Le langage est-il ce qui nous rapproche ou ce qui nous sépare ?
Publié le 01/02/2004
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• Ne pas s'en tenir au simple constat de la pluralité des langues. • Penser que l'usage du langage, de ses formes et de ses niveaux, s'inscrit dans un contexte social. • Ne pas privilégier une approche purement linguistique.
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qualifier un Pouvoir, lui donne sa cohérence, sinon son existence: qui dit monarchie se met en mesure d'élaborer lesystème monarchique, formule la série des concepts qui se trouvent mis dans la langue.
Toutes les institutions majeures ont pour rôle de tester et d'élaborer le langage du Pouvoir.
L'un desprivilèges les plus incontestables du milieu dirigeant est précisément de conserver la langue.
Le langage de la culturese confond avec celui de la classe dirigeante.
Les faits langagiers montrent la capacité "performative" des classes dirigeantes.
Et, le propre de ces dernières est d'éviter ou d'intégrer la "gheottisation" du langage: culture jeune (BD,musique, expressions "branchées"...).
Dès lors, si le pouvoir manifeste son emprise sur le langage, ce dernier à sontour influence le Pouvoir, à tel point que l'évolution des phénomènes langagiers a une signification historique etpolitique considérable: l'invasion du franglais traduit ainsi notre infériorité à l'égard de l'Amérique anglophone, lorsquela France était puissante, on parlait français à Saint-Pétersbourg.
De même, à la limite, on obtient le phénomène dela langue de bois qui est une conséquence de la glaciation du langage et/ou de la glaciation du Pouvoir.
Aussi, il faut bien qu'un jour, change ce langage jugé rétrograde.
Et, la révolution se manifeste aussi par un acte delangage.
La prise du pouvoir ne s'accompagne pas par hasard de déclarations solennelles, de thèses ou deprofession de foi.
En bref, on peut dire que le rêve de puissance est un rêve de langage.
Il fonde et manifeste le Pouvoir etcelui-ci s'exerce par celui-là.
II) Le langage nous rapproche
1) Parler la même langue rapproche les hommes
A.
La traduction comme dépassement de la diversité.
La diversité des langues n'empêche pas pour autant de communiquer.
Toutes les instances internationales en sontd'une certaine manière la preuve.
Puisque la langue est un code, il suffit de trouver les correspondances entre lesdifférents codes qui existent pour retrouver l'unité du langage.
B.
Les langues universelles.
Il suffit de considérer toutes les tentatives pour créer une langue universelle, de celles de Leibniz jusqu'à la créationde l'espéranto et de tous ses concurrents (et ils sont nombreux), pour comprendre à quel point la question ici poséea été tout au long de l'histoire un réel souci d'ordre politique.
L'établissement d'un code universel a souvent étéenvisagé comme le meilleur moyen de pacifier le monde.
Il y a là une confirmation du fait que la diversité deslangues est un obstacle à l'entente entre les peuples, mais, en même temps, il y a affirmation du fait qu'enremédiant à cette diversité on est en droit d'espérer la concorde.
L'obstacle peut donc être envisagé commesurmontable.
2) Le dialogue comme horizon commun de la vérité
Depuis Socrate et Platon, la discussion, la confrontation d'opinions adverses, est lemoyen d'accéder à la vérité par la confrontation, par questions et réponses.C'est la maïeutique socratique qui permet à un sujet de prendre conscience de la véritéqui se trouve en lui.Ainsi le dialogue est une démarche progressive, d'où l'idée de chemin qui indique lemouvement du sujet vers la connaissance.
Chemin se traduit par méthode en grec, cela implique qu'il faut suivre des procédés etdes règles pour parvenir à une connaissance vraie.
Comme mise à l'épreuve desopinions, la confrontation joue le rôle d'une véritable vérification.
En science comme en philosophie ce débat peut être public.
La vérité n'est jamaisdéfinitivement établie : elle est dynamique et en constante évolution.
La discussion peuten manifester le mouvement par la confrontation des preuves.
C'est au XVIIème siècle, avec Spinoza, puis au XVIIIème, avec Kant, que s'est développée l'idée que la généralisation du dialogue était la condition du progrès de la raison dans tous les domaines.Habermas a nommé "espace public" ce nouvel espace démocratique de confrontation des idées, des preuves etd'élaboration de la vérité.
Désormais, rien ne peut prétendre au titre de vérité s'il ne se soumet pas à l'exigencerationnelle de la confrontation.
Au philosophe allemand Jurgen Habermas (1929) revient le soin de traduire ces soucis dans les termes d'unedémocratie vivante.
Le concept d'espace public, grâce auquel il tente de penser l'érosion continue de la politiquemoderne, devient vite déterminant.
Si l'on entend par espace public l'ensemble des relations au coeur desquelless'accomplit, de façon vivante, une parole politique (et non les lieux publics), on aura sans doute compris que l'Étatdémocratique moderne souffre de le voir colonisé par les médias et les autres instances de confiscation de la parole(ou d'imprégnation de modèles figés).
Les citoyens se détournent de l'espace public parce qu'ils ne peuvent plus yêtre entendus, à défaut de le vivifier eux-mêmes..
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