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Le génie est-il maître de soi ?

Publié le 27/02/2008

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Causalité aveugle, puisque dépourvue de concept, il ignore les conditions de sa création. Mais sa fantaisie « court d'un bout de l'univers à l'autre pour rassembler les idées qui lui appartiennent ». Et ce qu'on appelle génie n'est, pour reprendre l'expression de l'éveilleur de Kant, Hume La faculté de représenter des Idées esthétiques est le génie. Mais le génie est lui-même un présent de la Nature : c'est donc la Nature qui se révèle dans et par l'art ; et elle ne se révèle jamais mieux que dans l'art, dans l'unicité des oeuvres du génie.     2) L'artiste n'est pas maître de lui.     La folie poétique, don des Muses, donne au poète une vision similaire à celle des dieux, qui le rend contemporain du passé qu'il évoque. Platon considère l'inspiration comme une possession divine (d'où les rapports établis entre poésie, divination, pratique d'initiations et amour) et elle sépare radicalement et absolument l'art et l'inspiration. C'est l'intervention de l'inspiration qui permet de distinguer entre les bons et les mauvais poètes, entre les bons et les mauvais interprètes : « La troisième forme de possession et de folie est celle qui vient des Muses. Lorsqu'elle saisit une âme tendre et vierge, qu'elle l'éveille et qu'elle la plonge dans une transe bacchique qui s'exprime sous forme d'odes et de poésies de toutes sortes, elle fait l'éducation de la postérité en glorifiant par milliers les exploits des anciens. Mais l'homme qui, sans avoir été saisi par cette folie dispensée par les Muses, arrive aux portes de la poésie avec la conviction que, en fin de compte, l'art suffira à faire de lui un poète, celui-là est un poète manqué ; de même, devant la poésie de ceux qui sont fous, s'efface la poésie de ceux qui sont dans leur bon sens » (Phèdre, 245a).

Penser que le génie n’est pas maître de lui, c’est imaginer qu’il est en proie à des puissances supérieures, qu’il est véritablement un oracle. Mais est-ce possible, sachant que le génie doit revenir un minimum conscient de ce qu’il fait s’il veut créer, s’il veut être reconnu pour son travail d’artiste et non être un simple pantin. Le génie n’est-il pas en vérité, juste une capacité de création plus élevée, un regard porté sur les choses plus lucide et plus pénétrant que le langage ordinaire, n’est-il pas maître plus que les autres de ses émotions ?

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