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Le langage sert-il à exprimer la réalité ?

Publié le 17/01/2022

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langage
Et, pour la consolider, le nom est indispensable (Ernst Cassirer, Le langage et la construction du monde des objets).Ici, le langage enfantin sert à exprimer la réalité en la construisant. Mais cette « construction-représentation » de ce qui est correspond à tout l'exercice humain et non point seulement à celui de l'enfance. Donner un nom aux choses, disent certains, c'est leur attribuer une étiquette. Voilà qui est faux. En réalité, les mots servent à « parler le monde » et donc à l'inventer, et donc ils ont pour fonction de construire les objets et de les exprimer en même temps : en somme, les signes linguistiques manifestent, d'une manière générale, le vrai et le réel: ils servent à connaître le monde. TransitionLe terme même de construction ne doit-il pas nous conduire vers une dimension «représentation-action» encore plus nette? Qu'est-ce que construire? Le pouvoir des mots ne permet-il pas de faire surgir un nouveau monde? C.
 
Analyse du sujet :
 
  • Le sujet pose une question à laquelle nous sommes invités à répondre par « oui «, « non «, ou de manière nuancée, ceci à chaque fois avec les références qui s’imposent et de manière argumentée.
  • La question porte sur ce à quoi « sert « le langage, c'est-à-dire son utilité. Plus précisément, elle demande si la fonction du langage est une fonction d’expression, autre notion capitale de notre sujet.
  • La notion de langage doit être distinguée de celle de parole, qui désigne dans son acception courante une faculté de l’homme ou, lorsque nous parlons d’une parole en particulier, ce qui est prononcé dans le langage parlé. Le langage ne se réduit pas à un ensemble de paroles prononcées : il peut être écrit, il peut être gestuel (langage des signes), il peut être informatique (langage de programmation), etc.
  • Le langage n’est pas non plus la langue : celle-ci résulte d’un ensemble de conventions de prime abord lexicales qui régissent l’utilisation correcte des mots qui la composent, alors qu’un langage, on l’a dit, n’est pas nécessairement lié à des mots.
  • Parole et langue demeurent cependant toutes deux liées au langage dans la mesure où un sens, une signification, y est chaque fois exprimé. Le simple cri est dénué de sens et n’est de ce fait pas une parole. Une juxtaposition de mots qui contrevient aux règles de syntaxe n’a pas non plus de sens et n’appartient alors pas à une langue en particulier même si elle lui emprunte ses constituants (les mots). De même, un langage, pour mériter ce nom, doit permettre par l’utilisation des règles qui le régissent de signifier quelque chose.
  • La réalité désigne ce qui existe réellement, ce qui est de manière effective et non seulement idéale ou possible.
 
 
 
Problématisation :
 
La question directrice est la suivante : le langage a-t-il pour fonction d’exprimer ce qui est de manière effective, c'est-à-dire la réalité ? Nous distinguons les problèmes suivants :
Premièrement, si le langage permet l’expression d’une signification, est-ce bien la signification de ce qu’est la réalité qui est alors exprimée ? Le langage ne sert-il pas également par exemple à l’expression des sentiments ? La question est donc celle de l’identification de ce à quoi peut servir le langage.
Le second problème que nous rencontrons concerne la possibilité d’un rapport entre langage et réalité. Comment être certain que c’est bien de la réalité que nous rendons compte par l’expression dans un langage ?
 

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« représentative, on ne comprendrait pas l'essence même de la poésie, destinée à nous faire entrevoir « lessplendeurs situées derrière le tombeau ».

Il y a un chant endormi en toutes choses et le monde se mettra à chantersi tu trouves le maître mot, disait le grand poète romantique allemand Eichendorff. B.

Le langage sert â construire la réalité. Non seulement le langage sert à exprimer la réalité parce qu'il est le plus vrai et que l'ineffable est flou, imprécis etobscur, mais il sert à construirela réalité, qu'il exprime.

Il a pour fonction de façonner le monde et le réel, comme le montre bien, tout d'abord, laconstruction du monde perceptif de l'enfant.

L'enfant nomme pour construire le monde, pour bâtir unereprésentation des choses.

S'il a faim de noms (« qu'est-ce que c'est? », dit-il), c'est pour construire la réalité et,du même coup, l'exprimer.

« L'enfant qui pose des questions possède un moyen tout nouveau d'intervenirpersonnellement dans le monde et de construire ce monde par lui-même.

Armé du nom, l'enfant peut s'essayer à lareprésentation des objets.

Car il ne faut pas croire que cette représentation a déjà pour l'enfant une existencestable ; elle doit être conquise et consolidée.

Et, pour la consolider, le nom est indispensable (Ernst Cassirer, Lelangage et la construction du monde des objets).Ici, le langage enfantin sert à exprimer la réalité en la construisant.

Mais cette « construction-représentation » dece qui est correspond à tout l'exercice humain et non point seulement à celui de l'enfance.

Donner un nom auxchoses, disent certains, c'est leur attribuer une étiquette.

Voilà qui est faux.

En réalité, les mots servent à « parlerle monde » et donc à l'inventer, et donc ils ont pour fonction de construire les objets et de les exprimer en mêmetemps : en somme, les signes linguistiques manifestent, d'une manière générale, le vrai et le réel: ils servent àconnaître le monde. Transition Le terme même de construction ne doit-il pas nous conduire vers une dimension «représentation-action» encore plusnette? Qu'est-ce que construire? Le pouvoir des mots ne permet-il pas de faire surgir un nouveau monde? C.

Le langage sert â inventer la réalité et â l'exprimer a travers le pouvoir des mots. Comment le langage ne servirait-il pas à exprimer la réalité? Quand je parle, je métamorphose le monde en agissantsur autrui.

Dire, c'est faire, montre à juste titre le philosophe anglais Austin.

Le langage fait exister réellement cequ'il nomme, car il y a une puissance thaumaturgique inhérente aux mots.

Le langage (et pas seulement le langagepoétique) est magie, ensorcellement, envoûtement.

Il désigne un acte produisant des effets réels et vrais.

Que l'onsonge seulement à la calomnie : si j'attaque la réputation de quelqu'un par des mensonges, mes mots me servent àattaquer et à noircir un être injustement, certes, mais en créant paradoxalement le réel: calomnions, calomnions, ilen restera toujours quelque chose! Donc les mots ont pour fonction d'inventer la réalité et de l'exprimer.

De même laflatterie.

Dans L'Apollon de Bellac, Giraudoux a amplement souligné ses vertus ; flatter, c'est-à-dire louerfaussement ou excessivement pour plaire ou séduire, c'est transfigurer et agir sur l'autre, sur le réel sur la vie.

Lacalomnie défigure, mais la flatterie transforme positivement et métamorphose.

Donc elle exprime le réel et le crée.Les mots sont envoûtement : ce qui a été dit devient vrai : « La conscience flattée jouit ainsi de la flatterie commed'une lecture de sa propre vie romancée, où elle découvrirait la signification passionnante des mornes signes que savie s'était passée à épeler.

» (Nicolas Grimaldi).Ainsi, les mots ont une fonction thaumaturgique et ils font surgir une réalité nouvelle qu'ils expriment.

À travers lessignes linguistiques, jaillit un univers inédit, créé et exprimé par le langage.

Les sophistes pousseront cette logiquedu langage thaumaturgique jusqu'à son point maximal : tout ce qu'on dit ne peut être que vrai.

En somme, lelangage fait et crée la vérité.

Dès lors, il est producteur de sa propre vérité et nous pouvons prêter au mot l'être dela chose.

Pour les sophistes, dire, c'est faire; le signe suscite le sens et porte le vrai. Conclusion Le poète, l'écrivain, l'homme de la quotidienneté aussi disent, par les mots, ce qui est.

Le langage sert à exprimer laréalité, mais aussi à la façonner.

La dimension pragmatique du langage est inséparable de sa fonctionreprésentative.. »

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