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Le machinisme est-t-il un obstacle au développement de la culture ?

Publié le 01/11/2005

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Et il est certain que toutes les règles des mécaniques appartiennent à la physique, en sorte que toutes les choses qui sont artificielles, sont avec cela naturelles. Car, par exemple, lorsqu'une montre marque les heures par le moyen des roues dont elle est faite, cela ne lui est pas moins naturel qu'il est à un arbre de produire des fruits. II. La machine libératrice de l'homme Les machines, on l'a vu, permettent à l'homme de se libérer de certaines fonctions contraignantes : on peut donc considérer que par là il se débarrasse de tâches techniques rébarbatives et peu productives sur le plan culturel et gagne donc du temps et de l'énergie pour se consacrer justement au développement de la culture, à la réflexion. L'homme soutenu par les machines pourrait donc gagner plus rapidement en culture, parce qu'il aurait les mains libres. Schopenhauer Un peuple composé uniquement de paysans découvrirait et inventerait peu de choses ; au contraire, les mains oisives font les têtes actives. Les arts et les sciences sont eux-mêmes enfants du luxe, et ils lui paient leur dette. Leur oeuvre est ce perfectionnement de la technologie, dans toutes ses branches, mécaniques, chimiques et physiques, qui, de nos jours, a porté le machinisme à une hauteur qu'on n'aurait jamais soupçonnée, et qui, notamment par la vapeur et l'électricité, accomplit des merveilles que les temps antérieurs auraient attribuées à l'intervention du diable. Dans les fabriques et manufactures de tout genre, et jusqu'à un certain point dans l'agriculture, les machines accomplissent mille fois plus de travail que n'auraient jamais pu en accomplir les mains de tous les gens à l'aise, des lettrés et des intellectuels devenus oisifs, et qu'il n'aurait pu s'en accomplir par l'abolition du luxe et par la pratique universelle de la vie campagnarde. Ce ne sont pas les riches seuls, mais tous, qui bénéficient de ces industries.

Le terme de « technique « vient du Grec technê, qui signifie art manuel, habileté à faire quelque chose. La technique renvoie donc à un savoir-faire qui permet d’obtenir un résultat déterminé, et dans ce sens elle vise l’utilité et l’efficacité. Le domaine de la culture désigne plutôt un ensemble d’activités qui ne sont pas directement utiles (comme les arts ou la science, c'est-à-dire le domaine de la pensée en général). Mais comme le dit Descartes  dans le Discours de la méthode, la technique peut nous aider à maîtriser la nature, à en devenir « maître et possesseur «. En ce sens elle peut servir la culture, car elle permet à l’homme de mettre au point des machines qui lui permettent d’économiser du temps de travail, qu’il peut alors employer pour développer les sciences, les arts, ou les Lettres. Mais le problème est que la technique peut aussi présenter un danger, celui d’asservir l’homme à sa propre logique (c’est par exemple le cas du travail à la chaîne qui, rendu possible par la technique, réduit l’homme à des tâches qui ne stimulent pas du tout sa pensée et nuisent par là à la culture).

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« Bergson Quand on fait le procès du machinisme, on néglige le grief essentiel.

On l'accused'abord de réduire l'ouvrier à l'état de machine, ensuite d'aboutir à uneuniformité de production qui choque le sens artistique.

Mais si la machineprocure à l'ouvrier un plus grand nombre d'heures de repos, et si l'ouvrier emploiece supplément de loisir à autre chose qu'aux prétendus amusements qu'unindustrialisme mal dirigé a mis à la portée de tous, il donnera à son intelligence ledéveloppement qu'il aura choisi, au lieu de s'en tenir à celui que lui imposerait,dans des limites toujours restreintes, le retour (d'ailleurs impossible) à l'outil,après suppression de la machine.

Pour ce qui est de l'uniformité de produit,l'inconvénient en serait négligeable si l'économie de temps et de travail, réaliséeainsi par l'ensemble de la nation, permettait de pousser plus loin la cultureintellectuelle et de développer les vraies originalités. Ce texte de Bergson vise à formuler un jugement nuancé sur le machinisme.

Sonthème porte sur les avantages et désavantages comparés de la machine et del'outil, du point de vue de l'épanouissement humain. Le problème posé dans le texte est le suivant : n'y a-t-il pas, contrairement auxidées reçues, une supériorité, de ce point de vue, de la machine sur l'outil ? La thèse de Bergson est que cette supériorité est bien réelle, parce que le machinisme libère du temps dans la viede l'ouvrier, lui permettant de se consacrer à des activités moins aliénantes. L'enjeu présent dans ce texte est de savoir si la civilisation du machinisme est compatible avec la liberté et ladignité humaine. Le texte procède selon trois moments. Un premier moment (jusqu'à "sens artistique") détaille les deux reproches que l'on adresse habituellement aumachinisme : d'abord, transformer en machine l'utilisateur d'une machine. Ensuite, briser l'inventivité de l'ouvrier, en lui faisant produire des objets identiques les uns aux autres. Les deuxièmes et troisièmes moments répondent à ces faux reproches.

Le seul vrai reproche en effet, est pourBergson que la production massive d'objets grâce aux machines pousse les hommes à une consommation inutile,c'est-à-dire au luxe. La raison de l'invalidité du premier reproche est la suivante (deuxième moment) : Le temps libre ("heures de repos") permis par le machinisme donne à l'ouvrier la possibilité de libérer son esprit descontraintes de la matière, et ainsi de retrouver au fond de lui-même la faculté de " choix " que le travail sur machinelui a fait oublier. Ce choix se portera spontanément selon Bergson, sur des potentialités de son intelligence autres que cellessollicitées pour faire fonctionner sa machine. De là, Bergson conclut à l'infériorité de la civilisation de l'outil : l'homme est plus inventif quand il use d'outils, mais ily passe plus de temps , et laisse ainsi en friche des potentialités qui pourtant lui appartiennent. Bergson aperçoit cependant les limites de son argument : l'"industrialisme" suscite plutôt l'"amusement", c'est-à-direl'utilisation récréative des objets que l'ouvrier lui-même a produit, plutôt qu'il ne suscite un authentique geste deliberté. Mais la faute en revient, précise Bergson, moins au machinisme, qu'à la politique du développement industriel, quiest "mal dirigée". La raison de l'invalidité du deuxième reproche est la suivante (troisième moment de "pour ce qui est" à la fin dutexte) : L'uniformité des produits machiniques n'a pas d'effet sur l'esprit humain, à condition que les hommes usent de leurtemps libre pour épanouir leur originalité profonde.

SECONDE CORRECTION On appelle « machinisme » un ensemble de conceptions et de pratiques nées de la prolifération des machines deproduction, elles-mêmes produites, et « mécanisme » certaines conceptions scientifiques ou philosophiques qu'on a. »

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