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LE LANGAGE.

Publié le 24/10/2009

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Si  la philosophie occidentale se définit dès l'origine comme la recherche de ce savoir par excellence que les grecs ont nommé "sophia", ce savoir est en même temps conçu comme savoir portant sur la "nature des choses", sur la "physis" dont il a pour fonction d'exprimer l'"ordre", le "cosmos". Or, l'expression de l'ordre des choses vient au jour dans ce que les grecs appelaient le "Logos".

            Le "Logos", c'est le nombre, c'est la raison et la mesure, c'est le "discours" enfin, dans lequel s'énonce, pourrait-on dire, la "formule" susceptible d'exprimer la présence d'une stabilité substantielle, d'une constance régulière, cyclique, cohérente, immuable de l'Etre comme Nature, derrière la multiplicité mobile, (apparemment dépourvue de toute ordonnance à l'unité d'un principe), du "paraître" et du "devenir" sensibles.

            La "science" dont la philosophie se met en quêter est donc à l'origine la possession du "discours" qui énonce la cohésion de l'Etre comme Nature au-delà des apparences. Mais, ce discours "ontologique" -dans lequel il y va d'une science de l'Etre- s'énonce à partir d'un langage qui n'est pas nécessairement de lui-même révélateur de la raison des apparences; car, l'homme parle quotidiennement un langage soumis au règne de l'opinion et de l'apparence, et qui se borne à refléter une expérience immédiate, subjective et désordonnée, des "phénomènes".

            Le problème de la vérité se trouve donc ainsi mis en jeu dans la simple question de l'essence et de l'usage quotidien ou scientifique d'un langage au statut ontologique aussi ambigu que celui de la réalité humaine qu'il reflète. Car, ce n'est qu'au sein de cet élément du langage et du "monde parlé" vivants, que l'homme peut entreprendre de "révéler" l'Etre en le formulant et en l'exprimant, mais le langage détient aussi un pouvoir de "dissimulation" de l'Etre; et ce double pouvoir n'appartient justement qu' à l'homme, qu'à l'"existant", pour lequel seul la question de l'essence de l'Etre et de la nature des choses peut devenir problème et prendre sens, dans l'inquiétude même de sa propre essence; par et dans le langage.

            "Le langage, dit  Aristote, s'il ne manifeste pas, n'accomplit pas sa fonction propre". Le discours que le langage porte en puissance est en effet révélation de L'Etre à l'homme, dans la mesure où le langage est ce au sein de quoi "L'être se dit en plusieurs sens" (en ces catégories fondamentales sans lesquelles nous ne saurions "habiter" ce monde comme étant justement "le nôtre"); ou encore ce sans le secours de quoi les choses n'apparaîtraient pas avec le sens qui, pour l'homme qui l'énonce, est "le leur".

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« L'analyse que le "locuteur" doit faire de l'expérience à communiquer linguistiquement est ainsi conditionnée par un choix à faire dans le système des possibilités lexicales et syntaxiques qui définit la langue.

L'articulationlexicale et syntaxique de l'expérience humaine, dans la langue, constitue la première articulation du langage,l'articulation sémantique.

Elle se fait par les monèmes.

La deuxième articulation du langage porte sur la façon dont l'aspect matériel du signifiant sémantique est àson tour analysable, dans le langage, en unités phoniques élémentaires, distinctes mais dépourvues par elles-mêmesde signification et sans référent dans l'expérience.

Les linguistes appellent phonèmes ces sons fondamentaux parlesquels on peut énoncer tout ce qui peut être dans une sphère linguistique donnée; on verra qu'ils necorrespondent que grossièrement aux voyelles et aux consonnes.

C'est indirectement que les phonèmes contribuent à la signification.

En effet, les propriétés signifiantes desphonèmes tiennent seulement à la place qu'ils occupent respectivement dans la chaîne signifiante d'un énoncé, parrapport aux autres phonèmes possibles selon la palette phonématique qu'offre la langue.

Ainsi, le phonème nesignifie-t-il que par rapport aux phonèmes environnants dans l'énoncé, et par opposition aux phonèmes possiblesmais non choisis en un point donné de l'énoncé .

Cette découverte relative aux propriétés dites sémiotiques des phonèmes permet de rendre compte aussides effets de signification propres à tout choix sémantique au sein du système de la première articulationlinguistique.

Toute parole qui se dit dans la langue n'est qu'un certain usage de celle-ci parmi bien d'autrespossibles, elle privilégie tel ou tel énoncé, tels ou tels monèmes, telles ou telles structures syntactiques; paropposition à tous les autres énoncés différents.

De même, à l'intérieur du système de la langue, un monème n'estsignificatif que par opposition différentielle avec tels ou tels autres, tant sur le plan du signifié que sur celui dusignifiant.

Il n'y a donc de signification linguistique que différentielle: "Dans la langue , écrit f.

de Saussure , il n'y a que des différences" .

Et toute parole ne dit proprement "quelque chose" , que dans la mesure même où elle "diffère" de toute parole effectivement dite à côté d'elle; de toute autre parole dont une langue est en puissance.

Par ladouble articulation qui la caractérise, la langue est donc le système de signes qui permet à l'homme d'engendrer parl'acte de la "parole" , à partir d'une liste fermée et restreinte de phonèmes ainsi que d'une logique de la différenciation sémiotique, une infinité ouverte de monèmes distinctifs.

Le jeu des différences linguistiques est doncouvert à l'infini d'une prolifération de significations différentielles du sens qui est la pensée même; et la raison del'homme dépend de la maîtrise de son langage en un discours réglementé qui ne permet pas de tout dire.

Il n'enreste pas moins que la positivité d'une telle approche, scientifiquement instructive quant à la production du "sens" en quelque sorte entre les signes, ne saurait faire oublier au philosophe du langage que le langage est plus qu'unsimple "instrument" de communication; qu'il est plutôt le milieu propre à l'humain, ou l'élément au sein duquel l'humain est "chez lui" dans le monde, sa façon propre d' "habiter" le monde intimement, dans l'intersubjectivité de ses semblables comme dans l'intériorité de son rapport à soi: "La pensée , dit Platon , est le dialogue silencieux de l'âme avec elle-même".

Pensée et langage: On serait tenté de penser, à première vue, que le langage est l'expression, secondaire, médiate d'unepensée déjà toute faite: nous pensons, jugeons, et ensuite nous formulons notre pensée à l'aide de phrases et demots.

Or, il n'en est rien.

Il y a une parenté beaucoup plus étroite entre la pensée et le langage: le "mot-phrase" est solidaire du caractère syncrétique des premiers jugements de l'enfant, l'idée abstraite est difficilementséparable du mot, et la construction de l'univers , chez l'enfant notamment, va de pair avec la constitution dulangage: "Le langage , écrit Delacroix , est un moment de la constitution des choses par l'esprit...

Toute pensée construit des signes en même temps que des choses." De Même, Louis Lavelle affirme: "Le langage n'est pas, comme on le croit souvent, le vêtement de la pensée: il en est le corps véritable...

La pensée n'est rien sans laparole." Les sociologues et les ethnologues ne sont pas d'un autre avis.

Selon Claude Lévi-Strauss , c'est le langage et non pas la technique, qui est le vrai "signe représentatif de la culture": "On a défini l'homme comme homo faber, fabricateur d'outils, en voyant dans le caractère la marque même de la culture.

J'avoue que je ne suispas d'accord et que l'un de mes buts essentiels a toujours été de placer la ligne de démarcation entre culture etnature, non dans l'outillage, mais dans le langage articulé...

Le langage m'apparaît comme le fait culturel parexcellence, et cela à plusieurs titres; d'abord, parce que le langage est une partie de la culture, l'une de cesaptitudes ou habitudes que nous recevons de la tradition externe; en second lieu, parce que le langage estl'instrument essentiel, le moyen privilégié par lequel nous assimilons la culture de notre groupe; un enfant apprendsa culture parce qu'on lui parle; enfin et surtout, parce que le langage est la plus parfaite de toutes lesmanifestations d'ordre culturel qui forment, à un titre ou à l'autre, des systèmes, et si voulons comprendre ce quec'est que l'art, la religion, le droit, il faut les concevoir comme des codes formés par l'articulation de signes, sur lemodèle de la communication linguistique."L'art lui-même, précise l'éminent ethnologue, est un langage: "Le propre du langage, comme Ferdinand de Saussure l'a si fortement marqué, est d'être un système de signes sans rapports matériels avec ce qu'ils ont pour mission de signifier.

Si l'art était une imitation complète de l'objet, il n'aurait plus le caractère de signe.

Si bien quenous pouvons concevoir l'art comme un système significatif ou un ensemble de systèmes significatifs, mais quireste toujours à mi-chemin entre langage et l'objet." La pensée ne se réduit pas au langage: conception sartrienne.

Il n'y a pas lieu de contester la légitimité de la méthode linguistique qui pose comme postulat d'étudier lelangage comme une chose, comme une réalité qu'elle trouve toute faite, autrement dit comme un ensemble de. »

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