Le droit a la différence est-il sans limite ?
Publié le 29/10/2005
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HEGEL, Propédeutique philosophique .
« L'état de nature est l'état de rudesse, de violence et d'injustice.
Il faut que les hommes sortent de cet état pour constituer une société qui soit État, carc'est là seulement que la relation de droit possède une effective réalité.
On décrit souvent l'état de nature comme un état parfait de l'homme, en ce qui concerne tant le bonheur que la bonté morale.
Il faut d'abord noter quel'innocence est dépourvue, comme telle, de toute valeur morale, dans la mesure où elle est ignorance du mal et tient à l'absence des besoins d'où putnaître la méchanceté.
D'autre part, cet état est bien plutôt celui où règnentla violence et l' injustice , précisément parce que les hommes ne s'y considèrent que du seul point de vue de la nature.
Or, de ce point de vue-là,ils sont inégaux tout à la fois quant aux forces du corps et quant aux dispositions de l'esprit, et c'est par la violence et la ruse qu'ils font valoir l'uncontre l'autre leur différence.
Sans doute la raison appartient aussi à l'état denature, mais c'est l'élément naturel qui a en lui prééminence.
Il est doncindispensable que les hommes échappent à cet état pour accéder à un autreétat, où prédomine le vouloir raisonnable.
»
Hegel note que du point de vue de la nature, il y a des différences entre leshommes.
Le problème est que les hommes n'ont pas d'autres recours, dans l'état naturel, que la force, la ruse ou la violence pour faire valoir ces différences.
On peut développer l'idée que le droit à la différence doit être fondé sur l'égalité entre les individus.
La différence n'est pas l'inégalité – c'est l'idée principale de cette première partie.
Au contraire : c'est sur unprincipe d'égalité entre les hommes que repose le droit à la différence.
Et l'égalité entre les hommes ne peut êtregarantie que par le droit positif.
Sans l'intervention du droit positif, qui met à égalité tous ceux à qui il s'applique (les hommes naissent « libres etégaux en droit ») il n'y a pas de droit à la différence, mais il y a l'injustice du règne des différences.
TRANSITION : le droit à la différence, en tant que droit positif, consiste à considérer les différences entre les individus de manière égale.
Mettre à égalité les individus, c'est donc en même temps leur permettre d'être différentsles uns des autres.
Le droit à la différence, c'est la protection par le droit positif de l'expression de mes différences.
Un tel droit peut-il alors être limité ? Le respect des différences n'est-il pas une obligation morale ?
Deuxième partie : Les injustices de la limitation du droit à la différence.
Avec le droit, l'égalité peut intégrer la différence.
L'expression de sa différence est l'expression de sa liberté.
Ainsi, en limitant le droit à la différence, ne limite-t-on pas la liberté ?
Il est intéressant de s'interroger sur la déclaration des droits de l'homme pour se pencher sur cette question.
On peut par exemple articuler l'article premier à l'article 10.
Le droit à la différence peut ainsi être représenté dans l'article 10 : « Nul ne doit être inquiété pour ses opinions ».
Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen 26 août 1789 :
Article premier - Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits.
Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l'utilité commune.
Article 2 - Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l'homme.
Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté et la résistance à l'oppression.
Article 4 - La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l'exercice des droits naturels de chaque homme n'a de bornes que celles qui assurent aux autres membres de la société la jouissance de cesmêmes droits.
Ces bornes ne peuvent être déterminées que par la loi.
Article 9 - Tout homme étant présumé innocent jusqu'à ce qu'il ait été déclaré coupable, s'il est jugé indispensable de l'arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire pour s'assurer de sa personne doit être sévèrement répriméepar la loi.
Article 10 - Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, mêmes religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi..
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