Le fou, le primitif, l'enfant: que nous apprennent-ils de l'homme ?
Publié le 13/02/2004
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Lorsque l’on dit de quelqu’un « il est fou «, ou encore « c’est un enfant « ou enfin « c’est un primitif « on semble avoir tout dit. On a, semble-t-il, expliqué son caractère anormal. C’est donc un jugement porté par celui qui se considère normal. Si effectivement ils apparaissent comme des figures de l’autre, ils semblent être en- deçà de l’humanité : l’enfant est un homme en puissance à réaliser par l’éducation, le fou est celui dont l’éducation à échouer et le primitif appartient à un peuple proche de l’origine de l’humanité. Que nous apprennent de l’homme l’enfant, le fou et le primitif ? En tant que figure du naturel par rapport à l’homme social nous apprennent-ils que l’homme est un être socialement conformé ? Mais ce ne sont pas que des figures du naturel ils sont également déterminés par des contraintes extérieures. L’homme serait-il au contraire une figure de l’autodétermination et un être critique ? Cependant, leur différence est-elle le fruit d’une évaluation sociale ? Dès lors ils ne nous apprendraient rien sur l’homme, mais bien sur la normativité des critères de différenciation.
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Rousseau pose un hypothétique état de nature comme ce qui permet decomprendre ce qu'est l'homme naturel.
( Discours sur les inégalités ) En ôtant à l'homme d'aujourd'hui tout ce qu'il a d'historique et de social on comprend cequ'est l'homme de la nature.
Dès lors le primitif est l'homme à l'état de natureavant qu'il ait été changé par la société et l'enfant celui qui est encoreinnocent.
Par opposition l'homme est une construction sociale, pervertie parla culture.
Il est alors très important de donner une éducation à la réflexion età la pitié ( L'Emile ).
L'homme perverti par la société n'en est pas moins un homme plus qu'un « animal stupide et borné » ( Contrat Social ).
Si l'homme a une bonne éducation il peut être intelligent et bon.
II- Nous apprennent-ils que l'homme est un être libre et moralementbien conformé ?
L'enfant et le fou sont déterminés par leurs désirs et leurs pulsions, de mêmeque le primitif.
Ils sont donc déterminés par des causes extérieures, descontraintes.
L'hétéronomie des phénomènes fait d'eux des choses parmi leschoses.
Par opposition l'homme serait l'être qui est déterminé par une causeinterne à savoir la liberté.
Pour Kant, être homme c'est être moral.
(§83 Critique de la faculté de juger ). L'homme est celui qui s'est libéré des désirs et du monde des phénomènes.
Sa volonté seule est la cause de ses actions.
Il n'en reste pas moins soumis à la causalité des phénomènes.
Agit doncen lui une double causalité.
L'homme par opposition à l'enfant au fou et au sauvage est un être libre.
Le principe de la moralité réside dans l'autonomie, soit la faculté de sedéterminer soi-même de par une législation rationnelle.
L'homme est lié à sondevoir par une loi qui ne lui est pas extérieure.
Aucun intérêt ne vient leforcer à faire son devoir, aucune force étrangère à sa propre volonté ne vientle contraindre.Si le devoir procédait d'une contrainte, l'homme ne serait pas libre maishétéronome, c'est-à-dire sous la dépendance d'une loi qui ne procède pas delui-même.
Le devoir ne se définit que par l'autonomie de la volonté.
Être libreet moral, c'est agir conformément à sa propre volonté législatrice universelle.Cette loi du devoir, bien qu'en nous, vise l'universalité.
Le principe suprême dudevoir est inconditionné et absolu.
La volonté n'y est pas intéressée, et ellen'est pas non plus motivée par la crainte d'un châtiment ou d'une sanction s'ily a désobéissance.
Dans l'accomplissement du devoir, la volonté est fondéesur un principe d'autonomie : "L'autonomie de la volonté est cette propriétéqu'a la volonté d'être à elle-même sa loi (indépendamment de toute propriétédes objets du vouloir).
Le principe de l'autonomie est donc : de choisir detelle sorte que les maximes de notre choix soient comprises en même tempscomme lois universelles dans ce même acte de vouloir."
III- Le fou, le primitif et l'enfant sont ils les fruits d'une évaluationsociale ?
C'est bien un jugement qui est à la base de cet différence entre humanité et ceux qui sont en deçà de celle- ci.Quels sont les critères de cette évaluation ? Juger quelque chose anormal revient à considérer un écart par rapportà une norme.
La norme est l'exclusivité d'une majorité.
La plus grande partie de l'humanité est saine, développé etéduqué.
Dès lors ceux qui échappent à ces critères culturels sont considérés comme des sous- hommes, comme nefaisant pas parti de l'humanité.
Montaigne dans ses essais montre que la rencontre de l'autre (les indiens d'Amériques) porte une interrogation sur soi.
L'homme a besoin de figures étrangères pour se définir négativement.
L'enfant, le fou, le primitif ont unefonction de définition pour les hommes dans la mesure où ils sont des écarts par rapports à la norme.
Conclusion
Si l'enfant, le fou et le sauvage sont des figures du naturel par opposition à l'homme qui est une constructionculturelle, l'homme moral en tant qu'homme libre et raisonnable cherche à se définir par opposition.
Ces figures sontdes constructions fonctionnelles nécessaires à l'homme pour se définir.
Le philosophe ne doit-il pas, cependant, adopter la démarche inverse et tenter avec l'anthropologue Philippe Descolade « fonder la connaissance de l'autre sur le dévoilement de ses propres illusions » ?.
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