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Le langage peut-il exprimer une réalité sans la trahir ?

Publié le 19/03/2020

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langage
 
DIRECTIONS DE RECHERCHE
• Le sujet est différent du sujet proposé, page 60 : « Un langage permet-il d’exprimer tout ce qui peut être pensé ? ».
Il en est différent d’une part parce qu’il ne s’agit pas ici du rapport « pensée-langage », mais du rapport « langage-réalité » ; d’autre part parce que l’énoncé conduit non pas à nous demander si le langage serait parfois impuissant à formuler « quelque chose », de façon adéquate, mais s’il ne l’est pas pour quelque réalité que ce soit.
• On peut toutefois se référer à quelques éléments de recherche évoqués dans le commentaire de ce sujet.
• On peut également trouver des éléments de réflexion dans le commentaire du sujet : « L’abstraction éloigne-t-elle de la réalité ? » (voir p. 102).
• Il serait bon de se demander s’il y a des « types » de réalités qui non seulement seraient « exprimés » par le langage mais ne se concevraient pas, ou mieux même, n’existeraient pas sans lui.
• Il serait également opportun d’examiner avec soin la notion de « trahison » et ce que cela implique, dans le contexte, comme conception de la « représentation » ? Celle-ci ne serait-elle pas conçue comme devant être homologue voire identique (et bien sûr, dans ce cas, il y aurait possibilité de trahison) aux réalités évoquées ?
INDICATIONS DE LECTURE
— La plupart de celles indiquées pour les autres sujets concernant le langage peuvent être appropriées.
— Nous nous contenterons donc d’y ajouter seulement quelques citations de Nietzsche (quelque peu provocatrices..., du moins nous l’espérons, à la réflexion).
« Songeons encore, en particulier, à la manière dont se forment les concepts. Chaque mot devient un concept, par le fait que le mot, au lieu de servir à rappeler en quelque sorte l’expérience primitive, unique et absolument individualisée à la faveur de laquelle if a surgi, doit désigner d’innombrables expériences plus ou moins analogues c’est-à-dire, stricto sensu, jamais identiques, et doit donc s’adapter à des cas entièrement dissemblables. Tout concept résulte de l’opération par laquelle on réduit à l’identité ce qui n’est pas identique ».
Extrait de : Werke, X, page 194.
« C’est parce que l’homme a cru, durant de longs espaces de temps, aux idées et aux noms des choses comme à des vérités éternelles, qu’il s’est donné cet orgueil avec lequel il s’élevait au-dessus de la bête : il pensait réellement avoir dans le langage la connaissance du monde. Le créateur des mots n’était pas assez modeste pour croire qu’il ne faisait que donner aux choses des désignations, il se figurait au contraire exprimer par les mots la science la plus élevée des choses ». '
Extrait de : Humain, trop humain, Tome I, p. 26)


langage

« restreignent la liberté d'expression de nos pensées.

La trahison des mots se trouve ici, dans la dissimulation de lavérité, car toute vérité n'est pas toujours bonne à dire ou à entendre.

En outre, dans certaines situations, les motspeuvent laisser transparaître nos véritables sentiments envers autrui.

Ainsi, sous l'effet de la colère, on peut laisseréchapper certaines choses que nous ne voulions pas dire.

De même le lapsus qui consiste à dire un mot à la placed'un autre, par inadvertance, peut aussi être considéré comme un échec de la part des mots car il s'agit de larévélation de notre inconscient.

Ainsi lorsque l'on emploie couramment l'expression « mes paroles ont dépassés mespensées », on sous-entend alors que les mots ont indépendamment pris le contrôle de notre pensée.

Nous voulonsdire par là que nous avons involontairement révélé à notre interlocuteur, quelque chose dont nous ne voulions pasque notre interlocuteur soit tenu au courant.

On est alors mis en danger, puisque l'on ne contrôle plus l'image quel'on veut donner de soi.

Les mots seraient donc dans la capacité de nous trahir de plusieurs façons. Cependant plusieurs faits peuvent nous amener à remettre en question cette capacité à nous trahir dont on doteles mots ? En premier lieu la fonction originelle des mots peut nous amener à remettre en question cette accusation de trahisonfaite contre les mots.

En effet les mots ont une fonction d'intermédiaire entre la pensée et la réalité, il semble doncimpossible que la parole puisse aller au-delà de ses fonctions.

Les mots ne peuvent pas dire autre chose que ce quel'on pense.

On peut alors objecter le fait que l'on ne se reconnaisse pas toujours dans nos paroles ? Mais on peutrépondre à cela que les mots prononcés peuvent d'abord avoir été à l'état de subconscient dont on prendraitconnaissance au moment ou ces mots sont prononcés.

Ainsi les lapsus révélateurs ou intuitions seraient-ils desmanifestations de l'inconscient ? Nous n'avons pas totalement conscience de toutes nos pensées, le langage restedans le domaine du flou et de l'irréel.

Par conséquent si l'on ne se reconnaît pas dans ces mots, c'est sûrementparce que notre pensée n'était pas définie avant d'être prononcée.

D'autre part, si l'on accepte l'hypothèse selonlaquelle les mots nous trahissent, alors on confirme que les mots trahissent nos pensées.

Or, d'après Hegel c'est ausein même du langage que la pensée se construit, car il n'existe pas de pensée innée puisqu'elle est toujours liée parune relation avec la réalité, dont le langage fait partie intégrante.

Ainsi, toujours selon Hegel, la pensée ne devancepas les mots qui la définissent, mais au contraire, ces mots lui permettent d'émerger à l'être, de s'accomplir en seréalisant complètement.

Tant qu'il n'y a pas de langage, la pensée ne serait donc ni déterminée ni réelle, et si ellen'a pas de lien avec la réalité, elle reste floue et confuse.

L'intérêt du langage réside donc dans le fait qu'elle met enrelation l'intériorité et le monde extérieur. Enfin, d'après Descartes la fonction de parler s'accompagne d'une capacité à la réflexion et d'une capacité physique.Donc d'après la thèse cartésienne, si l'on parle sans avoir conscience de ce que l'on dit, cela n'a pas de sens car iln'y a de sens que lorsqu'il y'a adéquation entre pensée et paroles. De là, on peut conclure que notre première hypothèse « les mots nous trahissent » est fortement remise enquestion.

Mais alors si les mots ne nous trahissent pas, c'est qu'il y' a une autre force en nous qui nous fait nous« trahir » personnellement .Mais de quel ordre est cette force ? Pourquoi nous trahit-elle ? La conscience chez l'homme, c'est cette faculté de se rendre compte de sa propre existence ou de ses étatsémotionnels, mais aussi du monde qui l'entoure.

Néanmoins, on n'aurait, semble-t-il, pas accès à tout ce qui sepasse en nous.

La pensée ne serait donc pas toujours une pensée consciente.

Cela ne signifie pas que nousarrêtons de penser, mais que nous n'aurions pas totalement conscience de toutes nos pensées réfléchies.

Cettepartie de nous dont nous n'avons pas conscience est appelée l'inconscient, le Surmoi.

L'inconscient est doncl'ensemble des phénomènes psychiques dont nous n'avons pas conscience et qui se manifeste par ses influences surle conscient.

Car en effet, l'inconscient a ses propres manifestations mais qui ont toujours lieu de manièredétournée, notamment par l'intermédiaire, dans notre cas, des lapsus.

L'inconscient se manifeste donc parl'intermédiaire de signes, or le signe est un phénomène remarquable dont la perception constitue un indiceconcernant un été caché...

On peut donc considérer que l'inconscient à son propre langage puisqu'un véritablelangage est composé de signes. On en arrive donc à la conclusion que l'inconscient « parle » bien en nous.

Ainsi la psychanalyse a pour ambitiond'interpréter les signes de ce même inconscient.. »

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