Le langage parvient-il à tout exprimer ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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le plus souvent à coller des étiquettes sur elles.
Cette tendance, issue du besoin, s'est encore accentuée sousl'influence du langage.
Car, les mots désignent tous des genres ".
Ainsi, le langage contribue à nous masquer la vraie réalité des choses, qui est toujours concrète et singulière.
aussi, l'intuition qui seule, selon Bergson , nous permettrait d'atteindre l'absolu, cherche-t-elle à coïncider avec ce que l'objet a d'unique et, " par conséquent, d'inexprimable ".
Ici encore la philosophie existentielle a accentué cette position.
Certains philosophes en viennent à faire du "je-ne-sais-quoi" une véritable catégorie de la pensée ( Jankélévitch ).
Selon Jaspers , toute existence individuelle est unique et, par suite, ce n'est pas seulement l'individu empirique dans sa particularité historique, qui est, comme l'avaient reconnu les scolastiques, "inépuisable et inexprimable ", c'est l'existence elle-même qui s'oppose au discours, et la philosophie, en tant que discours sur l'existence, ne peutprétendre à l'exprimer: elle ne peut être qu'un appel qui "éveille " l'existant individuel et l'invite à être lui-même.
C) Mais, si c'est une défaite de la pensée philosophique (dont le rôle est de tout comprendre) que dereconnaître de l'ineffable, il n'en va plus de même du point de vue religieux et surtout mystique.
Qui reconnaîtl'existence d'un être infini, reconnaît en effet par là même l'impuissance de l'intelligence humaine à le comprendrepleinement et celle du langage humain à l'exprimer adéquatement.
Aussi le premier Concile du Vatican proclame-t-ilDieu "ineffablement élevé " au-dessus de toutes les créatures.
a plus forte raison, les mystiques qui s'efforcent d'entrer en union spirituelle avec cet Etre infini, ne trouvent-ils plus de paroles pour exprimer cette union, etcertains d'entre eux sont allés jusqu'à parler du "je-ne-sais-quoi" qu'ils ressentent dans l'extase.
Sainte Thérèse déclare qu'au moins au début, elle "passa fort longtemps sans trouver une seule parole pour faire connaître aux autres les lumières et les grâces dont dieu la favorisait ", et Bossuet , dans une lettre à l'une de ses pénitentes, lui conseille, pour faire oraison, de dire ö sans rien ajouter.
Il s'en faut toutefois que, chez les vrais mystiques, cet état ne soit qu'inconscience et tourne le dos à touteintelligibilité.
Comme l'a très bien dit h.
Delacroix, "pour les mystiques chrétiens, le dieu ineffable est au dieu de l' Eglise ce que l'intuition est au discours.
Il le dépasse, mais il se précise et s'explicite en lui...
Ils adhèrentexplicitement ou implicitement à l'école qui contraint le discours à témoigner en faveur de l'intuition ".
Troisième partie : C'est le langage même qui actualise l'inexprimable
a) Le langage implique et fonde l'expérience de la séparation ontologique des individus.
Par le langage « l'hommeplonge dans son intériorité monadique et exprime un moi qui se déploie vers l'altérité » (J.
Brun).b) L'inexprimable ne recouvre-t-il pas la tentative de faire partager à autrui, en tant que vécu, et grâce au langage,l'expression subjective de cette séparation, c'est-à-dire d'annihiler cette séparation, ce qui est impossible puisquec'est par le langage que cette séparation se révèle ? Ainsi « parler c'est discerner l'intransférable » (J.
Brun).
conclusion
Le langage exprime la pensée et révèle l'inexprimable, c'est-à-dire l'impossibilité du transfert de la subjectivité dansl'intersubjectivité.
Cet échec du langage n'est-il pas le langage lui-même ?.
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