Le doute est-il un échec de la raison ?
Publié le 07/04/2005
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Ainsi le doute qui faisait accéder à la philosophie en ferait aussi sortir, non pour revenir aux opinions pré-philosophiques, mais pour s'engager sur un plan présenté comme supérieur à la philosophie. Ces différentes formes de doute, par des voies différentes, conduisent toutes à mettre en cause la valeur de la rationalité philosophique, dans la mesure où elles en soulignent les limites, les dangers ou l'insuffisance. Mais le doute, analysé de façon différente, peut avoir une portée philosophique tout autre. Pour obtenir la suite et la fin de ce devoir
- CITATIONS:
« Douter, c'est examiner, c'est démonter et remonter les idées comme des rouages, sans prévention et sans précipitation, contre la puissance de croire qui est formidable en chacun de nous. « Alain, Propos du 8 juin 1912.
Socrate: « Je suis plus sage que cet homme-là. Il se peut qu'aucun de nous deux ne sache rien de beau ni de bon; mais lui croit savoir quelque chose, alors qu'il ne sait rien, tandis que moi, si je ne sais pas, je ne crois pas non plus savoir. « Platon, Apologie de Socrate, ive s. av. J.
Tout être humain à la Raison, et chacun de nous a déjà dû faire face au doute. Pourtant, il faut se demander si à chaque fois que l'on a douté, cela nous a conduit automatiquement à l'échec. Le doute représente l'hésitation, la confusion, quand on ne sait pas, c'est la suspension du jugement. De là il existe deux analyses du doute. Le doute des sceptiques, et le doute méthodique. L'échec ici conduit à une remise en question, mais un échec n'est pas nécessairement définitif. Il est définitif pour les sceptiques. L'ensemble de ces réflexions nous amène à poser une problématique qui est la suivante : "Le doute empêche t-il la raison de se développé? " Dans un premier temps pour répondre à cette question nous évoquerons la thèse des sceptiques qui conduit à dire que le doute est un échec de la raison. Puis en deuxième temps, avec l'exemple de Kant nous développerons l'idée que le doute n'est pas un échec de la raison . Et en troisième temps, au delà de cette opposition nous montrerons que le doute est formateur de la pensée.
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expéditions.
Montaigne avait visité l'Allemagne, l'Italie, mais avait surtout dans sa « librairie » voyagé parmi des systèmes philosophiques innombrables et tous différents.
Pascal reprend les thèmes de Pyrrhon et de Montaigne : « Vérité en deçà des Pyrénées, erreur au-delà. »
(b) La régression à l'infini.
Une vérité ne peut pas être acceptée sans preuves comme telle car il n'existe pas un signe du vrai « comparable à la marque imprimée sur le corps des esclaves et qui permet de les reconnaître quand ils sont en fuite. » Mais si je propose une preuve pour une affirmation, le sceptique me dira « Prouve ta preuve ».
ainsi la preuve qu'on apportepour garantir l'affirmation a besoin d'une autre preuve et celle-ci d'une autre à l'infini.
Pour connaître la moindre chose je suis d'autre part contraint de remonter à l'infini, c'est-à-dire de mettre ce donnéen rapport avec une infinité d'autres faits.
Car chaque chose est relative à toutes les autres et pour connaître lemoindre objet il faudrait connaître son rapport avec tout l'univers.
Nous ne connaissons le tout de rien, ce quirevient à ne connaître rien du tout.
(c) La nécessité d'accepter des postulats invérifiables.
Ne pouvant remonter de preuve en preuve à l'infini, l'esprit accepte toujours sans démonstration un point de départqui est une simple supposition et dont la vérité n'est pas garantie.
(d) Le diallèle (les uns par les autres).
Il n'est pas possible de raisonner en évitant les « cercles vicieux ».
Ainsi, je démontre que a est vrai en supposant b est vrai et je démontre que b est vrai en supposant que a est vrai.
Je commets un cercle vicieux en démontrant lesunes par les autres des propositions dont aucune n'est fondée a priori.
Le cercle vicieux par excellence est celle-ci :pour prouver la valeur de ma raison, il faut que je raisonne, donc précisément que je me serve de cette raison dontla valeur est en question ! Nous voilà, comme dit Montaigne , « au rouet ».
(e) Toute opinion est relative.
« L'homme est la mesure de toute choses » formule qu' Anatole France interprétait ainsi : « L'homme ne connaîtra de l'univers que ce qui s'humanisera pour entrer en lui, il ne connaîtra jamais que l'humanité des choses. » Toute affirmation sur l'univers est relative à celui qui affirme.
Socrate résume la thèse de Protagoras : « N'arrive-t-il pas parfois qu'au souffle du même vent l'un de nous frissonne et non l'autre ? Or que dirons-nous alors de ce souffle devent envisagé tout seul et par rapport à lui-même ? Qu'il est froid ou qu'il n'est pas froid ? Ou bien en croirons-nousProtagoras : qu'il est froid pour qui frisonne et ne l'est pas pour qui ne frisonne pas ? » (« Théétète », 152b). L'affirmation sur un même objet diffère non seulement d'un individu à un autre mais chez le même individu selon lesmoments (le monde ne m'apparaît pas de la même façon quand je suis gai ou triste) et même selon les perspectivesd'observation (une tour vue carrée de près paraît ronde de loin).
Pour les sceptiques il n'y a pas de véritésobjectives mais seulement des opinions subjectives toutes différentes.
Le sophiste Protagoras , écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ».
Selon Protagoras , « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sensindividuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » ( Aristote , « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon , « Théétète », 152,a).
Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinionsindividuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » ( Aristote ).
C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».
Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.
En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un telprincipe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il étaitsensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration detoute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».
C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme.
Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».
Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.
Or,précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.
Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.
Le négateur du principe de contradiction semble parler,.
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