » (Prof. Emmanuel FALQUE) Par Paul FOYER Institut Catholique de Paris / Université de Poitiers Année académique 2013-1014 Dieu exprime le Verbe et le Verstand, uni au désir, devient volonté librement créatrice et toute-puissante, et forme dans la nature initialement sans règles comme dans son élément ou instrument1. Pourquoi le parfait n'est-il pas présent dès le commencement ? A cette question il n'y a pas d'autre réponse que celle qui a déjà été donnée : parce que Dieu est une vie et pas seulement un être2. 1 F.W.J. Schelling, SW., VII, p. 361., traduction de Jean-François Marquet, in Liberté et existence, Étude sur la formation de la philosophie de Schelling, Paris, Cerf, 2006, p. 421. 2 F.W.J. Schelling, SW., VII, p. 403., traduction de Marc Richir dans F.W.J. Schellin g, Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine, Paris, Payot, 1977, p. 150. 2 Table des matières : Introduction ...............................................................................Pages 4 à 7 PREMIÈRE PARTIE DIEU ET LA POSSIBILITÉ DU MAL I. De la dépendance entre Dieu et le mal.........................................................Pages 7-9 II. Le mal dans la distinction entre Grund et Existenz..................................Pages 10-11 III. De la possibilité du mal à son effectuation......................................................Page 11 DEUXIÈME PARTIE DIEU ET L'EFFECTIVITÉ DU MAL I. Le mal effectif comme déchirement du lien avec Dieu................................Pages 11-13 II. Dieu face à la responsabilité de l'homme à commettre le mal................Pages 14-16 TROISIÈME PARTIE LE MAL FACE À DIEU DANS L'ESCHATOLOGIE SCHELLINGIENNE I. Vers l'écrasement du mal dans son tréfonds obscur.......................Pages 16-18 II. Le mal dans le temps de l'Authentique........................................Pages 18 et 19 Conclusions......................................................................................Page 20 Bibliographie............................................................................Pages 21-23 3 Schelling veut expliquer le mal à partir de Dieu, or le mal ne peut pas provenir de Dieu en tant que tel, il ne peut être dérivé que de ce qui n'est pas Dieu lui-même en Dieu. (...) La spéculation schellingienne sur le Grund, cette authentique « métaphysique du mal », continue à fasciner théologiens et philosophes. Toutefois, l'époque qui suit immédiatement l'Idéalisme allemand est dominée par le positivisme et la méditation sur les mystères du mal semble se réfugier dans la littérature3 Les problèmes soulevés par F. W. J. Schelling - et les réponses qu'il apporte -, sur l'origine du mal4 sont décisifs pour l'histoire de la pensée. Le philosophe de Loenberg a marqué un dépassement radical d'une part de la tradition philosophique, habitée par l'idée d'un mal entendu comme privation du bien5, tout en affrontant, dans une conception nouvelle, les manières de penser le mal en Dieu à son époque. Cette « métaphysique du mal » dont parle le commentateur Miklos Vetö, qui fait exister le mal autrement que comme l'opposé du bien, est un objet déc isif du parcours schellingien, tant cette métaphysique témoigne d'un certain achèvement par Schelling d'une période d'intense foisonnement intellectuel sur la question du mal. Il ne faudrait cependant pas se méprendre sur la thèse développée ici par Vetö qui, loin de clore le questionnement avec M. Vetö, Le mal, essais et études, Paris, L'Harmattan, 2000, p. 22. Notre étude sur le mal chez Schelling se concentre principalement sur les Recherches philosophique sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent, in OEuvres métaphysiques, tr. J.-F. Courtine et E. Martineau, Paris, Gallimard, 1980. (notées R par la suite). Dans la majeure partie des cas, nous mentionnons la référence pag inée de la version allemande de référence, Friedrich Wilhelm Joseph von Schelling, Philosophische Untersuchungen über das Wesen der menschlichen Freiheit, in Sämmtliche Werke VII [p. 333-416], Stuttgart et Augsburg, 1856. (notée U par la suite, les Sämmtliche Werke sont notées SW par la suite) 5 En définitive, ce renversement suit l'originalité de Kant, qui, en dépassant la doctrine classique de la privation, fonde sa propre doctrine originale dans les Fondements de la métaphysique des moeurs et dans la Critique de la raison pratique, qui donne au mal un statut nouménal ne se limitant pas à l'homme (M. Vetö, Le mal, essais et études, op cit., p. 254. ; Critique de la raison pratique, OEuvres II, p. 639 - 648.). Schelling entend dépasser cette découverte, pour radicaliser l'origine du mal d'avant le mal, ni dans l'homme, ni dans un ange déchu, mais dans l'inauthentique de Dieu présent en Dieu. 3 4 4 Schelling6, entend plutôt réaffirmer à quel point sa conception nouvelle est déterminante pour l'histoire de la pensée, comme aboutissement d'une période. Comment caractériser la conception schellingienne du mal dans les Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent ? En quel sens cette conception explicite-t-elle l'origine du mal en Dieu ? Qu'est ce qui singularise ce mal en Dieu vis-à-vis des « restes » de l'immanentisme spinoziste ? Avant d'aborder les étapes problématiques qui concernent l'origine et la présence du mal, il nous faut rappeler un aspect central. Il s'agit bien ici d'articuler une « métaphysique du mal »7, et non des développements éthiques ou moraux, « C'est seulement quand on a reconnu ce mal universel qu'il est possible aussi de comprendre en l'homme le bien et le mal »8. La première étape consiste donc à élucider le mode d'être de ce mal radical en Dieu, avant de s'attacher à saisir les modalités de ce mal en Dieu, donc élucider le sens pour lequel Schelling pose un mal en Dieu. Par ailleurs, il convient de rappeler que toute étude sur Schelling, et, à plus forte raison sur les Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent, doit échapper à la prétention doctrinale systématique. Le système de Dieu pour Schelling est avant tout un « système vivant » nous rappelle Xavier Tillette, toute investigation sur son articulation se doit de prendre acte de sa détermination comme « Recherche ». Cette précision occupe d'ailleurs le philosophe dans les premières pages du traité. Notre lecture ne vaut donc que pour les points précis qu'elle aborde, dans les bornes que ces points imposent. Aborder les étapes du mal en Dieu chez Schelling, pour mettre en lumière le sens original d'une pareille conception, c'est donc se confronter aux problèmes qui se posent tout au long du parcours, et se heurter à l'impossibilité d'imposer des solutions définitives. Au point de départ des considérations sur le mal dans les Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent, Schelling s'oppose au malum metaphysicum, c'est-à-dire selon lui au concept négatif de l'imperfection de la créature de Leibniz, qui supposerait que le mal vienne « de la nature idéale de la créature, dans la mesure où celle-ci dépend des vérités éternelles qui sont contenues dans l'entendement divin, mais non pas dans la volonté de Dieu »9. Schelling s'attache à montrer que, s'il revient à un mal métaphysique, celui-ci n'est pas issu de l'entendement divin à la manière dont l'entend Leibniz : « La difficulté devient maintenant Son ouvrage en forme de compilation d'articles sur le sujet met notamment l'accent sur la question du mal chez Hannah Arendt [p. 281-320], puis Simone Weil [p. 327-330]. 7 Sur ce point, M. Heidegger, Schelling Abhanlung über das Wesen der menschlichen Freiheit, in Gesamtausgabe 42, Frankfurt am Main, 1988, p. 181. 8 R., p. 165. ; U., 381. 9 R., p. 155 ; U., 369. 6 5 d'expliquer ce positif qu'il faut bien admettre au sein du mal. Puisque Leibniz ne peut déduire celui-ci que de Dieu, il se voit contraint de faire de Dieu la cause de l'élément matériel du péché, en n'attribuant à la limitation originelle de la créature que son aspect formel. (...) Ce genre d'explication provient de manière générale d'un concept sans vie du positif, d'après lequel seule la privation peut s'opposer à lui »10. Le concept de vie prend ici une dimension centrale pour l'explication schellingienne du mal, et la différenciation vis-à-vis de Leibniz. Il y a une vie et un devenir en Dieu, et l'explication du mal comme des types de causalités à l'oeuvre, ne peuvent chez Schelling se simplifier dans un mal entendu comme privation, ou comme contenu de l'entendement divin. Dès lors, comment le mal est-il contenu en Dieu ? Dieu veut il le mal ? Dieu est-il l'auteur du mal ? Toutes ces questions supposent de répondre au problème du sens à donner à un mal présent en Dieu, tandis que Schelling conçoit d'abord Dieu comme expression du verbe11, forme de la nature, principe d'ordonnancement. D'une manière générale chez Schelling, le mal s'entend comme « ce qui ne devrait pas être, et qui pourtant est »12. Loin d'être une privation du bien, c'est une « contrefaçon du bien », une « dysharmonie positive »13. Comment donc cette contrefaçon bien réelle peut donc être dite en Dieu, lui qui est « l'harmonie même » depuis Leibniz ? Comment donc, le m al est-il condition de possibilité du bien ? En suivant le parcours de Schelling dans les Recherches philosophiques sur l'essence de la liberté humaine et les sujets qui s'y rattachent, il s'agit de connaître le mal, non selon le coeur14, mais selon l'esprit, pour le saisir solidaire de la liberté, solidaire de Dieu lui même, puisque « pour que le mal ne soit pas, il faudrait que Dieu lui-même ne fût point »15. Dans cette étude, nous analyserons d'abord l'origine du mal selon Schelling, en revenant sur la question du Grund16, pour répondre à la question de la possibilité du mal en Dieu. Nous R., p. 155 ; U., 369. Selon la traduction de J-F. Marquet cité plus haut ; [U., p. 361 ; R., p. 147]. J-F. Courtine indique quant à lui que Dieu est le mot de l'énigme [du lien entre entendement et volonté toute-puissante]., 12 P. David, « Le mal », in Le vocabulaire de Schelling, Paris, Ellipses, 2001, p. 36-38. 13 L'expression de « Dysharmonie positive », qui marque les Conférences de Stuttgart [Schelling, OEuvres métaphysiques, op. cit., p.244. ; U., p. 468.] est déjà valable dans les Recherches. Notons que les conférences de Stuttgart livrent une acception radicale du mal en Dieu qui vient directement en prolongement des développements du traité de 1809 : « Le mal, d'un certain point de vue, est le spirituel le plus pur, car il mène la guerre la plus violente contre tout Etre (...) quiconque est tant soit peu initié aux mystères du mal, celui là sait que la corruption est jus...
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« 2 Dieu exprime le Verbe et le Verstand , uni au désir, devient volonté librement créatrice et toute -puissante, et forme dans la nature initialement sans règles comme dans son élément ou instrument 1.

Pourquoi le parfait n’est -il pas prése nt dès le commencement ? A cette question il n’y a pas d’autre réponse que celle qui a déjà été donnée : parce que Dieu est une vie et pas seulement un être 2.

1 F.W.J.

Sche lling, SW., VII, p.

361., traduction de Jean -François Marquet, in Liberté et existence, Étude sur la formation de la philosophie de Schelling , Paris, Cerf, 2006, p.

421. 2 F.W.J.

Schelling, SW., VII, p.

403., traduction de Marc Richir dans F.W.J.

Schellin g, Recherches philosophiques sur l’essence de la liberté humaine , Paris, Payot, 1977, p.

150.. »

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