Le fait de parler la même langue institue-t-il entre les hommes des liens privilégiés ?
Publié le 09/06/2013
Extrait du document
Notons très brièvement que cette question nous a permis de
confronter deux approches différentes qui éclairent chacune la manière
de considérer la langue d'un peuple, à la fois réalité culturelle et réalité
sociale. C'est en effet la langue qui permet sans doute de cristalliser le
plus fortement les identités collectives, mais elle aussi qui se révèle être
l'outil le plus sûr de la distinction sociale.
«
intraduisibles ? Autant de questions qui ne se posent pas dans une même
communauté linguistique, ce en quoi l'on peut voir sans doute l'un des
rapports les plus étroits entre les hommes qui la composent : cette
familiarité partagée et native avec un univers indissociablement de
pensée et de langue, bref, avec une culture.
L'apprentissage même réussi
d'une langue étrangère, dans une optique fonctionnelle, parviendra bien
à ce que l'apprenant se fasse comprendre d'un autre peuple, mais ja mais
il n'aura avec elle cette familiarité que l'on a seulement avec sa langue, et
tout aussi bien, sa culture maternelles.
Par où l'on voit bien que la langue
ne peut pas seulement se définir par son aspect utilitaire, par le fait
qu'elle serve à communiq uer.
Dans ce qui précède, on a surtout envisagé les peuples comme des
réalités spirituelles, dotées d'une culture, d'une religion, d'une langue
commune.
Ce faisant, on les a envisagés comme des communautés.
Il ne
s'agit pas de nier cette dimension spiritue lle, qu'un philosophe comme
Hegel (1770 -1831) a bien mise en évidence, au point que selon lui, chaque
peuple peut être défini par une spiritualité propre (ce qu'il appelait, en
allemand, Volksgeist).
Cela dit, on ne saurait ignorer une autre approche,
cell e qui consiste à envisager un peuple dans ses aspects sociaux.
Contrairement à la première, que l'on peut qualifier de culturaliste ou
philosophique, cette dernière est celle des sociologues.
Or, les principes
organisateurs d'une société sont différents de ceux d'une communauté.
Celle -ci se constitue autour de choses communes.
Les sociologues ont au
contraire tendance à considérer une société comme un système de
différences.
D'une démarche à l'autre, la langue que les hommes parlent
au sein d'un peuple ne s era pas analysée de la même manière.
II.
La langue comme fait social.
Les linguistes, depuis Saussure (1857 -1913), ont l'habitude de
distinguer le langage (capacité humaine naturelle) de la langue (réalité
sociale particulière).
D'un autre côté, les socio logues ont mis en évidence
que les diversités sociales n'étaient pas accidentelles, mais structurelles.
C'est ainsi qu'un sociologue contemporain comme Pierre Bourdieu voit
dans la différence, ou ce qu'il appelle la distinction, le principe constitutif
d'u ne société.
De ce point de vue, l'idée de langue commune éclate
complètement.
Le sociologue est bien plus sensible, lui, aux différents
niveaux de langue qui existent dans une société, et qui reçoivent sur le «
marché linguistique » (selon l'expression de Bourdieu) des valeurs
respectives différentes.
L'idée de liens privilégiés cède alors le pas à l'idée
inverse selon laquelle la langue est un des facteurs sociaux autour
desquels se nouent des rapports de domination.
Ce que montre encore l'analyse de Bourd ieu, notamment dans son
ouvrage Ce que parler veut dire , c'est que ces rapports de domination se
renforcent et s'étendent lorsque la langue s'unifie au terme d'un
processus historique.
Ainsi, plus un peuple est en situation de devoir.
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