Le journaliste peut-il décider qu'un événement est historique ?
Publié le 04/03/2005
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Le journaliste connaît l'histoire A plus forte raison un et journaliste, habitué à suivre et à analyser l'actualité, est-il à même de distinguer, parmi les multiples événements qui se déroulent chaque jour dans le monde, ceux qui marqueront leur époque de ceux qui n'auront aucune conséquence et seront vite oubliés. Par la sélection même qu'il opère dans l'information, le journaliste démontre déjà sa conscience historique. Le journaliste met l'actualité en perspective Le bon journaliste ne fait pas simplement le récit de l'actualité. M'analyse et la met en perspective. Il lutte contre l'amnésie que provoque la succession discontinue et le trop-plein d'information. Pour expliquer l'actualité, il a besoin de bien connaître l'histoire, de faire des parallèles avec les événements passés. Il n'oublie jamais que les événements de l'actualité ont souvent des causes très anciennes. [Les journalistes n'ont pas assez de recul pour juger si un événement aura des conséquences historiques. Le journaliste n'a pas ce qui est indispensable à l'historien: le recul. Pris dans le tourbillon de l'actualité, il n'a pas assez de discernement pour reconnaître l'essentiel de l'accessoire.
- I) Le journaliste peut décider qu'un événement est historique.
a) Un événement historique est évident. b) Le journaliste connaît l'histoire. c) Le journaliste met l'actualité en perspective historique.
- II) Le journaliste ne peut pas décider qu'un événement est historique.
a) L'histoire a besoin de recul. b) L'urgence de l'actualité ne favorise pas la réflexion. c) Le journaliste fait l'événement.
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On pourrait dire la même chose de l'histoire (d'autant que la philosophie de Hegel est avant tout unephilosophie de l'histoire).
L'historien a besoin de recul pour dire si un événement est historique ou pas.En effet, pour Hegel, l a philosophie de l'histoire montre que "la Raison gouverne le monde, et par conséquent gouverne et a gouverné l'histoire universelle." Tout est subordonné à cette raison et lui sert d'instrument oude moyen.
Si les peuples et les individus recherchent d'abord leur bien propre dans leur incessante activité, ilssont — quoique à leur insu —, les instruments de la Raison.
De toutes les actions humaines, il résulte quelquechose d'autre que ce qu'ils ont conçu, projeté et accompli.
En réalisant leurs intérêts immédiats, ils serventles intérêts secrets de la Raison, dont on ne pourra connaître le dessein final qu'une fois accomplie.
L'Espritest un, mais se manifeste de multiples façons.
Un peuple, une époque, un temps, ne sont que des momentsdans la formation de l'esprit : "L'histoire universelle est la manifestation de la marche graduelle par laquellel'Esprit connaît et réalise sa vérité." L'histoire est l'histoire des étapes de la connaissance de l'Esprit qui, en semanifestant, prend conscience de lui-même.
Chaque peuple dans l'histoire incarne ainsi un principe de l'Esprit :les contradictions et les oppositions ne sont donc qu'apparentes et transitoires, car elles visent à des unitésplus hautes.
Chaque peuple à un moment donné, avec son éthique, sa constitution, son art, sa religion, sascience, est une configuration déterminée dans la marche graduelle de l'Esprit dont le destin est de franchirtous les degrés, jusqu'à atteindre une totale transparence à lui-même.
L'urgence ne favorise pas la réflexionLe journaliste couvre l'actualité.
Son rôle est de raconter, le plus précisément possible, et si possible en étantle premier, les événements importants de l'actualité.
Il travaille dans l'urgence, il n'a pas le temps de faire lesrecherches, les recoupements, les analyses que demande le travail de l'historien.
Il ne peut pas distinguer,dans ce qui se passe, l'essentiel de l'accessoire.L'actualité journalistique est pleine chaque jour de nouveautés ...
qui s'avéreront sans intérêt car sansconséquences.
Peut-être même s'agit-il de fausses nouveautés.
On les appelle "marronniers" dans le jargonjournalistique, quand elles reviennent chaque année.Tout changement, tout ce qui advient n'est pas pour autant évènement.
La saison venue, on ramasse les noixen Provence nous dit BRAUDEL, précisant qu'il ne s'agit pas d'un événement puisque siècle après siècle leshommes répètent ces mêmes gestes.D'où un premier critère : l'événement a lieu UNE FOIS.
CÉSAR ne franchit le RUBICON qu'une fois.Mais cette unicité n'épuise pas les caractéristiques de l'événement ou fait historique.
Il lui faut égalementrenvoyer à du CONTINGENT.
Comme il pouvait ne pas être, il n'y a pas en lui de nécessité qui nous auraitpermis de le prévoir, de le dessiner par avance grâce à notre science.Ce critère de la contingence doit lui même être complété par une nouvelle propriété : l'événement historiqueinaugure une nouvelle causalité ; il modifie l'avenir des hommes.
D'où un partage entre l'avant et l'après.Après la Révolution de 89, rien ne sera jamais plus comme avant en France.
Mais peut-on jamais dire "jamais"en histoire ? La royauté est certes historiquement dépassée, obsolète de manière définitive et pourtantl'Espagne proche l'a réinstaurée.Il faut donc se pencher plus avant sur l'événement historique puisque:- certains d'entre eux marquent des grands passages, l'avènement d'ères qui secondent la constitution del'homme comme être de l'histoire ;- et d'autres n'exhiberont leur importance que bien plus tard.Exemple : l'invention de la machine à vapeur s'avérera, à posteriori constituer un événement historique.Elle n'est pas vécue comme révolution par les gens de l'époque.
Le journaliste fait l'événementLe rôle du journaliste est de rapporter les événements.
Est événement tout ce qui constitue un changementou une nouveauté dans l'actualité.
Occupé à chasser l'information, le journaliste n'a donc pas le temps d'avoirune conscience historique.
Il veut du neuf, sans se soucier si ce dont il parle est futile ou comptera vraiment.
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Le journaliste ne peut pas, en principe, décider qu'un événement est historique, pour la bonne raison que, aumoment où il relate l'actualité, l'histoire est en train de se faire.
La série complexe de causes et d'effets dontl'événement fait partie n'est pas encore terminée.
Parce que le présent est encore en devenir, les historienss'accordent pour dire qu'il est impossible de faire l'histoire du présent, qu'il faut un recul suffisant pour avoirun tableau complet et fiable du contexte historique, disposer de tous les faits, avoir un regard objectif etdésengagé sur l'événement ou la période que l'on entend étudier.
L'on ne pourra pas dire dans quelle mesurela chute du mur de Berlin a été un événement historique tant que l'on n'aura pas mesuré toutes lesconséquences, toutes les transformations, bonnes ou mauvaises, auxquelles elle aura donné lieu.
Avec lerecul, elle pourrait apparaître comme un simple épiphénomène.Il est de vraies et de fausses révolutions.
C'est à l'historien mais aussi à "l'honnête homme" de savoir faire le.
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